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par la confession de votre péché. Audis cui placeas, et quomodo placeas.' Par conséquent, si vous aimez votre âme, si vous voulez la rendre pure et agréable aux yeux de Dieu, faites-vous de la confession un exercice fréquent et ordinaire. Ama confessionem, si affectas decorem.

Ah! Chrétiens, si vous aviez autant de passion pour plaire à Dieu que vous en avez pour plaire à de foibles créatures; et vous, femmes du monde, si vous faisiez autant d'état de cette grâce intérieure, qui doit être le plus bel ornement de vos âmes, que vous en faites de cette grâce extérieure du corps, dont vous êtes si idolâtres, et qui devient le scandale du prochain, avec quelle assiduité et quelle ferveur vous verroit-on fréquenter le tribunal de la pénitence! Faudroit-il employer tant de sollicitations pour vous y attirer? Dès que vous vous sentez coupables devant Dieu, pourriezvous demeurer un jour dans cette disposition criminelle? Surtout y pourriez-vous demeurer, comme il n'arrive que trop, les années entières ? N'iriezvous pas chercher le remède pour vous guérir de cette lèpre qui vous défigure ? N'iriez-vous pas à la sainte piscine, vous laver et vous purifier ? Quoi qu'il en soit, nous avons vu comment, par rapport au passé, la confession efface le péché commis; et nous allons voir comment, par rapport à Aug. - Idem.

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l'avenir, elle nous préserve des rechutes dans le péché. C'est la seconde partie.

DEUXIÈME PARTIE.

QUOIQUE, dans la doctrine des Pères, la justification d'un pécheur soit le plus grand de tous les ouvrages de Dieu, et que cet ouvrage coûte plus à Dieu que la résurrection des morts et la création de tout un monde, on peut dire néanmoins, et il est vrai, que ce seroit peu pour un pécheur d'être justifié par la grâce de la pénitence s'il n'avoit pas de quoi se maintenir dans cette grâce, et s'il manquoit des moyens nécessaires pour se garantir des rechutes dans le péché. Car, comme dit saint Jérôme, être guéri pour retomber dans une plus griève maladie, et ressusciter pour mourir d'une mort encore plus funeste, c'est plutôt une punition et un malheur qu'une grâce et un bienfait. De là je juge, et vous devez juger avec moi, quelle est l'excellence de la confession, et quels avantages nous en retirons, puisqu'en même temps qu'elle nous réconcilie avec Dieu, elle nous fixe, autant qu'il est possible et que notre foiblesse le permet, dans ce bienheureux état de réconciliation, nous tenant lieu du plus puissant préservatif que la religion nous fournisse contre le péché. En voici la preuve. Je considère la confession, ou, pour mieux dire, le

sacrement de pénitence, selon trois rapports qu'il a et qui lui sont essentiels. Le premier à Dieu, ou plutôt à Jésus-Christ, qui en est l'auteur; le second au prêtre, qui en est le ministre ; et le troisième à nous-mêmes, qui en sommes les sujets. Or, dans ces trois rapports je trouve ma seconde proposition si bien établie, qu'il m'est évident qu'un chrétien oublie tout le soin de son âme quand il néglige l'usage de ce sacrement.

Car, qu'est-ce que la confession selon le premier rapport qu'elle a avec Jésus-Christ? C'est une de ces sources divines, dont parle le prophète, que le Sauveur en mourant fit couler de son sacré côté, et où les fidèles peuvent puiser à toute heure les eaux de sa grâce, c'est-à-dire certains secours particuliers que chacune de ces sources leur communique abondamment, lorsqu'ils se mettent en disposition de les recevoir. Ainsi doit s'entendre la prédiction d'Isaïe, même dans le sens littéral : Haurietis aquas in gaudio de fontibus Salvatoris.' Mais quelle différence y a-t-il entre ces grâces de la confession sacramentelle et celles des autres sacremens? La voici : c'est que les grâces de la confession sacramentelle sont spécialement des grâces de défense, des grâces de soutien, des grâces que Dieu nous donne pour combattre le péché, pour tenir ferme dans la tentation, pour ne plus succomber

Isai. 12.

sous le poids de la fragilité humaine, en un mot pour persévérer dans les résolutions que la pénitence nous a inspirées. Telle est la fin principale de ce sacrement. Or, vous savez que les grâces d'un sacrement ont une subordination et une liaison nécessaire avec sa fin. Quiconque vient au saint tribunal et y apporte les dispositions convenables at-il droit à ces sortes de grâces? oui, Chrétiens, et ce droit est fondé sur le pacte que le Fils de Dieu en a fait avec son Père. C'est ce que toute la théologie nous enseigne. Tellement qu'un pécheur, après avoir confessé son péché, peut sans présomption exiger de Dieu non-seulement des grâces communes et générales pour ne le plus commettre, mais des grâces de réserve et de choix qui sont les grâces propres du sacrement; et Dieu ne pourroit sans injustice les lui refuser. Je dis sans injustice envers son Fils qui les méritées, et non envers l'homme qui les reçoit. Hors de la confession, Dieu donne-t-il ces sortes de grâces? et Jésus-Christ nous les a-t-il promises ailleurs que dans ce sacrement? non, mes Frères: il veut que nous les allions puiser dans la source publique: Haurietis de fontibus Salvatoris. Et en cela il ne nous fait nul tort car c'est à nous d'accepter ces grâces de la manière qu'il lui plaît de les dispenser, et c'est à nous de les chercher et de les prendre où il les a mises. Or, il a renfermé celles-ci, qui nous forti

fient contre les rechutes, dans le sacrement de pénitence. C'est donc à ce sacrement et à la confession

que nous devons avoir recours pour les obtenir. De là quelles conséquences? Ah! mes chers Auditeurs, il est aisé de les tirer, et encore plus important de les méditer. Il s'ensuit de là qu'un chrétien qui quitte l'usage de la confession renonce aux grâces du salut les plus essentielles, qui sont les grâces de précaution contre le péché, et que quand ensuite il se laisse emporter au torrent du siècle, aux désirs de la chair, aux désordres d'une vie libertine et déréglée, il est doublement coupable devant Dieu : pourquoi ? parce que Dieu lui peut faire ce double reproche : Tu as commis tout cela; et, par un surcroît de crime et d'infidélité, tu n'as pas voulu te servir du moyen que je te présentois pour te préserver de tout cela, qui étoit de purifier souvent ton âme par la fréquente confession. Il s'ensuit de là que dans l'ordre que JésusChrist a établi pour le partage des grâces qu'il distribue à son Église en qualité de chef et de souverain pontife, plus l'homme chrétien s'éloigne de la confession, plus il devient foible pour vaincre le péché, et qu'au contraire plus il en approche, plus il devient fort, parce qu'il reçoit plus ou moins de ces secours que Jésus-Christ y a attachés, et que le moyen le plus infaillible pour se soutenir au milieu du monde et contre ses attaques, est d'aller de

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