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couvrent la tête avec leur Bonnet, ou Birret, ou Aumusse allongée et descendant sur les oreilles: Pileo, vel birreto, vel armutid oblonga ad aures (1). L'ancienne Tonsure consistait à raser toute la tête, et à ne laisser dans la partie inférieure qu'un cercle de cheveux, formant une couronne; et dès lors il y avait nécessité d'avoir un Bonnet pour se couvrir, même pendant l'Office divin qui durait pendant plusieurs heures, et qui se disait dans la nuit ou de trèsgrand matin. Ce Bonnet fut appelé Birretum, et il était fait en forme de grande calotte, enveloppant tout le crâne de la tête; plus tard on en releva l'étoffe, et l'on y adapta des oreilles ou cornes en carton, pour le mettre ou le lever plus commodément. Birretum, selon Du Cange dans son Glossaire, vient du mot latin Birrus, qui veut dire habit ou tunique, pour couvrir tout le corps; on appela Birretum, la calotte, destinée à couvrir la tête (2).

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L'usage du bonnet, à la place du chaperon, commença dans le xiv. ou xve siècle, et les Evêques l'adoptèrent comme faisant partie du costume Ecclésiastique; on lui donna aussi le nom de Chapeau Capellus. L'étymologie de ce mot est cappa, l'habit dont on cou. vrait le corps; on appelait Capellus, celui qui était destiné à la tête. Le Concile de Palencia, de l'an 1322, dit que les Evêques en voyage doivent porter des cappes et des chapeaux, cappas et capellos (3) Le chaperon était aussi devenu un objet de vanité; on y adaptait des cornettes, qui donnaient plus de facilité pour le lever ou le mettre, mais que l'on prolongeait outre-mesure on y mettait aussi des boutons ou globules pour servir d'ornement. Le Concile de Paris, de l'an 1365, les défendit: Nec deferant capucia cum longuâ cornetâ, sed brevi et honesta, et botonibus in capuciis non utantur: cette prohibition est sous peine de privation des fruits du Bénéfice (4). Le chaperon en étoffe était déjà converti en bonnet ou chapeau, fait en carton ou autre matière, ayant une certaine raideur.

(1) Concil. Labb., tom. xi, part. 2. Conc. Raven. Rubr. 10, pag. 1611. (2) L'habit appelé Birrus, était aussi en usage chez les Grecs, et ils l'appelaient Βῆρος que les Grecs modernes prononcent Βιρος.

(3) Concil. Labb., tom. xi, part. 2, Conc, Palenc., n. 6, pag. 1686.

(4) Concil. Labb., tom. xi, part. 2, Conc. Paris, cap. 12, pag. 1945.

Il était devenu le couvre-chef, sans lequel il n'était pas permis aux Ecclésiastiques de paraître en public, selon le Concile de Saltzbourg, de l'an 1386: sine capucio capitis, bireto, capello, vel pileo cooperto (1). Les Chanoines furent des premiers à porter des bonnets carrés, formés par le moyen de quatre oreilles ou cornes. C'est ce qui donna occasion à Wiclef de mieux exprimer sa haine contre eux, en les appelant, Canonici bifurcati(2). Quoique le Birret fut devenu le couvre-chef, les Ecclésiastiques conservaient cependant dans leur costume le chaperon; mais ils le portaient abattu sur les épaules, lorsqu'ils paraissaient en public, selon le Concile de Frisingue de l'an 1444 Birretum capiti superpositum cum caputio humeris imposito (3). Le chaperon ainsi rejeté sur les épaules, devint un signe de distinction; ceux des Prélats et des Gradués d'Université étaient fourrés ou doublés, ou avec d'autres ornements. Une constitution de l'Archevêque de Cantorbéry, de l'an 1464, défendit aux Ecclésiastiques qui n'étaient pas dans les Dignités ou dans les Grades, de le porter de cette manière: More Prælatorum et Graduatorum (4). Le Concile de Narbonne, de l'an 1551, déclare que les Clercs et surtout les Curés, ne devaient pas sortir de leur maison sans être revêtu de leur habit de dessus, et avoir le bonnet rond, Pileo rotundo (5). Le bonnet Ecclésiastique était aussi à l'usage des Magistrats, des Juges, des Avocats, et autres gens du Barreau. Nous en avons la preuve dans l'Histoire de la ville de Nimes; lorsque les Prédicants, venus de Genève, eurent inspiré aux habitants de cette ville la haine de la Religion catholique et du Clergé, les Avocats et les Juges, qui s'étaient laissé séduire par l'hérésie, quittèrent les bonnets carrés, parce qu'ils leur étaient communs avec les Ecclésiastiques, et ils ne portaient plus que des bonnets à rebras, ou replis (6); leur Consistoire décida que cela n'en valait pas

(1) Conc. Lahb. tom. x1 Conc. Saltzb., cap. 12, pag. 2063.

(2) Conc. Labb., tom. xi, part. 2, Conc. Lond., art. damn. 10, pag. 2081. (3) Ibid., Conc. Frising., cap. 4, pag. 1285.

(4) Concil. Labb., tom. xi, Const. contra vestit. cler., pag. 1421.

(5) Conc. Labb., tom. xv, can. 15, pag. 13.

(6) Hist. de Nimes par Mén., tom. iv, n. 41, pag. 310, et Preuv., pag. 4 et 6, Ed. Paris 1753.

la peine. Dans le xvre siècle, l'usage s'établit parmi les hommes du monde de porter un bonnet d'une forme particulière, appelé Galerus; les Evêques s'empressèrent de le prohiber. Dans le Concile de Rouen, de l'an 1581, il est prescrit aux Ecclésiastiques de ne pas porter dans l'Eglise des bonnets Galeros, mais seulement ceux qui étaient destinés aux Prêtres: Sacerdotales pileos (1). Le couvrechef, Galerus, vient du mot latin Galea, casque; primitivement c'était un bonnet fait de peau de bète, à l'usage des bergers; dans la suite il devint une coiffure honorifique(2). Le Concile de Reims, de l'an 1584, défendit aussi aux Ecclésiastiques de se servir dans l'Eglise de cette coiffure, Galero, et il ne la permit, même dans les places et voies publiques, que pour se préserver de l'intempérie de l'air (3). Le Concile de Bourges, de l'an 1583, leur ordonne de porter toujours dans l'Eglise, comme hors de l'Eglise le bonnet carré ou birret, Pileum quadratum sive birretum, si l'intempérie du temps ne les oblige de faire autrement (4). Selon ce Concile, le Birret et le Bonnet étaient la même chose, tandis que dans le 1 Concile de Milan, sous S. Charles, il est prescrit de se servir au chœur, du Birret Ecclésiastique, et non pas du Bonnet, clericali birreto, non pileo utantur (5). Ce birret clérical devait étre celui qui est indiqué par le Concile d'Aix, de l'an 1585: « Que les Ecclésiastiques, est-il dit, ne portent pas de bonnets, Pileis, si ce n'est pour cause de maladie; dans ce cas, ils doivent être simples, et non point en étoffe de soie et en forme de turban; et lorsqu'ils entrent dans l'Eglise et dans un édifice public, ils doivent le quitter. Mais qu'ils portent toujours le Birret en forme de croix, comme le requiert la décence ecclésiastique: Birretum semper gerant in crucis modum consuetum » (6). Cette croix était sans doute la partie saillante du haut du birret, formant par sa division quatre angles droits. Mais

(1) Conc. Labb., tom. xv, Conc. Rothomag. de curat. et Alior., offic. n. 9, pag. 845.

(2) Voy. le Dict., par Du Cange, art. Galerus.

(3) Ibid., pag. 902.

(4) Ibid., can. 5, pag. 1094.

(5) Concil. Labb., tom. xv, Conc. Med. 1, pag. 297.

(6) Ibid., Conc. Aquen., pag. 1147.

les Professeurs des Universités ne voulurent pas, que leurs Ecoliers portassent un Birret semblable au leur, et ils prescrivirent que la partie saillante ne formerait que deux angles. Le Birret était la coiffure habituelle des Ecclésiastiques, selon le Concile de Toulouse: << Que les Ecclésiastiques, est-il dit, ne soient jamais vus dans l'Eglise ou par la ville, sans le bonnet carré, quadrato birreto, sauf qu'ils en soient empêchés par la rigueur du froid, ou la trop grande chaleur de l'été, ou un temps pluvieux » (1). Le bonnet carré était donc le couvre-chef ordinaire des Ecclésiastiques, même hors de l'Eglise. Dans les grandes chaleurs et les jours de pluie, ils se servaient sans doute d'une autre coiffure; peut-être était-ce du Galerus, dont nous avons parlé. Cependant, on crut qu'il était plus convenable de réserver le bonnet carré pour le Lieu Saint et les cérémonies religieuses, et d'adopter pour la vie civile le chapeau à trois cornes ou à la Henri IV, alors en usage à tous les hommes du monde. Plus tard ceux-ci le quittèrent pour prendre le chapeau rond, d'origine anglaise : les Ecclésiastiques continuèrent de se servir de l'ancien chapeau triangulaire, en le modifiant un peu. Nous n'avons trouvé nulle part que le chapeau à forme basse, et à grands rebords, fut autrefois en usage pour les Prêtres; il fut adopté seulement par les Cardinaux et les Evêques. Dans le XIIIe siècle, le Pape Innocent IV, donna aux Cardinaux le chapeau rouge, ayant cette forme. Plus tard, les Evêques en adoptèrent un semblable de couleur verte; mais le chapeau vert est resté dans le domaine du Blason (2). Le Birret et le Chapeau étaient primitivement communs aux Chanoines et aux Magistrats; lorsque ceux-ci avaient leur bonnet en velours et galonné, on lui donnait le nom de Mortier, de là l'expression de Président à Mortier; lorsqu'il était en étoffe, il conservait simplement le nom de Bonnet. Pour ce qui concerne le Chaperon ou l'Aumusse, les Magistrats et les hommes de Loi le placèrent dans la suite sur l'épaule gauche; les Chanoines le descendirent sur le bras; les Facultés des

(1) Ibid. n. 6, pag. 1388.

(2) Les Armoiries épiscopales ont le chapeau vert au-dessus, avec quatre rangs de houppes, qui font le nombre de dix, savoir, 1, 2, 3, 4; tandis que les Archevêques en ont quinze.

sciences ont conservé aussi le Chaperon ou Aumusse; les Docteurs et Bacheliers le portent sur le bras, ayant une forme et une couleur différentes, indiquant les distinctions de leurs grades.

3° La chaussure des Ecclésiastiques fut également réglée et déter- Chaussure. minée, au moins pour les fonctions sacrées; on lui donnait le nom de Sandalium. Amalaire en fait la description, et nous voyons que les sandales étaient comme des souliers, à l'usage de tous les Clercs, mais d'une forme différente, selon l'Ordre qu'ils avaient recu. Les sandales des Evêques sculement avaient une ligature au-dessus du pied, que n'avaient pas celles des Ordres inférieurs (1). Dans la suite, des Ecclésiastiques avaient cru pouvoir adopter d'autres chaussures; le Concile de Londres, de l'an 1102, ordonna de conserver les anciennes, comme elles avaient été prescrites: Sint calceamenta ordinata (2). C'était sans doute ces espèces de souliers pointus et recourbés, en usage alors aux personnes en Dignité, et auxquels on donnait le nom de sotulares rostrati; le Cardinal Galon, Légat du Pape en France, défendit aux Ecclésiastiques de s'en servir (3). Il y .avait aussi des chaussures appelées sotulares consutitii, parce qu'elles étaient cousues et arrangées avec des pièces différentes, propres à flatter la vanité; il y en avait pareillement qui étaient liées par des attaches servant d'ornements, et qui les faisaient appeler cordelati; le Synode de Nimes de 1284 défend les unes et les autres : Sotularibus rostratis vel cordelatis non utantur (4). Plus tard, la vanité des personnes du monde se prononça d'une autre manière, et la mode était de porter des chaussures de couleurs différentes ; des Clercs crurent pouvoir les adopter; les Conciles intervinrent pour les leur prohiber: Caligis rubeis, viridibus, scatatis, croceis, seu albis non ulantur, sed caligis nigris (5). Les Statuts du Chapitre de Lyon de la même époque font la même défense aux Chanoines (6). Les chaussures pointues, dont nous avons parlé, sont

(1) Patrol. tom. cv, Amal. de Off. eccl. cap. 25, pag. 1100. (2) Conc. Labb. tom. x, Conc. Lond. can. 10, pag. 729.

(3) Ibid. tom. xi, Galo. Const. n. 3, pag. 33.

(4) Ibtd. Syn. Nem. de vit. Cler. pag. 1215.

(5) Ibid., part. 2, Conc. Senon. locus 4, pag. 1681. (6) Patrol. tom. cxcix, pag. 1102.

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