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qu'il est aussi de chair; ses jours seront de cent vingt

ans. >>

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«En ces jours étaient encore sur la terre des hommes dégradés', même après que les fils d'Elohim furent venus vers les filles de l'homme et qu'elles eurent enfanté pour eux; c'étaient les forts3, de toute éternité", hommes de nom 5. »

précède et surtout de tout ce qui suit, puisqu'il est question plus loin de longévité beaucoup plus grande. Il nous paraît de toute évidence que ce fragment appartient à un ordre d'idées différent de ceux au milieu desquels il est enchâssé. C'est toujours l'idée de chute et d'immortalité retirée à l'homme; mais c'en est une variante très-nette. Nous l'avons, en cette considération, traduit nous-même avec soin.

1.

les Néphilim. On traduit ordinairement par le mot « Géants,» sans doute à cause de l'idée de force exprimée plus loin, et pour se mettre d'accord avec d'autres traditions. On peut conserver cette dénomination , pourvu toutefois qu'on ait soin d'observer qu'au mot néphilim est attaché, non l'idée de grandeur, mais celle d'une infériorité très-marquée; car ce mot vient de tomber, d'où est formé avorton, et autres mots semblables.

2. Quelques traducteurs attribuent aux anges la paternité des Néphilim; mais le texte ne dit point cela; il semble au contraire indiquer que cette race était presque éteinte au moment dont il s'agit:

même après que, etc.

3. les Guiborim. On traduit souvent par « héros ; » mais pourquoi attacher ici une idée de valeur morale à un mot qui ailleurs n'exprime jamais que la force musculaire?

4. . Ce mot, très-important à remarquer en cet endroit, exprime un temps caché, inconnu, illimité, dans le passé comme dans l'avenir.

5. hommes de nom. Nous avons traduit littéralement. Pourquoi encore ici forcer le sens du mot et le traduire par <«< renom?» A notre sens, cela voudrait dire que ces hommes incomplets,.

« Jéhovah vit que lá malice de l'homme était grande 'sur la terre, et qu'il ne se formait chaque jour dans son cœur que des pensées mauvaises. Jéhovah se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre, et il s'en affligea dans son cœur. Jéhovah dit: J'exterminerai l'homme que j'ai créé de dessus la surface de la terre; depuis l'homme jusqu'au bétail, jusqu'au reptile et jusqu'à l'oiseau du ciel; car je me repens de les avoir faits. »

Ainsi le parti était bien pris; la destruction serait complète; tout ce séjour terrestre qui n'avait pas répondu à l'attente de celui qui en avait fait l'essai allait rentrer dans le néant... et cependant preuve bien manifeste

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qu'un seul homme pouvait modifier à son profit les projets les plus arrêtés de ce Dieu qui semblait promettre ses faveurs à David parmi tous ces êtres condamnés à périr, il s'en était trouvé un en faveur duquel Jéhovah avait tout à coup consenti à voir se repeupler la terre.

dont l'origine se perdait dans la nuit des temps, n'avaient de l'homme que le nom.

Ce passage a une véritable importance au point de vue de la paléontologie humaine, sous deux rapports distincts et nettement exprimés. Il indique d'abord l'existence d'une espèce antérieure (supérieure en forces physiques et très-inférieure en qualités morales), dont la dernière période géologique aurait déterminé le déclin et l'extinction rapides. En second lieu, par l'emploi du mot by appliqué au passé, il laisse dans l'indétermination la plus complète l'époque et l'acte de la création. Bien que cette question soit en dehors de notre sujet actuel, nous avons cru utile de restituer à la paléontologie, au moyen d'une traduction exacte, un document qui n'est pas sans valeur.

Mais, cette petite réserve exceptée, tout le reste avait été détruit; la vengeance céleste s'était étendue avec les eaux du déluge sur la surface entière du sol, et nulle créature n'avait échappé au jugement divin (ch. vi, VII, VIII).

Si le détail suivant n'a pas été ajouté depuis, David devait se plaire à lire la déclaration formelle par laquelle Jéhovah avait lui-même limité ses vengeances futures; quelles qu'elles fussent, il y aurait toujours espoir de salut pour quelques-uns.

Lorsque Noé et les siens, sauvés seuls de l'extermination générale, avaient élevé un autel et fait monter au ciel la fumée d'un holocauste (ch. vi, v. 21), « Jéhovah, sentant l'odeur agréable, s'était dit dans son cœur : Je ne maudirai pas encore une fois la terre à cause de l'homme... Je ne frapperai pas encore tout ce qui vit comme j'ai fait. » Ainsi, plus de dévastation complète; un avenir sans fin était assuré à la terre; elle ne serait plus punie pour la méchanceté de l'homme. Et Jéhovah avait ajouté « Durant tous les jours de la terre, les semailles, la moisson, le froid, le chaud, l'été, l'hiver, le jour et la nuit ne s'arrêteront plus. » Or, ces semailles et ces moissons, ces opérations humaines qui ne devaient plus cesser sur la terre, réclamaient éternellement la présence de l'homme.

:

Mais si l'appréhension de la destruction totale était

écartée, restait celle de châtiments plus ou moins étendus. L'embrasement de Sodome et de Gomorrhe était venu depuis montrer que le feu était apparemment le moyen choisi par Jéhovah pour atteindre désormais ses ennemis. Et cette tradition, se combinant, dès l'époque de David, avec l'annonce déjà ancienne d'une visite ou d'un nouveau jugement, suspendait, sous le nom de Jour de Jéhovah, une menace constante au-dessus des habitants de la terre, assez imprudents pour encourir les colères du ciel.

Nous voici en possession de tous les éléments de l'histoire intellectuelle de David; ils vont nous aider à restituer leur vrai sens à ses actes, et sa véritable raison d'être à un cycle d'idées bien mal défini jusqu'à présent.

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