resté impuni? - Il ajouta Par la vie de Jéhovah! que Jéhovah le frappe, ou que son temps vienne et qu'il meure, ou qu'il descende dans une bataille et y périsse. Que Jéhovah me préserve de porter la main sur son messie! Maintenant prenons la lance qui est à son chevet et la cruche d'eau et allons-nous-en. David prit la lance et la cruche d'eau, et ils s'en allèrent; personne ne les vit, personne ne se réveilla. » La suite est une variante accommodée aux différences introduites dans le fait principal. David réveille de loin par ses cris les gardes de Saül, et leur adresse des compliments ironiques sur leur vigilance. « Regarde, criet-il à Abner, où est la lance du roi et sa cruche d'eau! » << N'est-ce pas ta voix, mon fils David, » demande Saül en s'éveillant. David fait valoir l'acte généreux qu'il vient d'accomplir. « Jéhovah, ajoute-t-il, rendra à chacun selon sa justice et sa fidélité... De même que ta vie a été estimée grande en ce jour à mes yeux, que ma vie soit de même estimée grande aux yeux de Jévohah, et qu'il me préserve de toute adversité. Saül dit à David Sois béni, mon fils David; tu réussiras dans toutes tes entreprises et tu seras puissant. David continua son chemin, et Saül retourna chez lui. » Voici donc la paix conclue. Mais la paix n'est pas ce qu'il faut à David. Il lui faut la succession de Saül. Ira-t-il de nouveau l'attendre patiemment à Guiba? Toute autre voie vaut mieux que cette voie déjà explo rée sans succès. Tentera-t-il encore une fois le sort des armes? Il vient de reconnaître la nécessité d'y renoncer. Mais, ne pouvait-il trouver quelqu'un qui lui en épargnât le danger et lui en assurât le profit? Qu'une guerre sérieuse et meurtrière fût déclarée par un autre à Saül; et, de la part d'un homme qui, plus que jamais, paraissait faire bon marché de sa vie, il y avait tout à espérer des chances des combats. Mais, pour susciter un ennemi à Saül, il fallait se poser soi-même en ennemi d'Israël; et comment, après avoir trahi son peuple, prétendre ensuite régner sur lui? Il s'agissait donc d'abord de trouver un ennemi capable de mener à fin l'entreprise; et il fallait en second lieu, afin de gagner la confiance de cet ennemi sans perdre ses droits à celle d'Israël, imaginer un moyen de pa raître traître sans l'être réellement. De tous les ennemis d'Israël, les plus prompts à se mettre en guerre étaient les Philistins. Ce fut naturellement sur eux que tomba le choix de David. Il se rendit auprès d'eux, se fit bien venir de leur roi Aschish, obtint pour lui et sa troupe une résidence déterminée, et se mit aussitôt à tout disposer pour l'exécution de ses projets. Il y avait, au milieu même des tribus israélites, d'anciennes peuplades indigènes, riches en troupeaux, et incapables d'opposer une résistance sérieuse à une bande de pillards de la force de celle que David avait organisée dans la montagne et dont il ne se séparait plus. Il mit donc, si l'on peut dire, ces malheureuses peuplades, en pillage réglé, « il dévastait le pays et ne laissait vivre ni homme ni femme; il prenait les brebis, les bœufs, les ânes, les chameaux et les vêtements.»> (Ch. xxvII, v. 9). « Il s'en retournait ensuite et venait auprès d'Aschisch. Aschisch disait : Où avez-vous dirigé vos courses aujourd'hui? David répondait: Vers le midi de Juda, de Jéraméel ou de Céni. » Tous ces pays étant israélites, ses razzias semblaient n'avoir pour but que de ruiner son peuple; il avait soin d'ailleurs, pour que la vérité ne pût être rétablie (v. 11)« de ne laisser en vie ni homme ni femme, dans la pensée qu'ils pourraient dire : Ainsi faisait David... » Aschisch, complétement abusé, disait (v. 12): « Il s'est mis en mauvaise odeur auprès de son peuple d'Israël, il sera mon serviteur à jamais; »> et, lorsqu'il se fut décidé à faire la guerre à Saül (ch. xxviii, v. 1) : « Tu sais, dit-il à David, que tu sortiras avec moi au camp, toi et tes gens. David lui dit : Tu connaîtras certes ce que ton serviteur fera. Et Aschisch dit à David : c'est pour cela que je t'établirai gardien de ma tête tout le temps. » Nous verrons comment David sut éluder cette difficulté. Bientôt des bruits sinistres circulent dans Israël et arrivent jusqu'à Saül. Une attaque des Philistins, bien réelle cette fois, menace son peuple. Elle s'annonçait au moins aussi terrible que celle qui avait été l'origine de tous ses malheurs en l'obligeant à offrir à Jéhovah un sacrifice qui lui avait déplu. Il ne pouvait plus avoir recours à Samuel qui était mort peu de temps auparavant. - Jéhovah, si longtemps sourd à ses prières, daignerait-il enfin l'écouter? Vain espoir! « Saül consulta Jéhovah; mais Jéhovah ne lui répondit rien, ni par des songes, ni par les ourim (attributs des prêtres consultants), ni par les prophètes. » (ch. xxviii, v. 6.) Que faire donc? Par quelle voie connaître les dispositions du ciel? Recourrait-il aux consultations suspectes des éphods, des oboth ou des iidonim? Mais nous l'apprenons seulement en cet endroit - beaucoup plus strict observateur que David du seu culte autorisé, il avait extirpé d'Israël ces pratiques idolâtriques. Cependant il apprend, ou plutôt on lui fait dire, qu'une magicienne a échappé à ses proscriptions antérieures et qu'elle exerce son art à Endor. En désespoir de cause, il s'adresse à cette femme; et voici que l'ombre de Samuel, évoquée par elle, se dresse devant lui; et pendant que, saisi de terreur, il écoute prosterné et la face contre terre, l'ombre fait entendre ces paroles : « Pourquoi me consultes-tu puisque Jéhovah s'est retiré de toi et qu'il est devenu ton ennemi? Jéhovah a fait selon ce qu'il a dit par moi. Jéhovah a arraché le royaume d'entre tes mains, et l'a donné à David, parce que tu n'as pas obéi à Jéhovah et que tu n'as pas exécuté l'ardeur de sa colère contre Amalek; c'est pourquoi Jéhovah t'a fait ceci en ce jour. Jéhovah livrera aussi Israël avec toi entre les mains des Philistins; et toi et tes fils vous serez avec moi. Jéhovah livrera aussi le camp dans la main des Philistins' (ch. xxvii, v. 16. et suiv.). » Après cela, lui restait-il autre chose à faire qu'à mourir? Où en étaient pendant ce temps les autres manœuvres de David?- Peu s'en était fallu qu'il ne fût pris lui-même à son propre piége. Plein de confiance en sa sincérité et en sa valeur, le roi Aschisch avait voulu le mettre à la tête de son expédition contre Israël', et David ne savait comment décliner ce dangereux honneur, renversement assuré de tous ses projets. Des germes de défiance, habilement jetés sur lui-même dans l'armée philistine, le tirèrent de ce mauvais pas; et ce moyen lui réussit si bien qu'après s'être fait donner par Aschisch son congé accompagné d'excuses, il put se retirer avec la dignité du guerrier méconnu qu'on écarte injuste 1. On a licu de s'étonner de cet emprunt fait à une autre mythologie. Le mythe hébraïque est ordinairement plus sévère et n'admet pas de fantasmagories de ce genre. |