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par le peuple à la cruauté dont il usa envers saint Jean-Baptiste. Voici ses remarquables paroles :

Plusieurs Juifs ont cru que cette défaite de l'armée d'Hérode (celui qui se trouva à Jérusalem au temps de la mort de Jésus-Christ), était une punition de Dieu, à cause de Jean, surnommé Baptiste. C'était un homme de grande piété, qui exhortait les Juifs à embrasser la vertu, à exercer la justice, et à recevoir le baptême après s'être rendu agréables à Dieu en ne se contentant pas de ne point commettre quelques péchés, mais en joignant la pureté du corps à celle de l'âme. Aussi, comme une grande quantité de peuple le suivait pour écouter sa doctrine, Hérode, craignant que le pouvoir qu'il aurait sur eux n'excitat quelque sédition, parce qu'ils seraient toujours prêts à entreprendre tout ce qu'il leur ordonnerait, crut devoir prévenir ce mal, pour n'avoir pas sujet de se repentir d'avoir attendu trop tard à y remédier; pour cette raison, il l'envoya prisonnier dans la forteresse de Machera dont nous venons de parler; et les Juifs attribuèrent la défaite de son armée à un juste châtiment de Dieu d'une action si injuste. »>

Plus bas, nous donnerons ce qu'il dit d'Herodiade en son lieu. Mais on voit ici que tout est conforme à l'Évangile et si Josèphe a omis la vraie cause qui avait irrité Hérode contre saint Jean-Baptiste, il y a simplement omission et non pas erreur en cela. Hérode s'est bien gardé de donner au public le vrai motif de sa vengeance; il a allégué une raison d'État apparente, comme tous les gouvernements embarrassés le font, et Josèphe l'a sincèrement exposée à son tour, mais sans oublier que ce méchant prince méritait son châtiment aux yeux de l'opinion publique.

Le Protévangile de saint Jacques nous a conservé quelques faits de

de poil de chameau, et ceint d'une Ceinture de cuir 1. (Ce qui est dit ici des Pharisiens et des Sadducéens donnera lieu à une dissertation sur les différentes sectes des Juifs, c'est-à dire sur les Pharisiens, les Sadducéens, les Esséniens et les Hérodiens.)

La vertu et la manière de vivre de saint Jean firent naître à plusieurs le

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1, 14.

Matt, III, 1, 10. Marc, I, 1, 6.-Luc, III

soupçon qu'il pourrait bien être le Messie qu'on attendait; mais il déclara qu'il ne l'était point; que pour lui, il baptisait du baptême de l'eau pour disposer le peuple à la pénitence et à recevoir celui qu'ils attendaient, qui était plus fort et plus grand que lui, et dont il n'était pas digne de délier la courroie des souliers; que celui-là les baptiserait par le Saint Esprit et par le feu; qu'il avait déjà e van à la main, et qu'il était près de

la vie de Zacharie, père de saint Jean-Baptiste ; nous les donnons avec la confiance pleine de réserve que commandent ces sortes de productions, quand il n'y en a pas plusieurs versions qui se consolident (chap. XII).

Hérode, pendant ce temps, faisait chercher Jean, et il envoya quelques-uns de ses officiers à son père Zacharie, disant : Où as-tu caché ton fils? Et il répondit: Je suis le prêtre employé au service de Dieu, et je donne mes soins au temple du Seigneur; je ne sais pas où est mon fils. Et les envoyés se retirèrent et rapportèrent cela à Hérode. Il dit avec colère: C'est son fils qui doit régner sur Israël ; et il envoya de nouveau vers Zacharie, en disant : Parle avec franchise: où est ton fils? Ne sais-tu pas que ton sang est sous ma main ? Et, lorsque les envoyés eurent rapporté à Z charie les paroles du roi, il dit: Je prends Dieu à témoin que j'ignore où est mon fils. Répands mon sang, si tu le veux; Dieu recevra mon esprit, car tu auras versé le sang innocent.

Zacharie fut tué entre le vestibule et l'autel. »

Nous acheverons cette citation au moment où Jésus-Christ rappelle cette circonstance.

Les traditions vont nous venir en aide pour nous rappeler les lieux sanctifiés par la présence du glorieux précurseur de Jésus-Christ.

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Mgr Mislin, t. III, p. 16, dépeint ainsi l'habitation de Zacharie, père de saint Jean. Il venait de quitter depuis quelques heures la ville d'Hébron.

« Arrivés sur le revers d'une montagne, le petit village appelé par les chrétiens Saint-Jean-de-la-Montagne, nous apparaît sur le penchant

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d'une colline. A vingt minutes de distance, on trouve à côté du chemin des ruines assez considérables, qu'on appelle Mor-Sakaria. C'est là qu'habitait sainte Élisabeth, quand elle fut visitée par la Sainte-Vierge. C'est là qu'elle lui dit: Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et que Marie, dans le transport d'une joie céleste, fit entendre l'admirable cantique Magnificat.

La Sainte-Vierge a vécu trois mois avec sa cousine, et le texte sacré ne dit pas qu'elle cût vu le petit saint Jean avant son départ.

La maison que nous venons de décrire, passe pour avoir été la villa de Zacharie, une maison des champs. Elle est isoléc, adossée à des rochers, et entourée de quelques oliviers et de vignes. Adroite, un peu sur la hauteur, on voit le petit village de Saint

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Mgr. Mislin, t. II, p. 120, dit: « Le sanctuaire de la nativité de saint Jean est disposé comme celui de la Nativité de notre Sauveur. Cinq basreliefs en marbre blanc, encadrés dans un fond noir, et qui ont environ quinze pouces de hauteur, représentent les principales scènes de la vie du précurseur. Sa naissance, sa prédication dans le désert, son martyre, la visitation, le baptême de Jésus-Christ. Ils sont disposés en demi-cercle autour du sanctuaire. Tout cela est d'un fort beau travail, et a été envoyé par le roi de Naples. Six lampes brûlent continuellement en ce lieu. Au dessous, il y a une table de marbre où l'on dit la messe. Sur l'autel est un beau tableau d'un maître espagnol; il représente la naissance de saint Jean. Dans l'église supérieure, il y a un tableau de Murillo. Cette église avait été convertie en écurie par les musulmans; elle fut reprise sur les instances de Louis XIV, et a coûté 100,000 fr. de réparation. »>

Jésus, aussitôt après son baptême, fut conduit par l'Esprit daus le désert, pour y être tenté du démon; et après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim; et le tentateur s'approchant, lui dit de changer en pain les pierres qu'il lui présenta; mais Jésus lui dit: L'homme ue vit pas seulement de pain, mais de tout ce que Dieu veut lui donner pour sa nourriture. Ensuite le démon le transporta sur une haute montagne,

d'où il lui fit voir tous les royaumes de la terre, et il lui dit: Je vous donnerai tout cela, si vous voulez m'adorer. Mais Jésus lui répondit: Il est écrit: Vous n'adorerez que le Seigneur votre Dieu. Enfin le démon le transporta sur le haut du temple, et lui dit de se jeter en bas, et que les anges le recevraient entre leurs mains de peur qu'il ne se blessât. Mais le Fils de Dieu lui dit : Il est écrit: Vous ne tenterez point le Sei

Allons plus loin avec Mgr Mislin, et nous verrons les lieux où saint Jean se livra à ses rudes pénitences.

<< Trois heures après avoir quitté Bethléem, nous arrivâmes à la grotte de Saint-Jean-Baptiste, ou désert de Saint-Jean, appelé dans le pays El-Habiz.

<< Cette grotte est située au bout d'une colline très-escarpée, tournée au nord-ouest, et qui domine la vallée du Térébinthe. Elle est d'un accès assez difficile; mais quand on est dedans, on la trouve si bien appropriée à la destination qu'elle a eue, à la vie d'ermite, qu'on la croit faite de main d'homme et qu'on est tenté d'y demeurer. C'est une cellule naturelle, longue de dix à douze pieds, large de six. Elle a deux ouvertures, dont l'une sert de porte et l'autre de fenêtre. Celle-ci donne sur la vallée et a une très-belle vue. Au fond de la grotte, il y a un rocher qui semble taillé tout exprès pour servir de siége et de couche. On l'appelle le lit de saint Jean. Une source d'eau fraîche et limpide sort d'une fente de la montagne; elle forme au pied de la grotte un petit bassin et s'épanche dans la vallée en traçant un étroit sillon de verdure. C'est ici que le saint précurseur a passé son enfance. Tous les saints Pères ont admis que dès son enfance il a fui les lieux habités pour le désert, où l'air est plus pur, dit Origène, le ciel plus ouvert, et Dieu plus familier.

«Outre le miel et les sauterelles dont quelques espèces sont nutritives, le désert lui fournissait encore le fruit du caroubier, dont les pauvres gens se nourrissent. Il y a encore aujourd'hui quelques caroubiers; en allemand, on l'appelle encore le pain de saint Jean. La nourriture des pourceaux qui donnait envie à l'enfant prodigue, était des siliques ou fruits du caroubier. »

gneur votre Dieu. Ensuite le démon le laissa pour un temps, et les anges vinrent lui servir à manger'. (Ceci

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Matt., IV, 1, 11. Marc, I, 12. 13. Luc, IV, 1, 13. Saint Luc met pour la troisième tentation celle que saint Mathieu met la seconde. La plupart des commentateurs suivent l'ordre marqué par saint Mathieu. Les particules alors et encore employées par cet évangéliste, semblent montrer qu'il a voulu garder l'ordre des temps où ces tentations arrivèrent. La différence

sera le sujet d'une dissertation sur les bons et les mauvais anges.)

Jean-Baptiste avait quitté le désert de Judée, où il baptisait d'abord, et était venu à Béthanie ou Béthabara au-delà du Jourdain, où il continuait d'instruire et de baptiser le peuple. Le bruit de ses prédications et de sa

qui se trouve dans saint Luc ne vient peutêtre que de quelque méprise des copistes.

Le genre de vie de saint Jean-Baptiste, tel qu'il est dépeint par les évangélistes, est tellement effrayant pour nous qui habitons sous un autre climat, qu'il faut se reporter au siècle et au pays qu'il habitait pour le croire possible. Tout le monde, parmi les Hébreux, portait une ceinture de laine, mais celle de Jean-Baptiste était de peau (saint Jérôme, ad Dam., epis. 8). Il y a une espèce de sauterelles dont on peut faire un mets peu agréable et peu fortifiant, sans doute, mais dont on peut absolument se nourrir. C'est ce que nous apprennent Strabon (liv. XVI), Pline le naturaliste (Hist., liv. II, c. 29), saint Jérôme (ad Jov., liv. 1). Ils nous apprennent que les Parthes, les Lybiens et plusieurs Orientaux en font usage dans certaines circonstances. Saint Augustin et le vénérable Bède parlent dans le même sens (V. Baron., ad ann. x, 31).

Euthymius, cité par Bède, assure qu'il en a goûté sur les lieux et que ces insectes ont un goût acre et fort peu appétissant. Le même Euthymius dit qu'il a vu des feuilles d'un certain arbre, longues (t rondes, d'une couleur de lait. Le plus léger frottement les réduit dans la main, elles se mangent, et on y trouve quelque chose du goût du miel. Voilà, dit-il, ce que l'on appelle le miel sauvage.

Saint Isidore de Péluse, saint Jean-Chrysostome (hom. 1), saint Jérôme (Ép. 22), et un grand nombre d'auteurs regardent saint JeanBaptiste comme le fondateur des ordres monastiques.

Non-seulement le Coran parle du fils de Zacharie comme d'un homme chaste, d'un prophète pieux, mais les Arabes appellent encore la secte des Sabiens ou baptiseurs de l'embouchure de l'Euphrate: Menda Jechja, les disciples de Jean. A Damas, le musulman fanatique qui vous fait les honneurs de la mosquée des Ommiades, l'ancienne église de Saint-Jean, où se trouve le mausolée du prophète, se garde bien de

vie obligea les principaux des Juifs de lui envoyer une députation de prêtres et de lévites pour lui demander s'il étaitle Christ. Il répondit que non. On lui dit : Êtes-vous Élie ? Il répondit: Non. Êtes-vous Prophète? Il répondit qu'il ne l'était point. Qu'è tes-vous donc? ajoutèrent-ils, et pourquoi baptisez-vous, si vous n'êtes nj le Christ, ni Élie, ni Prophète ? Il dit: Je suis la voix de celui qui crie dans le désert Préparez la voie du Sei

gneur. Je vous baptise dans l'eau, mais celui que vous cherchez est au milieu de vous, et vous ne le connaissez point 1.

Le lendemain matin, Jean vit Jésus qui venait à lui, et il dit au peuple, en le leur montrant : Voilà l'Agneau de Dieu, voilà celui qui ôte les péchés du monde, voilà celui dont je vous ai dit : il viendra après moi un homme qui est avant moi. Je ne le connaisJean, I, 19, 28.

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