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21. Alors que ceux qui sont dans la Judée s'enfuient sur les montagnes; que ceux qui se trouveront dans le milieu du pays s'en retirent; et que ceux qui seront dans le pays d'alentour n'y entrent point;

22. Car ce seront alors les jours de la vengeance, afin que tout ce qui est dans l'Écriture soit accompli.

23. Malheur à celles qui seront grosses ou nourrices en ces jourslà: car ce pays sera accablé de maux, et la colère du ciel tombera sur ce peuple.

24. Ils passeront par le fil de l'épée; ils seront emmenés captifs dans toutes les nations; et Jérusalem sera foulée aux pieds par les gentils, jusqu'à ce que le temps des nations soit accompli.

25. Et il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles; et, sur la terre, les nations seront dans l'abattement et la consternation, la mer faisant un bruit effroyable par l'agitation de ses flots;

26. Et les hommes sécheront de frayeur dans l'attente de ce qui doit arriver dans tout l'univers; car les vertus des cieux seront ébranlées ;

27. Et alors ils verront le Fils de l'homme, qui viendra sur une nuée avec une grande puissance et une grande majesté.

28. Pour vous, lorsque ces choses commenceront à arriver, regardez en haut, et levez la tête; parce que votre rédemption est proche.

29. Il leur proposa ensuite cette comparaison: Considérez le figuier et les autres arbres;

30. Lorsqu'ils commencent à pousser leur fruit, vous reconnaissez que l'été est proche.

31. Ainsi, lorsque vous verrez arriver ces choses, sachez que le royaume de Dieu est proche.

32. Je vous dis, en vérité, que cette génération ne passera point que toutes ces choses ne soient accomplies.

33. Le ciel et la terre passeront; mais mes paroles ne passeront point.

34. Prenez donc garde à vous, de peur que vos cœurs ne s'appesantissent par l'excès des viandes et du vin, et par les inquiétudes de cette vie; et que ce jour ne vienne tout d'un coup vous surprendre;

de ce siége. Saint Jean, cru postérieur, par la raison qu'il jugeait inutile de rapporter une prophétie déjà accomplie, saint Jean serait-il le plus ancien de tous, et aurait-il écrit avant l'an 69, puisqu'il ne parle pas de cette guerre de Judée?

35. Car il enveloppera, comme un filet, tous ceux qui habitent sur la face de la terre.

36. Veillez donc, priant en tout temps, afin que vous soyez trouvés dignes d'éviter tous ces maux qui arriveront, et de paraître avec confiance devant le Fils de l'homme.

37. Or le jour il enseignait dans le temple, et la nuit il sortait, et se retirait sur la montagne appelée des Oliviers (e);

38. Et tout le peuple venait de grand matin, dans le temple, pour l'écouter.

CHAPITRE XXII.

Trahison de Judas. Cène pascale. Eucharistie. Domination interdite. Gloire promise. Reniement prédit de saint Pierre. Agonie de JésusChrist. Baiser de Judas. Jésus-Christ mené à Caïphe. Reniement et repentance de saint Pierre. Jésus moqué, outragé, condamné.

1. La fête des pains sans levain, appelée la pâque, étant proche, 2. Les princes des prêtres et les scribes cherchaient un moyen pour faire mourir Jésus car ils appréhendaient le peuple.

3. Or Satan entra dans Judas, surnommé Iscariote (a), l'un des douze apôtres,

(e) De jour, Jésus semble n'avoir rien à craindre; c'est la nuit seulement qu'il se cache. Telles étaient les mœurs, la police de ce temps. D'ailleurs, il ne craignait pas beaucoup l'autorité juive tant qu'il ne ferait pas ombrage aux Romains. C'est un disputeur messianique nullement à craindre, pensait Pilate. La politique romaine, loin de l'empêcher, devait le laisser faire. Jusqu'à certain point, Jésus pouvait se croire à Jérusalem plus en sûreté que partout ailleurs.

(a) Sur la trahison de Judas, cf. Marc, xiv, où je dis, notes c, e, g, i, que les apôtres, prenant au sérieux les paroles de Jésus, ne le considéraient pas comme Messie. Leurs yeux ne furent ouverts qu'APRÈS. Judas Iscariote, un vrai messianiste, suit Jésus tant qu'il voit en lui un prophète continuateur de Jean et annonciateur du Messie. Du moment qu'il s'aperçoit que Jésus ruine la foi d'Israël, il l'abandonne et le livre. (Cf., plus bas, note g.)

4. Qui étant allé trouver les princes des prêtres et les capitaines des gardes du temple, leur proposa la manière en laquelle if le leur livrerait.

5. Ils en furent fort aises; et ils convinrent avec lui de lui donner une somme d'argent.

6. Il promit donc de le leur livrer; et il ne cherchait plus qu'une occasion favorable de le faire à l'insu du peuple.

7. Cependant le jour des pains sans levain arriva (b), où il fallait immoler la pâque.

8. Jésus envoya donc Pierre et Jean, en leur disant : Allez nous apprêter ce qu'il faut pour manger la pâque.

9. Ils lui dirent: Où voulez-vous que nous l'apprêtions?

10. Il leur répondit: Lorsque vous entrerez dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d'eau; suivez-le dans la maison où il entrera;

11. Et vous direz au père de famille de cette maison: Le Maître vous envoie dire: Quel lieu avez-vous où je puisse manger la pâque avec mes disciples?

12. Et il vous montrera une grande chambre haute, toute meublée; préparez-nous-y ce qu'il faut.

13. S'en étant donc allés, ils trouvèrent tout comme il leur avait dit, et ils préparèrent ce qu'il fallait pour la pâque.

14. Quand l'heure fut venue, il se mit à table, et les douze apôtres avec lui.

15. Et il leur dit : J'ai souhaité avec ardeur de manger cette pâque avec vous, avant que je souffre.

16. Car je vous déclare que je n'en mangerai plus désormais, jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le royaume de Dieu.

17. Et après avoir pris la coupe, il rendit grâces, et leur dit : Prenez-la, et la distribuez entre vous (c).

18. Car je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu'à ce que le règne de Dieu soit arrivé.

19. Puis il prit le pain, et ayant rendu grâces, il le rompit et le leur donna, en disant : Ceci est mon corps, qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi (d).

(b) Venit. Cela peut ne pas signifier qu'il fut arrivé, mais qu'on y touchait.

(c) Il semble qu'il ne faille voir dans cette première bibition qu'un toast porté à la nouvelle réforme. Cette circonstance manque dans Matthieu et Marc, qui ne parlent que de l'institution eucharistique du pain et du vin.

(d) Voir Matthieu, xxvI, 20-26, et Marc, xiv, 17 et suiv.

20. (e) Il prit de même la coupe après souper, en disant : Cette coupe (f) est la nouvelle alliance en mon sang, qui sera répandu pour vous.

(e) VERS. 17-20.- Institution de la Cène. Le baptême, la Cène, l'insufflation du Saint-Esprit, voilà les trois rites essentiels du nouveau culte. Le dernier même peut être sans inconvénient retranché à cause de l'incertitude de sa matière. A la circoncision, Jésus substitue le baptême; au sacrifice sanglant, le sacrifice non sanglant (cf. Jean, vi). Voilà son rite. Tout tend chez cet homme à une simplification. Pour lui, le Messie n'est qu'un symbole, le sabbat une convention de police; l'essentiel, c'est la morale, c'est la charité et l'égalité.

Il y a quelques jours, il annonçait la ruine du temple, et en parlant de sa personne, en qui repose la divinité, templum hoc, il enseigne aux hommes à se faire eux-mêmes temple du Saint-Esprit. Il répudie les prêtres. Maintenant on peut

dire qu'il va mettre le comble à son impiété, en abolissant le SACRIFICE et en revenant à l'offrande de Melchisedech, plus ancienne et plus humaine que le sacrifice de Moïse. En effet, le Christ mort, ses disciples renoncent aux sacrifices moïsiaques; ils rompent le pain et versent le vin.

Que les trois Synoptiques aient placé cette institution solennelle le jour même où se devait manger la pâque, cela se conçoit; mais on conçoit encore mieux que le quatrième évangéliste la passe sous silence, et se borne à donner le sens de l'institution. Strauss a mal jugé tout cela.

(f) Hic est Calix, etc. Ces paroles sont un peu entortillées et beaucoup moins claires que dans saint Matthieu, où elles n'ont pas la moindre obscurité. Le grec porte ici littéralement Ce calice est la nouvelle alliance, cimentée par mon sang, qui sera répandu pour vous. Cela est précis et lève tous les doutes que pourrait laisser l'interprétation rapportée par moi (Matthieu, XXVI, 28, notes i etj).- Remarquons que les expressions de nouvelle alliance se retrouvent dans les

21, Au reste, la main de celui qui me trahit est avec moi à cette table.

22. Pour ce qui est du Fils de l'homme, il s'en va, selon ce qui a été déterminé; mais malheur à cet homme par qui il sera trahi (g).

23. Et ils commencèrent à s'entre-demander qui était celui d'entre eux qui devait faire cette action.

24. Il s'excita aussi parmi eux une contestation : lequel d'entre eux devait être estimé le plus grand.

25. Mais Jésus leur dit : Les rois des nations les traitent avec empire; et ceux qui ont autorité sur elles en sont appelés les bienfaiteurs.

trois évangélistes, Matthieu, Marc et Luc. Quant à la raison pour laquelle Jésus-Christ institua son sacrifice la veille de sa mort (le jour de la pâque), c'est qu'il convenait de choisir le jour même auquel avait eu lieu l'institution du sacrifice pascal, l'effusion du sang d'un agneau. Il est si vrai que les premiers chrétiens entendirent par la Cène un sacrifice de pain et de vin, en remplacement des chairs immolées et du sang répandu, que, dans l'Apocalypse, Jésus-Christ est qualifié par comparaison d'agneau de la nouvelle loi. Ces mots renferment tout à la fois une allusion à son martyre et au sacrifice du pain.

(9) D'après ce verset, Judas a assisté à l'institution de la Cène. Or, qu'est-ce que cette institution? Le renversement de la religion hébraïque, et Jésus n'est pas le Messie! Judas, zélé patriote, n'y tient plus; il sort et va, citoyen dévoué, dénoncer son maître. La conversation des apôtres qui vient ensuite met le comble au sacrilége.

Ils s'adjugent les places et les pouvoirs dans cette révolution appelée royaume de Dieu, et qui doit abolir tout l'État juif. Ces idées leur étaient venues plus d'une fois. Tous les révolutionnaires sont ambitieux; tous les démocrates sont intéressés et cupides. C'est ce sentiment que s'efforce de réprimer Jésus; mais déjà il n'est plus maître du mouvement par lui commencé il a porté la main sur l'arche, il est perdu.

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