Paris: ou, Le livre des cent-et-un, Volumes 7-8

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Charles Hoffmann, 1832
 

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Page 245 - La main du tendre enfant peut t'ouvrir au hasard, Sans qu'un mot corrupteur étonne son regard, Sans que de tes tableaux la suave décence Fasse rougir un front couronné d'innocence. Sur la table du soir, dans la veillée admis, La famille te compte au nombre des amis, Se fie à ton honneur, et laisse sans scrupule Passer de main en main le livre qui circule ; La vierge, en te lisant, qui ralentit son pas, Si sa mère survient ne te dérobe pas, Mais relit au grand jour le passage qu'elle aime,...
Page 228 - Seigneur , votre droite est terrible ! Vous avez commencé par le maître invincible, Par l'homme triomphant; Puis vous avez enfin complété l'ossuaire, Dix ans vous ont suffi pour filer le suaire Du père et de l'enfant ! Gloire, jeunesse, orgueil, biens que la tombe emporte! L'homme voudrait laisser quelque chose à la porte, Mais la mort lui dit non! Chaque élément retourne où tout doit redescendre. L'air reprend la fumée, et la terre la cendre. L'oubli reprend le nom.
Page 219 - L'homme prédestiné; Et les peuples béants ne purent que se taire, Car ses deux bras levés présentaient à la terre Un enfant nouveau-né! Au souffle de l'enfant, dôme des Invalides, Les drapeaux prisonniers sous tes voûtes splendides Frémirent, comme au vent frémissent les épis ; Et son cri, ce doux cri qu'une nourrice apaise, Fit, nous l'avons tous vu, bondir et hurler d'aise . Les canons monstrueux à ta porte accroupis ! Et Lui.
Page 221 - Demain, c'est le cheval qui s'abat blanc d'écume. Demain, ô conquérant, c'est Moscou qui s'allume, La nuit, comme un flambeau. C'est votre vieille garde, au loin jonchant la plaine. Demain, c'est Waterloo ! demain, c'est Sainte-Hélène I Demain, c'est le tombeau...
Page 225 - Le soir, quand son regard se perdait dans l'alcôve, Ce qui se remuait dans cette tête chauve, Ce que son œil cherchait dans le passé profond, — Tandis que ses geôliers, sentinelles placées Pour guetter nuit et jour le vol de ses pensées, En regardaient passer les ombres sur son front ; — Ce...
Page 223 - L'Europe à Charlemagne, à Mahomet l'Asie; Mais tu ne prendras pas demain à l'Éternel! III O revers! ô leçon! — Quand l'enfant de cet homme Eut reçu pour hochet la couronne de Rome...
Page 229 - L'oubli reprend le nom. VI O révolutions ! j'ignore, Moi, le moindre des matelots, Ce que Dieu dans l'ombre élabore Sous le tumulte de vos flots. La foule vous hait et vous raille. Mais qui sait comment Dieu travaille? Qui sait si l'onde qui tressaille, Si le cri des gouffres amers, Si la trombe aux ardentes serres, Si les éclairs et les tonnerres, Seigneur, ne sont pas nécessaires A la perle que font les mers!
Page 225 - Oui, l'aigle un soir planait aux voûtes éternelles, Lorsqu'un grand coup de vent lui cassa les deux ailes; Sa chute fit dans l'air un foudroyant sillon ; Tous alors sur son nid fondirent pleins de joie ; Chacun selon ses dents se partagea la proie ; L'Angleterre prit l'aigle, et l'Autriche l'aiglon1 ! Vous savez ce qu'on fit du géant historique.
Page 220 - Non, l'avenir n'est à personne! Sire, l'avenir est à Dieu ! A chaque fois que l'heure sonne, Tout ici-bas nous dit adieu. L'avenir! l'avenir! mystère! Toutes les choses de la terre, Gloire, fortune militaire, Couronne éclatante des rois, Victoire aux ailes embrasées, Ambitions réalisées, Ne sont jamais sur nous posées Que comme l'oiseau sur nos toits...
Page 218 - Courbés comme un cheval qui sent venir son maître, Ils se disaient entre eux : Quelqu'un de grand va naître ! L'immense empire attend un héritier demain. Qu'est-ce que le Seigneur va donner à cet homme Qui, plus grand que César, plus grand même que Rome, Absorbe dans son sort le sort du genre humain?

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