imprimer ses factums pour les distribuer à ses juges: l'Eglise ne pourra pas faire imprimer ses instructions et ses prières, pour les distribuer à ses enfans et à ses ministres ! Quant au livre du sieur Simon, votre majesté est très-humblement suppliée de se souvenir que c'est le même auteur, qui, ayant écrit il y a vingtcinq ans sur l'ancien Testament, fut noté par un arrêt solennel de votre conseil d'en-haut, du 19 de. juin 1678. Il attaque présentement, avec une pareille hardiesse, la pureté du nouveau Testament, comme s'il avoit entrepris de ne laisser aucune partie de la religion en son entier. C'est le témoignage sincère et véritable que notre caractère nous oblige à rendre à votre majesté : nous ne pouvons le dissi muler, sans nous attirer de votre part le plus juste de tous les reproches, et sans nous charger de la plus honteuse prévarication. Nous ne doutons point, sire, que votre majesté ne nous écoute avec sa bonté et sa piété ordinaire. Ainsi votre majesté, sire, continuera de mériter l'éloge immortel de protecteur de la religion, qu'elle s'est acquis au-dessus de tous les princes du monde, et verra prospérer ses justes desseins sous la puissante assistance de Dieu. † J. BENIGNI, Ev. de Meaux. III. MÉMOIRE Sur la censure d'un docteur, à laquelle on voudroit assujettir les évéques (1). SA majesté est très-humblement suppliée de considérer la formule dont on se sert pour commettre les docteurs à l'examen des livres. La voici de mot à mot, ainsi qu'elle est imprimée. M. *** prendra, s'il lui plaît, la peine d'examiner ce (le nom du livre), avec le plus de diligence qu'il lui sera possible, pour en donner incessamment son jugement à M. le chancelier. Ce.... 170... Signé l'abbé BIGNON. On voit qu'il s'agit d'un jugement que doit donner le docteur. On s'est servi de cette formule envers l'évêque de Meaux, en remplissant les blancs du nom de M. Pirot et du titre du livre, pareillement signée l'abbé Bignon. Ainsi c'est le jugement d'un prêtre que les évêques ont à subir. Le jugement de ce prêtre est celui qu'on veut faire imprimer à la tête du livre. Sa majesté est (1) La requête précédente étoit accompagnée de ce petit mémoire, destiné à faire voir au roi, par la formule même qui commet un censeur, que le livre qu'on lui donne à examiner est soumis à son jugement. très-humblement suppliée de considérer s'il convient que tout le royaume, et toute la chrétienté, voie à la tête des livres, même des évêques, un semblable assujettissement. La dispense qu'on nous offre est captieuse; parce qu'elle suppose la loi, qu'on sera toujours en état de faire exécuter aux évêques quand on voudra. LETTRE A. M. LE CARDINAL DE NOAILLES. Il déplore les tracasseries qu'on lui fait éprouver, et propose un expédient pour faire paroître son livre contre Simon. La lettre du 26, pleine de bontés, que je reçois de votre éminence, me console dans les mauvais traitemens qu'on me fait, et que je ressens d'autant plus que le contre-coup en retombe sur l'épiscopat. Il semble à présent que ce soit une des affaires des plus importantes que de nous humilier. 11 ne nous reste d'espérance du côté du monde, qu'au roi, et à votre médiation auprès de sa majesté. Je vous ai envoyé, monseigneur, un mémoire : votre lettre m'assure déjà que vous prendrez soin de le faire valoir. Si le roi ne vouloit rien décider d'abord au fond, il suffiroit, en attendant, que sa majesté trouvât bon qu'on laissât passer mon livre à l'ordinaire ; ce qui pourroit être regardé, si M. le chancelier le vouloit, comme une dispense verbale. Ce qui me donne cette vue, c'est qu'il en a ainsi úsé avec M. d'Auch, ainsi que M. Pirot me l'a écrit. Ce 27 octobre 1702. †J. BENIGNE, Ev. de Meaux. J'aurois de la peine à une impression hors du le livre pût être défendu et saisi royaume, et que comme de contrebande. LETTRE AU MÊME. Il le remercie de son zèle pour défendre dans sa personne la cause de l'épiscopat, et lui rend compte de son entretien avec M. l'in→ tendant. JE reçois, monseigneur, la lettre du 28, de votre éminence, et je vois les remercîmens que je lui dois, et pour l'épiscopat en général, et pour moi en particulier. Je ne manquerai pas de me rendre auprès de vous après la fête, à peu près dans le même temps qu'on reviendra de Marly, c'est-à-dire, vers le 8 novembre. Vous croyez bien, monseigneur, que je ne suis pressé de voir mon livre paroître que par son utilité, pour faire connoître le dangereux caractère de l'auteur; car du reste je différerai tant qu'il sera utile et selon vos ordres. M. Phelippeaux notre intendant, étant arrivé à Meaux samedi dernier, je n'ai pas cru pouvoir me dispenser de lui parler du mauvais traitement que M. le chancelier me faisoit. Je n'ai point cru devoir lui parler d'autre chose que de ce que j'aurois dû attendre en particulier d'un chancelier ami, en suivant l'exemple de ses prédécesseurs : du reste j'ai évité exprès de dire un mot de la cause de l'épiscopat, que nous avons à traiter devant un tribunal plus haut et moins prévenu. Quoique je n'aie prétendu autre chose que de donner à M. Phelippeaux, qui agissoit bonnement avec moi, une ouverture pour M. le chancelier à me faire un commencement de justice; j'avoue pourtant que j'aurois parlé avec plus de circonspection, si j'eusse reçu votre lettre. Mais après tout, n'ayant point parlé de la cause de l'épiscopat, je l'ai réservée toute entière, et je prendrai garde à ne mollir point sur l'intérêt commun, quand on me donneroit satisfaction en particulier pour cette occasion: car aussi bien, si on ne va à la source, ce sera à recommencer. J'ai donné un mémoire à M. Phelippeaux, conforme à cette intention, et je vous rendrai compte de tout ce qui pourra en arriver, vous assurant que je ne ferai rien qui affoiblisse la cause. Respect, soumission et obéissance. J. BENIGNE, Ev. de Meaux. A Meaux, ce 30 octobre 1702. |