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secours. Les visiteurs des pauvres lui serviraient d'agens naturels; mais, dans ces communes, un des ecclésiastiques, désigné par l'évêque du diocèse comme aumônier, devrait être placé à la tête des visiteurs des pauvres, les réunir, les diriger, les éclairer, vérifier et contrôler les listes des indigens, et être consulté sur leur formation. Il devrait être chargé lui-même de distribuer les dons de la charité. On ne doit pas oublier que la main de la religion donnera toujours plus de prix aux secours, et appellera bien davantage la confiance des personnes charitables.

La création de la nouvelle grande-aumônerie de France, des conseils de charité, des auditeurs et des visiteurs des pauvres nous semblent présenter un ensemble propre à satisfaire à tous les besoins de l'administration, et à donner à l'emploi des secours publics une direction sage et éclairée. Nous ajouterons à cet avantage celui d'obtenir des ressources plus considérables; car d'une part, les aumônes viendraient naturellement se verser dans les caisses d'une administration consacrée par la religion et la charité; elles seraient plus abondantes, plus assurées; de l'autre, leurapplication serait nécessairement meilleure et plus efficace. On parviendrait ainsi à obtenir plus de moyens de faire le bien et plus de certitude de le bien faire, double but que l'on doit se proposer.

associations volontaires de bien public. C'est la vie du visiteur du pauvre qu'il a voulu tracer, telle qu'elle peut convenir cependant aux gens du monde. Il a décrit ses études, ses travaux, recueilli ses observations et le fruit de son expérience. Il a pénétré dans tous les secrets de la pauvreté, du cœur du pauvre, il a également révélé tous les secrets de la charité. L'on est devenu meilleur, lorsqu'on a ouvert ce livre, duquel on peut dire, à juste titre, que ce n'est pas sculement un bon ouvrage, mais une bonne

action.

CHAPITRE IV.

DES ASSOCIATIONS DE CHARITÉ.

Nous sommes tous frères et membres d'un même corps, parce que nous n'avons qu'un même père, qui est Dieu. Il s'ensuit qu'ayant la même origine, nous devons avoir les mêmes sentimens, être animés d'un même esprit, et contribuer tous ensemble au bien commun, ainsi que les pierres concourent au maintien d'une voûte par leur assemblage et leur union.

L'ORGANISATION administrative des secours publics se trouvant complétée, il s'agirait d'appeler l'esprit d'association à lui servir d'auxiliaire. Les avantages du principe d'association appliqué à la pratique de la charité ne sauraient être méconnus. Nous avons déjà cherché à les faire apprécier, et il nous paraît superflu de les développer davantage.

Les associations charitables peuvent être classées en quatre catégories.

1o Les associations religieuses, soumises à des vœux', à des statuts, à des noviciats, qui se dévouent exclusivement aux exercices de la charité, soit dans les hôpitaux et dans les hospices, soit dans l'enseignement des classes

pauvres.

2o Les associations fondées sur l'esprit religieux, mais sans vœux particuliers, soumises seulement à quelques pratiques de piété, et ayant pour but le soulagement de l'indigence dans sa généralité, ou pour des cas spéciaux.

3o Les associations volontaires de bienfaisance ou de philantropie, agissant par un esprit d'humanité et de bien public, indépendant des considérations religieuses, s'appliquant à des actes de bienfaisance générale, ou à des besoins particuliers.

40 Les associations formées entre des personnes de même profession ou réunies par des intérêts communs, pour s'assister mutuellement, en cas de nécessité.

Chacune de ces classes d'associations agit dans sa sphère avec plus ou moins d'efficacité, suivant que le principe sur lequel elle est basée a plus de force et d'empire. Mais quel que soit leur degré d'utilité, toutes nous paraissent devoir être multipliées et favorisées.

Nous n'avons pas besoin de faire sentir ici les motifs qui placent, au-dessus de toutes les institutions de ce genre, les congrégations religieuses hospitalières et d'enseignement gratuit. Leur dévouement sublime, leur désintéressement, leur perpétuité sont des caractères auxquels on ne peut méconnaître une origine céleste, et une sorte de miracle perpétuel de charité. Spéciales et cependant applicables à toutes les bonnes œuvres sans exception, rien dans les institutions humaines les plus parfaites ne saurait approcher de leur admirable efficacité. Il est donc de la sagesse, de la reconnaissance et du devoir des gouvernemens catholiques de favoriser, autant qu'il est possible, la propagation de ces saintes associations.

La France, heureuse du moins sous ce rapport, n'a pas à désirer que le nombre des congrégations religieuses de charité s'augmente, mais seulement qu'elles étendent leurs rameaux bienfaisans. Nous avons déja fait remarquer que la diversité des instituts serait même plutôt nuisible qu'utile.

Parmi les congrégations hospitalières, les dames de Saint-Vincent-de-Paule, de Saint-Charles, de la Sagesse et deux ou trois autres instituts principaux, nous paraîtraient suffire à tous les besoins des hôpitaux et des hospices; mais il faudrait, par des secours et des encouragemens convenables, les mettre à même d'augmenter leurs noviciats et de fournir des sujets à toutes les paroisses qui en seraient dépourvues. Le gouvernement devrait établir en principe que chaque établissement hospitalier, dépendant de l'administration, serait exclusivement confié à des sœurs de l'un des instituts généraux ci-dessus désignés.

Pour l'enseignement des pauvres, les frères de la Doctrine chrétienne peuvent suffire à toutes les écoles gratuites de garçons, dans les villes au-dessus de 5,000 habitans, ou dont les revenus permettent la dépense qu'exige un établisement de frères qui ne peuvent être moins de trois. Dans les autres communes, des instituteurs religieux isolés, formés dans des maisons normales, créés par les soins des évêques dans chaque diocèse, atteindraient utilement le même but. Les questions relatives aux meilleures méthodes à employer, seraient naturellement du ressort du conseil de la grande-aumônerie. Il n'est point douteux que l'on ne parvînt à s'entendre sur ce point, lorsqu'on aurait pu en dégager l'esprit de parti, et appeler, s'il y avait lieu, l'intervention de l'autorité religieuse suprême pour lever des scrupules respectables ou modifier des statuts obligatoires.

Quant aux écoles gratuites de filles, elles ne peuvent être mieux confiées qu'aux soins des religieuses dévouées à la fois aux établissemens hospitaliers et de l'enseignement charitable, ou de celles qui s'occupent exclusivement de ce dernier objet. Il existe à cet égard un grand nombre d'instituts, tous recommandables, parmi lesquels nous distinguerons les dames de la Doctrine chrétienne et de la

Providence. Aucune institution ne saurait offrir plus d'économie, de garantie et d'utilité ; car les religieuses dévouées aux écoles chrétiennes, peuvent se placer isolément, avec le traitement le plus modique, et s'emploient en outre à toutes les œuvres de la charité et de la religion.

Comme la préférence à accorder aux institutions religieuses de charité hospitalière ou d'enseignement est incontestable sous les rapports religieux et économiques, il serait nécessaire que l'autorité publique décidât que, dans un délai déterminé, tous les établissemens hospitaliers, toutes les écoles gratuites de garçons et de filles pauvres seraient exclusivement confiés à ces institutions, et que les villes et les communes, soit au moyen de souscriptions, de quêtes, de dons volontaires, ou à défaut par les ressources des communes, des hôpitaux, ou enfin par une contribution extraordinaire, fussent obligées de pourvoir les hôpitaux, les hospices et les écoles de sujets nécessaires, en se conformant aux statuts des diverses congrégations désignées.

Nous ne doutons pas que la volonté du gouvernement, formellement exprimée à cet égard, ne fût complétement accomplie, et même sans occasioner des dépenses considérables aux communes et aux hospices, car parmi ces derniers il en est peu qui fussent dans le cas de solliciter à cet égard des secours pécuniaires ou des avances. Il ne faudrait à tous que liberté, sécurité et encouragement per

manent.

Les instituteurs et les institutrices laïques ne seraient point repoussés par ces mesures. Ils continueraient à tenir leurs écoles pour les enfans des personnes riches ou aisées qui leur accorderaient leur confiance. Les communes pourraient les encourager et les aider, si les ressources le permettaient; mais celles-ci seraient, en premier ordre, affectées aux écoles charitables. Si des enfans aisés sui

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