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théories-pratiques de l'agriculture, celles des autres arts qui s'y rattachent.

Le roi de Wurtemberg a fondé un institut agricole dans son château de Hocheim. Il y a à Stuttgard une société d'agriculture protégée par le roi, qui prend lui-même connaissance de ses rapports et de ses travaux.

AUTRICHE.

L'Autriche continue de donner les plus grands soins à l'éducation des classes inférieures, et surtout des paysans. L'impulsion donnée à cet égard par Marie-Thérèse ne s'est pas ralentie, et l'agriculture est l'objet d'une protèction aussi constante qu'éclairée. Rien, de la part du gouvernement, n'a été négligé, durant ces dernières années, pour en hâter le développement. Harrach a vu s'élever un magnifique établissement pomologique; des écoles de perfectionnement pour l'art agricole et l'art vétérinaire, sous le titre de Georgicon, se sont formés à Altemberg, à Kesstely, à Etska, pour favoriser l'étude des plantes exotiques et leur acclimatement. L'archiduc Rainier a créé et enrichi de ses dons le jardin botanique de Monza, tandis que, grâce à la munificence de l'empereur et de ses augustes frères, des fermes-modèles et des jardins botaniques se sont élevés en peu d'années dans les environs de Vienne et dans plusieurs parties de l'empire.

DANEMARCK.

Des encouragemens puissans sont aussi donnés à l'agriculture dans le royaume de Danemarck. Des institutions agricoles, fondées par le roi et par M. le baron de Voght, offrent d'utiles exemples et répandent de précieuses lumières. Le roi s'occupe particulièrement de l'éducation des paysans. Ses soins paternels ont contribué à rendre le Danemarck un des pays de l'Europe où l'on compte le moins de pauvres.

ESPAGNE.

Des institutions vicieuses réunies aux grandes commotions politiques dont l'Espagne a été le théâtre, et dont les causes sont loin d'être amorties, ont retardé dans ce beau royaume l'essor que l'agriculture est appelée tôt ou tard à y recevoir, et qu'elle avait pris sous la domination des Maures et sous le règne de Charles III. Tous les élémens matériels de succès y semblent réunis. La confiance, un sage emploi des capitaux, et quelques réformes sages et graduelles dans les institutions, rendraient florissant et prospère un pays où la nature semble avoir prodigué ses trésors. Les hommes d'état qui ont parcouru une partie de la Catalogne et de l'Aragon, et les royaumes de Valence et de Grenade, peuvent facilement concevoir combien il serait facile d'opérer des prodiges d'agriculture et d'industrie dans ces magnifiques contrées.

En ce moment, l'objet principal de l'agriculture espagnole se borne à l'éducation de sa belle race de bêtes à laine connues sous le nom de mérinos. Encore, cette branche d'industrie est-elle singulièrement contraire à la culture des terres, à cause des priviléges du parcours illimité accordés aux sociétaires de la Mesta (1) sur toutes les terres qui se trouvent placées sur la route des troupeaux. Cette confédération des grands propriétaires de ces troupeaux contre les propriétaires des terres, réduit ceux-ci à ne pratiquer que quelques cultures industrielles, dont les méthodes sont encore les mêmes que du temps des Maures.

Toutefois les Espagnols ont précédé les autres peuples dans la rédaction d'un code rural (sans doute imparfait, mais d'accord avec les institutions du pays), et dans la formation de colonies agricoles; ils ont aussi, les premiers, enseigné l'art de conserver les grains dans les silos. Depuis quelques années, le gouvernement s'est attaché à propa(1) Voir le chapitre IX du livre VII.

ger les sociétés d'agriculture et à améliorer les arts mécaniques. Les progrès sont lents, mais ils existent. Des rapports plus étroits de politique et d'intérêts avec la France, son alliée naturelle, fourniraient à l'Espagne des agriculteurs éclairés, des capitaux et des modèles à imiter. Puisse un jour le vœu d'un grand roi se trouver accompli ! Les deux royaumes pourraient bénir mutuellement, alors, l'acte qui permit à Louis XIV de s'écrier : Il n'y a plus de Pyrénées !

ITALIE.

L'Italie a suivi le mouvement général qui porte les esprits vers l'amélioration de l'agriculture. L'économie politique de cette partie de l'Europe se fonde en grande partic sur le développement de cette source de prospérité : les progrès sont partiels, mais ils ne sauraient manquer d'être un jour sensibles et étendus, si la politique générale offre enfin des gages de stabilité et de repos.

Ce qu'on appelle l'agro romano, ou le territoire de Rome, est la propriété de 113 familles qui réunissent une étendue de 126,000 hectares, et de 64 corporations, lesquelles en possèdent 75,500. Cette surface se divise, par son exploitation, en 416 fermes, dont 178 ont moins de 100 hectares d'étendue, 186 de 100 à 500, 35 de 300 à 1,000, et 17 de 1,000 à 4,300 hectares.

Dans les premiers siècles de Rome, on n'assignait qu'un arpent (2 jugera) à chaque citoyen. Plus tard, le patrimoine d'une famille eut pour maximum une étendue de 250 arpens.

La concentration de ces propriétés a été l'effet naturel des substitutions, du régime de main-morte et du système du parcours. Les mêmes causes ont nui essentiellement à la prospérité de l'agriculture et au bien-être des paysans de cette contrée, dont l'état misérable ne saurait être comparé, suivant M. de Sismondi, qu'à celui des paysans de l'Angleterre.

Dans le reste des états romains, les propriétés sont fort divisées, l'agriculture plus prospère, et les paysans infiniment plus heureux.

Le rétablissement de Rome, dans sa prérogative de résidence des papes, devint le commencement d'une ère de restauration pour les provinces dépendant du patrimoine de saint Pierre. Grégoire XII, Sixte IV, Jules II, Clément VII, Pie V, Paul IV, Sixte V, Alexandre VII, Benoît XIII, Benoît XIV, Pie VI et Pie VII, s'occupèrent à l'envi du soin de protéger et de favoriser l'art agricole. On doit au pape Pie VI de magnifiques travaux d'assainissement dans les Marais Pontins, et à son vénérable successeur, l'abolition de toutes les entraves que la législation apportait à l'agriculture.

En ce moment, le revenu d'un hectare de l'ancien département de Rome équivaut au revenu moyen d'un hectare en France, c'est-à-dire à 50 fr. environ (1).

L'académie des Georgiphiles de Florence remplit avec succès la noble mission d'encourager l'agriculture et d'éclairer les cultivateurs. L'art des irrigations est porté, en Toscane, au plus haut degré de perfection.

On se proposait, il y a peu d'années, d'établir à Brescia, en Lombardie, un institut agricole à l'instar de celui qu'a fondé M. de Fellemberg à Hofwil. La plaine du Pô est cultivée comme un jardin soigné. On y voit quelquefois deux et quatre récoltes dans l'année. Le territoire de Vérone offre la même richesse de culture.

Il existe dans le royaume de Naples quatre écoles d'agriculture, et plusieurs provinces offrent d'excellentes pratiques agricoles.

A Turin, un jardin expérimental remplit le même but. L'agriculture est très florissante en Piémont.

L'académie de Bologne se distingue par des travaux

(1) Voir les Essais statistiques sur Rome et la partie occidentale des états romains, par M. le comte de Tournon.

persévérans en faveur de l'agriculture. Beaucoup de savans et de riches propriétaires s'occupent à l'envi de publier de savans mémoires sur l'avantage des fermes expérimentales, le perfectionnement de la culture de la vigne, du mûrier, des plantes fourragères, et sur l'amélioration des instrumens agricoles, etc.

PAYS-BAS.

La Belgique et la Hollande, instruites par l'exemple des villes anséatiques, sont depuis long-temps placées au premier rang parmi les nations où l'agriculture a reçu les améliorations les plus remarquables. Ces résultats sont dus au travail opiniâtre, à l'économie et à l'industrie des habitans, à la facilité des débouchés et à la modicité des impôts. La Belgique a été une des parties de l'Europe où le mouvement progressif des perfectionnemens agricoles s'est fait sentir le plus tôt, et c'est là qu'ils ont été suivis avec plus de constance. Le système de culture alterne s'y est propagé avant qu'il fût introduit en Angleterre. La facilité et l'économie des communications doivent être regardées comme - un des moyens qui ont favorisé davantage les progrès de l'industrie agricole. L'esprit d'association, l'économie, le goût de l'ordre et du travail des habitans, ont complété la réunion des circonstances qui ont porté aujourd'hui l'agriture en Hollande au plus haut point de prospérité, malgré les obstacles qu'une volonté forte et une impérieuse nécessité pouvaient seules parvenir à vaincre.

PORTUGAL.

La situation de l'agriculture en Portugal peut être comparée justement à celle de l'Espagne, avec laquelle ce royaume présente tant d'analogic. Depuis 1824, quelques améliorations utiles ont été introduites; des soins plus attentifs sont donnés à l'éducation des classes inférieures;

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