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deux sexes, au-dessus de six ans, moyennant la somme de 35,000 florins (73,500 fr.) par an, et pendant seize ans, ce qui porte la dépense de chaque individu à 55 florins (75 fr. 50 c. ).

D'après ce traité, le gouvernement acquiert, au bout de seize ans, le droit de tenir constamment au complet le nombre de 1,000 mendians, sans que la société puisse réclamer aucune indemnité.

Plus prudent que l'administration française, le gouvernement des Pays-Bas a conservé les dépôts de mendicité fondés pendant la réunion de la Belgique et de la Hollande à la France. La législation sur la mendicité a également été maintenue, avec cette modification, qu'un mendiant, arrêté par l'autorité compétente, au lieu d'être envoyé immédiatement au dépôt, peut demander d'être admis dans une colonie libre. Ce n'est que sur un arrêt du conseil de discipline de la colonie qu'il peut être transféré au dépôt agricole de répression (1).

Au 1er janvier 1829, la population de la colonie de répression de Merxplas-Ryckevorsel se composait, savoir:

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La colonie libre de Wortel avait une population de 572 individus.

Total de la population des colonies agricoles de la Belgique, au 1er janvier 1829, 1,579 (2).

(1) La Hollande, après la formation du royaume des Pays-Bas, a repris les anciens réglemens qui régissaient l'administration des établissemens de charité. La Belgique, au contraire, a conservé entièrement à cet égard la législation et les réglemens introduits pendant la domination française.

(2) Ces institutions ont été à peu près abandonnées depuis la révolution de 1830, ainsi qu'on le verra dans le chapitre suivant.

A la même époque, les établissemens créés par les sociétés de bienfaisance de La Haye et de Bruxelles, dans le royaume des Pays-Bas, formaient quatorze colonies, savoir :

1° Huit colonies libres avec une population de.
2o Six colonies pour mendians, orphelins, enfans

trouvés.

Total.

3,240 individus.

5,323

8,563 (1).

Les sociétés de bienfaisance de La Haye et de Bruxelles comptaient 24,949 souscripteurs, savoir :

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Les revenus annuels de la société générale de bienfaisance du royaume des Pays-Bas (composée des sociétés de La Haye et de Bruxelles), s'élèvent, en 1829, à plus de 300,000 florins (648,000 fr.). Le gouvernement, les hospices et les communes (2) lui paient, avec un bénéfice

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(1) Les communes ont envoyé un très petit nombre de pauvres aux colonies agricoles. Comme elles ne sont pas forcées de les entretenir, l'engagement de payer annuellement 25 fl. (73 fr. 50 c.) pour chacun d'eux, leur eût été aussi onéreux, qu'il est avantageux au gouvernement et aux hospices de contracter, à ce prix, pour les mendians et les individus admis dans les dépôts de mendicité et les établissemens charitables.

III.

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réciproque, 55 florins (75 fr. 50 c.) par mendiant, 25 florins (52 fr. 50 c.) pour chaque invalide, et 17 florins (56 fr. 72 c.) pour les enfans au-dessous de treize ans.

Le succès des colonies agricoles des Pays-Bas a résolu pour ce royaume et pour l'Europe un problème d'un immense intérêt en faveur des classes indigentes.

Les hommes d'état de la Hollande ne mettent plus en doute, d'après les résultats progressifs obtenus depuis dix ans, la possibilité d'arracher réellement et complétement à la détresse, à l'ignorance et à l'immoralité, par une application suivie des mêmes moyens, la totalité des mendians et près de la moitié des individus classés au rang des indigens, et enfin, ce qui n'est pas moins précieux, de donner à tous les enfans de la population pauvre des principes religieux, des habitudes de travail, d'ordre et d'économie, et une instruction suffisante, ce qui doit nécessairement préserver leur vie de la misère qui a entouré leur berceau (1).

(1) On pouvait et l'on devait s'attendre à ce que ces bienfaisantes institutions n'échapperaient pas à la critique des hommes superficiels ou soumis à l'influence d'une aveugle routine. Elles ont eu leurs détracteurs, comme en ont eu la vaccine, les nouveaux procédés agricoles; comme en ont eu jadis l'institution des bons frères de la doctrine chrétienne, en un mot, comme en auront toujours la plupart des innovations utiles.

Les détracteurs affirment que l'état prospère des colonies agricoles ne saurait se soutenir long temps. Mais, pourquoi ce présage? Les champs défrichés dans la Campine et dans d'autres contrées des Pays-Bas, champs qui aujourd'hui fournissent d'excellentes terres; les plaines si fertiles du pays de Waës, qui n'étaient autrefois que des landes abandonnées; enfin, la prospérité toujours croissante, depuis dix ans, de la colonie de Frederick'sOord, sont la pour répondre à cette inquiétude chagrine et peut-être volontaire.

On a prétendu que les produits des landes défrichées ne compenseront pas, d'ici à vingt ans, les dépenses et les avances faites pour leur défrichement et leur culture. Il est vrai que l'expérience scule peut décider complétement cette question (pour les colonics de mendians sculement, car elle l'est à l'égard des colonies libres); mais nous devons dire que l'opinion des détracteurs des colonies est tout-à-fait contraire à celle des agronomes les plus éclairés.

Le but de la société de bienfaisance n'a été entrepris dans aucune vue de spéculation lucrative. Elle n'a pas besoin de bénéfices directs et immédiats. Elle ne songe point à s'enrichir. Elle a compté sans doute sur la rentrée successive de ses avances de fonds; mais il lui suffira de pouvoir rembourser les emprunts aux délais prescrits. Elle a eu la noble pensée de parvenir à diminuer les causes du paupérisme, par l'extension de l'agriculture nationale. Mais elle cherche surtout à tirer de la misère et de l'abjection le plus grand nombre possible d'infortunés; et, n'eût-elle obtenu que ce résultat, elle serait déjà bien amplement récompensée.

un

Au surplus, une association qui n'avait pas un seul pouce de terre en propriété il y a douze ans, et qui en possède des milliers d'hectares, qui dispose d'un capital de 5 millions de florins (10,800,000 fr.) dont les intérêts se paient et l'amortissement s'opère avec la plus rigoureuse exactitude, et qui jouit enfin de la confiance publique à ce point que ses effets sont aussi avantageusement cotés à la bourse, que ceux de l'état lui-même ; une telle association, disons-nous, ne peut craindre de voir échouer ses généreux efforts.

Au 1 juillet 1830, les colonies de bienfaisance renfermaient plus de 8,500 individus qui y jouissaient d'une existence honnête et assurée, et étaient heureux relativement, du moins, à leur condition passée. Les colons travaillaient collectivement des portions de terre détachées de la colonie, pour former un fonds de réserve destiné à secourir les familles malades ou victimes de malheurs involontaires. La mendicité était à la veille de disparaître du royaume par des moyens doux et humains. Tous les ans, un grand nombre de colons (dont beaucoup jadis mendians), après avoir satisfa leurs obligations envers la société, sont émancipés, paient leurs to florins (108 fr.) de fermage, et ne sont plus en rien à la charge de la société de bienfaisance. Il n'est pas douteux qu'on arrive à ce point avec la presque totalité des ménages actuels. L'état et les hospices ont économisé 50 p. 100 dans l'entretien des enfans trouvés. La charité publique et particulière peuvent soutenir vingt indigens pour la même somme qu'exigeait autrefois l'entretien de quatre orphelins; et au bout de seize ans, les bienfaits ropandus à cette époque sur un certain nombre de pauvres se continueront à erpétuité, d'eux-mêmes et sans aucun nouveau sacrifice.

De tels résultats dispensent de toute autre apologie et ne peuvent manquer d'exciter au plus haut degré l'attention et l'intérêt de tous les hommes qu en Europe et surtout en France, se sont occupés des moyens d'éteindre mendicité et d'améliorer le sort des classes indigentes.

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CHAPITRE VII.

P

EXTRAIT D'UN VOYAGE FAIT EN 1829 AUX COLONIES
AGRICOLES D'INDIGENS DU ROYAUME DES PAYS-BAS.

Ainsi vous assurez, bienfaiteur du village,
Des secours au vicillard, des leçons au jeune âge.
(DELILLE.)

LE spectacle journalier de la misère qui accable la classe ouvrière dans les villes manufacturières, même les plus pulentes, affligeait depuis long-temps mes regards et préoccupait mes pensées. Le désir ardent d'y apporter quelque remède m'avait fait prendre le plus vif intérêt aux diverses publications dont l'établissement des colonies agricoles d'indigens, fondées en Hollande et en Belgique, avaient été l'objet depuis plusieurs années. J'avais lu tous les mémoires qui avaient paru sur ces belles institutions qui semblaient destinées à former une ère nouvelle dans les annales de la bienfaisance; et rêvant, pour notre belle patrie, l'imitation d'un aussi noble exemple, j'avais présenté au gouvernement quelques vues sur les avantages et les moyens de créer en France de semblables établissemens. Mais ce tribut ne pouvait satisfaire complétement mon cœur : j'étais impatient de m'assurer par moi-même s'il n'y avait pas quelque exagération dans les rapports des administrateurs des colonies néerlandaises, dans l'amour

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