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C'est environ 4,700 lits qui manquent encore, et qui donneraient lieu à une dépense de 1,715,500 fr. par an. On peut parvenir à les compléter, en encourageant les fondations par des priviléges et des garanties suffisantes de perpétuité dans les familles des fondateurs. Des associations spéciales de charité pourraient se former dans ce but si important. Enfin, les économies des hôpitaux devraient être consacrées à cette destination. Quant à la population rurale, ou des communes au-dessous de 5,000 habitans, elle n'a guère, pour le soulagement des malades indigens, que la ressource des secours à domicile. Il est vrai que la proportion du nombre de ces malades est beaucoup moins considérable. Cette population s'élève à 26,938,698 habitans. Le rapport des malades pauvres n'est guère que de 1 sur 800 habitans, et de 1 sur 47 indigens, ce qui donnerait 33,697. En supposant la durée du traitement à 36 jours et le prix de journée à 1 fr., on aurait une dépense totale d'environ 12,140,920 fr. (La dépense de 35,697 malades se trouvant renouvelée dix fois dans l'année.)

CHAPITRE VII.

DES HÔPITAUX DE FEMMES EN COUCHE.

Du sage agriculteur voyez les doux emplois :
De l'orme adolescent il soigne la jeunesse,
Du chêne décrépit, rajeunit la vieillesse.
(DELILLE.)

LES secours donnés aux femmes indigentes en couche sont d'une telle importance aux yeux de l'humanité et de la société, que l'on ne saurait s'arrêter à la considération de l'inconvénient qu'ils peuvent produire en favorisant l'imprévoyance des classes ouvrières et le principe de la population. Indépendamment de l'obligation de charité, obligation déjà si impérieuse, il est certain que l'abandon dans lequel la société laisserait une pauvre femme en couche, l'exposerait à voir tomber complétement à sa charge des êtres estropiés, faibles et hors d'état de pouvoir payer leur tribut de travail à la communauté. La seule précaution d'économie et de morale à prendre par la charité publique, est de donner les secours à domicile, toutes les fois que cela est praticable, et de n'admettre, surtout, dans les hospices de maternité, que des femmes légitimes. Cette dernière règle devrait être observée dans tous les établissemens publics. Elle l'est en Angleterre,

sinon rigoureusement, du moins nominalement, dans toutes les institutions fondées par la bienfaisance.

Du reste, il est du devoir de l'autorité publique de veiller à ce qu'il se forme un nombre suffisant d'accoucheuses ou de sages-femmes habiles, éclairées et morales, pour subvenir aux besoins de toutes les localités de la France. Beaucoup de départemens du royaume (et dans ce nombre on peut citer le département du Nord, l'un des plus importans et des plus peuplés) n'ont point encore de cours public d'accouchement. Pour compléter le système des secours publics et de l'hygiène publique, il conviendrait d'ordonner la création de semblables institutions dans chaque chef-lieu de département, et de prendre des mesures efficaces pour que, dans un court délai, chaque commune de mille habitans fût pourvue d'une accoucheuse, reçue conformément aux règles établies, et à laquelle il serait accordé un traitement convenable pour les soins à donner aux femmes en couche indigentes. De nombreuses sociétés de charité maternelles ont été fondées pour multiplier les secours qu'exige cette classe de malheureux. Il n'est pas douteux qu'on ne parvint à les étendre de manière à soulager tous les besoins.

On calcule qu'il existe, en France, habituellement, 18,365 indigentes en couche (1 sur 1,687 habitans, 1 sur 80 indigens). Le secours convenable à leur accorder est de 60 fr. La dépense totale s'élèverait à 1,101,900 fr.

CHAPITRE VIII.

DES HOSPICES D'INFIRMES ET DE VIEILLARDS.

Non moins dignes de pleurs quand le sort les offense,
La débile vieillesse et la fragile enfance.

Un enfant, un vieillard! qui peut les voir souffrir?
L'un ne fait que de naître, et l'autre va mourir,
(Delille. )

les

Nos observations sur l'avantage de traiter les indigens malades à domicile et au moyen des dispensaires, préférablement à leur admission dans les hôpitaux, s'appliquent avec plus de force aux soins à donner aux vieillards et aux infirmes. Il faut sans doute que les malheureux, que infirmités ou la caducité de l'àge réduisent à l'impossibilité de travailler, et qui n'ont point de famille pour les soigner, soient admis dans un asile charitable; mais il nous semble juste et moral de laisser aux enfans et aux parens proches le soin de pourvoir à l'existence de ceux envers lesquels la nature, la religion et les lois leur commandent de l'exercer. La charité publique pourrait leur accorder, en cas d'indigence constatée, un secours à domicile.

Il serait convenable également d'ordonner, pour l'avenir, qu'aucun ouvrier ne pût être admis dans un hospice, pour cause d'extrême vieillesse, qu'autant qu'il aurait constamment placé des épargnes, compatibles avec son

salaire, dans les caisses de prévoyance établies dans la ville de sa résidence.

Nous avons déjà fait observer combien la perspective assurée aux ouvriers, à la fin de leur carrière, d'être reçus sans condition dans un hospice, tend nécessairement à leur enlever toute idée d'économie et de prévoyance pour leurs vieux jours. En même temps, elle affaiblit dans leur cœur et dans celui de leurs enfans les sentimens d'affection, de respect et de devoirs mutuels qui se rattachent aux noms de père et de fils. Elle détruit les liens moraux les plus sacrés et les plus nécessaires à l'ordre social. On voit trop souvent des enfans dénaturés refuser de rendre à un père âgé ou infirme les soins que commandent la voix du sang, la reconnaissance et les préceptes de la religion. Les lois punissent cet attentat. Il faut que les mœurs publiques le repoussent non moins fortement; et pour cela, il est important que la charité publique n'agisse pas dans un but contraire.

Sous le rapport économique, il y aurait double avantage à secourir le vieillard indigent au sein de sa famille. indigente. Dans la vie de famille, on tire encore parti d'un reste de force, et ceci s'applique aux vieillards comme à un grand nombre d'infirmes, car toutes les infirmités n'entraînent pas incapacité absolue pour le travail. La famille est une société naturelle où chacun met sa part de contribution aux soins du ménage, où l'un supplée à l'autre. Le vieillard ou l'infirme peut garder les enfans, la maison, etc., ou rendre beaucoup d'autres petits services, surtout à la campagne.

Dans tous les cas, les secours à domicile devraient être préférés, sous le rapport de l'économie et de la charité, puisque la pension d'un vieillard à l'hospice peut en faire subsister trois ou quatre dans leurs familles.

Ainsi, il est dans les intérêts de tous de n'ouvrir aux vieillards la porte des hospices que lorsque les soins de

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