OEuvres complètes de Edgar Quinet ...: Ahasvèrus. Les tablettes du Juif errant

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Paguerre, 1858
 

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Popular passages

Page 210 - De tous les hommes, il n'en est pas un qui soit comme lui. Pour ermite, il est trop jeune; pour fils de prince, il est trop triste; trop pâle, pour maître templier; trop fier, pour pèlerin d'amour. RACHEL. « Je me confesse à Dieu tout-puissant, à la bienheu
Page 52 - ... plus animée, mais non plus claire, parce qu'elle sent plus vivement cette pensée, sans la comprendre davantage. La philosophie la comprend. Si la poésie la comprenait, elle deviendrait la philosophie et disparaîtrait. Voilà pourquoi Pope et Voltaire sont des philosophes et non des poètes. Voilà pourquoi la poésie est plus commune et plus belle dans les siècles les moins éclairés, plus rare et plus froide dans les siècles de lumières ; voilà pourquoi, dans ceux-ci, elle est le privilège...
Page 57 - Ce que la poésie a le pouvoir d'exprimer, ce n'est donc pas la sensation immédiate que nous recevons des objets, mais -le sentiment intérieur qui se forme en nous à l'occasion de ces objets : ce qu'elle est apte à exprimer, ce sont des rapports. Si la poésie n'avait qu'à transcrire la sensation présente, il faudrait que le...
Page 219 - Darder, en plein soleil, des paroles huppées; habiller de phrases une ombre, un squelette, moins que cela, nn rien; le coiffer de rimes, le chausser d'adverbes, le panacher d'adjectifs, le farder de virgules; quelle faculté dans l'homme, monsieur ! et songer que tout lui obéit, premièrement, ce qui n'est pas ! se plonger dans l'océan transparent des choses pour y pêcher le ciel, et rapporter au rivage une douzaine de mots polis, luisants, ruisselants. Ah! voilà de ces vies d'émotion dont...
Page 124 - La nature est ma passion, et une nuit d'Orient m'a toujours tenu éveillé autour des troncs des figuiers. Mais à présent, entre nous on peut le dire, cette lumière dardée sur les rivages, l'indigo de la mer, l'ombre noire des montagnes, ces voix qui soupiraient dans les branches des forêts, ces esprits qui gazouillaient dans les sources, et cette poussière d'or jetée à pleines mains aux yeux de l'univers, n'étaient que faux aloi; aujourd'hui le secret est connu. Dans nos creusets chimiques...
Page 287 - N'attends plus que ton désir trop éconduit s'achève avant la mort, ni que de l'Océan tu gardes dans ta main plus qu'une goutte. A l'univers ne demande plus rien, que deux rayons du jour pour voir, pour voir encore, sous les voûtes, les peintures dorées des vieux maîtres florentins, et le menu sentier que ta pensée laisse en marchant. Après l'amour, après la foi, l'art est beau, l'art est saint. Ce n'est pas le ciel, mais ce n'est plus la terre. LE POÈTE.
Page 41 - L'ange qui t'accompagne ne te quittera pas. Si tu es fatigué, tu t'assiéras sur mes nuages. Va-t'en de vie en vie, de monde en monde, d'une cité divine à une autre cité ; et quand, après l'éternité, tu seras arrivé, de cercle en cercle, à la cime infinie où s'en vont toutes choses, où gravissent les âmes, les années, les peuples et tes étoiles, tu crieras à l'étoile, au peuple, à l'univers s'ils veulent s'arrêter : « Monte, monte toujours ; c'est ici.
Page 17 - Ces témoignages datés de la fin du seizième siècle et du commencement du dix-septième, ces certificats de présence, signés par des hommes graves, tels que le secretarius Christophe Krauss et le docteur Paulus de Eitzen, sont infiniment plus extraordinaires et plus curieux, vu leur date récente, que ceux que nous trouvons au treizième siècle dans Matthieu Paris. Il fallait que cette légende singulière eût jeté, de bien profondes racines au moyen âge, pour avoir ainsi survécu, en Allemagne,...
Page 394 - Ah ! c'est que le ciel est vide ; c'est que je suis seul au firmament. L'un après l'autre, tous les anges ont plié leurs ailes, comme l'aigle quand il est devenu vieux. Ma mère Marie est morte ; et mon père Jéhovah m'a dit sur son chevet : Christ, mon âge est venu. J'ai vécu assez de siècles de siècles ; les mondes me pèsent à soulever.
Page 17 - Il n'avait pas d'autre occupation que de marcher dans la salle sans rien dire; de frapper de sa main contre le mur et quelquefois contre sa poitrine, pour témoigner son regret d'avoir frappé la sainte face du Seigneur. Je trouve ces détails dans un ouvrage anonyme publié en allemand au milieu du...

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