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que le Père céleste prononce les sublimes paroles rapportées au . 7, suivant que Saint Paul nous l'a expliqué dans le livre des Actes, x. 32-33. La génération du Verbe dans le sein du Père, est éternelle, et de tous les instans; et en ce sens, il n'y a pas un seul jour où le Père ne lui dise véritablement : Vous êtes mon fils, je vous ai engendré aujourd'hui. Cet aujourd'hui, comme l'observent les SS. Docteurs, est un jour éternel. Mais il s'agit ici de la génération du Verbe uni personnellement à l'humanité, établi, selon cette humanité, roi de tous les hommes; et quoiqu'il soit vrai, en cette manière), que Jésus-Christ a été engendré du Père dès le premier moment de son incarnation, néanmoins il est certain qu'il ne parut d'abord avec le caractère de majesté qui lui convenait. La qualité de Fils de Dieu étoit obscurcie par celle de Fils de l'Homme; et son père même, par la conduite qu'il tenoit à son égard, sembloit en quelque sorte le méconnoître. Ce n'est qu'au jour de la résurrection, où J.-C. est sorti du tombeau avec une nouvelle vie, qu'il a paru véritablement ce qu'il étoit, qu'il a été montré comme fils immortel d'un père immortel, et que ces divines paroles lui ont été adressées dans toute leur énergie: Vous étes mon fils, je vous ai engendré aujourd'hui. C'est alors qu'il est entré en possession de son règne, dont le siége, tomme les prophètes l'avoient prédit, fut établi dans la ville même de Jérusalem, qui, après le renouvellement, redeviendra encore le centre de l'Eglise. C'est alors que toutes les nations ont été soumises à son sceptre, et lui ont été données comme le prix de ses humiliations et de ses souffrances.

IV. Par ce pouvoir souverain, il brise successivement toutes les puissances qui osent s'élever contre lui. Hérode, Pilate, les Juifs et leurs pontifes, les Romains et leurs

Césars, ont tour-à-tour succombé sous ses coups. Il en sera de même dans tous les siècles de tous ses ennemis. Le Psalmiste les avertit de rentrer en eux-mêmes, et de prévenir le jour de ses vengeances. Malheur à ceux qui n'auront pas profité de cet avertissement ! Mais heureux tous ceux qui, reconnoissant Jésus-Christ pour leur Sauveur, auront recours à lui, et mettront en lui leur confiance!

V. Trois personnes parlent dans ce Psaume. D'abord le Psalmiste; il expose la conspiration générale formée contre le Seigneur et son Christ, et il en témoigne son étonnement. Au . 4., Jésus-Christ lui-même prend la parole; il annonce l'inutilité de cette conspiration. Au . 10., le Psalmiste reprend, et adresse son avertissement aux rois apostats.

III.

Domine, quid multiplicati sunt.

Le titre de ce Psaume, tel qu'on le lit dans le texte Hébreu, l'attribue à David lorsqu'il fuyoit devant Absalom. D'autres pensent, avec plus de raison, qu'il l'a composé après sa victoire sur Absalom, et son retour à Jérusalem, en se rappelant tous les périls qu'il avait courus dans sa fuite. Je ne nie point que cet événement ou tout autre semblable n'ait été l'occasion du Psaume; mais je nic qu'il en soit le sujet. Le . 6 indique clairement J-C., dont il énonce la mort et la résurrection, et tous les Pères l'y ont reconnu, ainsi que les plus judicieux interprètes; au lieu qu'on ne peut l'appliquer à David que dans un sens forcé.

C'est donc le divin Sauveur qui parle et qui exprime ses sentimens dans tout le Psaume. Quoique ressuscité, quoique élevé au ciel, et jouissant de toute sa gloire,

il

il daigne, dans ce haut point de grandeur, s'identifier et se confondre, pour ainsi dire, avec son Eglise, qui est son corps. Et c'est dans cet esprit qu'à la vue des nombreux ennemis dont elle se trouve environnée dès son berceau, dans le temps, par exemple, qui suivit le martyre de St. Etienne, il s'écrie: Que le nombre de mes persécuteurs est grand! et le reste que nous lisons dans les premiers versets du Psaume; à peu près comme au Livre des Actes, et dans cet instant même, il disoit à Sail, qui poursuivoit à outrance son Eglise naissante, Saül, Saül, pourquoi me persécutez-vous ! et ensuite : Je suis Jésus que vous persécutez. (Act. 1x. 4. 5. )

Bientôt le Sauveur se rassure par l'idée consolante de la protection de Dieu, qui est son bouclier, qui est sa gloire, et qui a déjà mis en sûreté sa tête, en l'élevant même au plus haut des cieux, par-dessus toutes les principautés et les puissances. Il faut peser avec grand soin sur ce mot de tête, qui n'est point ici, comme il peut être ailleurs, une expression purement figurée et métaphorique. Jésus-Christ ne se regarde dans sa propre personne que comme la tête de son Eglise. La tête est sauvée et glorifiée; le corps suivra : cela est indispensable. Il faut bien que le corps aille se placer où est la tête. C'est ce que le Sauveur développe dans les versets suivans. J'ai crié, dit-il, de dessus ma croix, en demandant avec instance ma résurrection; et le Seigneur m'a exaucé du haut du ciel, qui est sa montagne sainte. Alors je me suis endormi paisiblemeut du sommeil de la mort; et après un jour d'intervalle, dès l'aube du troisième jour, je me suis réveillé par ma résurrection, parce que le Seigneur a été mon appui. Voilà ce qui est arrivé dans ma personne. Il en sera de même à l'égard de mes membres ; je ne crains point pour eux toute cette foule d'ennemis. Levez-vous,

Seigneur; sauvez-moi, mon Dieu. Il commande en quelque sorte au Seigneur de venir à son secours : tant il se tient assuré de sa délivrance! Aussi-bien, ajoute-t-il, vous avez frappé tous mes ennemis à la mâchoire ; vous avez brisé les dents des méchans. C'est en effet ce qui a été accompli très-parfaitement en la personne de Jésus-Christ. La mort, le dragon, l'enfer, en attaquant le juste par essence sur lequel ils n'avoient aucun droit, et en essayant de le mordre, se sont brisé les dents et la mâchoire; ils ont été vaincus et désarmés, et dépouillés de leur empire.

Notre Seigneur termine en rappelant cette vérité fondamentale des Livres saints, que c'est à Dieu qu'il appartient de sauver ; et en priant pour son Eglise : prière efficace, et infailliblement exaucée, d'un médiateur qui a tout mérité et tout obtenu.

IV.

Cùm invocarem, exaudivit me.

I. On convient que ce Psaume est un des plus difficiles. Le texte est vague, obscur par cette généralité même, d'ailleurs altéré visiblement en plusieurs endroits; et l'on n'apperçoit pas aisément le lien qui en unit tontes les parties.

II. Le titre l'attribue à David, et les interprètes demeurent d'accord que David, ce qui est très-probable, l'a composé, lorsqu'il fuyait devant son fils Absalom après que Sobi, Machir et Baïrzelle lui eurent apporté, au-delà du Jourdain, divers raffraîchissemens dont son armée et lui avoient un extrême besoin. C'est à ce secours inopiné, regardé par David comme un coup du Ciel, qu'il fait allusion dans les . 7. et suivans. Mais tout l'ensemble du Psaume est trop relevé, trop auguste, et présente un sens beaucoup trop étendu, pour qu'on

puisse le limiter à un événement de cette espèce. Voyez en particulier les . 3 et 5.

III. En suivant l'ouverture donnée par les interprètes, il semble qu'on peut arriver à une solution satisfaisante. David, après un règne glorieux et paisible, rejeté en un instant et sans cause par tout son peuple, obligé de sortir de Jérusalem pour éviter de tomber entre les mains de son fils Absalom et du traître Achitophel, passant le torrent de Cédron dans un état humiliant, et avec ses plus fidèles serviteurs qui pleurent sur lui et sur eux, chargé de malédictions, portant toutes les marques de la colère de Dieu et de son abandon, privé même par cette raison de la présence de l'Arche qui lui étoit offerte, et qui l'auroit comblé de consolation, mais dont Dieu lui fit alors connoître qu'il devoit se séparer: David, dans cette position, représentoit évidemment Jésus-Christ, passant le même torrent de Cédron après la dernière Cène, accompagné de ses fidèles disciples, auxquels il venoit d'annoncer sa mort prochaine, et qu'une si triste nouvelle avoit pénétrés d'affliction, pendant que Judas, l'un d'eux qui l'avoit trahi, se préparoit avec les chefs du peuple Juif, à exécuter son dessein perfide. Il y a sans doute des différences entre les deux événemens, comme il s'en trouve dans toutes les figures: mais les ressemblancès sont encore plus frappantes; elles ont saisi tous les anciens Pères, et il y a peu d'interprètes, même parmi ceux qui ne s'attachent qu'à la rigueur de la lettre, qui n'aient reconnu cette conformité (1).

(1) David typus in plerisque Christi, à filio suo bello petitus, urbe migrans, eumdem torrentem transiit, bonis tam indignam ejus calamitatem lacrymantibus. Sicut perfidus Achitophel Juda, ita Absalomus ingratus et rebellis filius, populi Judaïci gessit imaginem. Grotius in Joannem.

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