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vulgaire. Il se contente de déclarer qui il est, modestement et dans les termes les plus simples.

Ce que dit l'homme établi par rapport au Messie du Dieu de Jacob, et l'auteur des Cantiques qui font la joie d'Israël. Voilà les titres particuliers qui caractérisent le Prophète, et le distinguent d'avec les autres.

1o. C'est un homme, ou plutôt c'est l'homme, l'homme par excellence, établi par rapport au Messie du Dieu do Jacob. Cet homme en lui-même n'est rien. Toute sa grandeur, et même, si on l'ose dire, son existence, est, comme celle du saint Précurseur, purement relative. Il n'est au monde et n'a été fait ce qu'il est que pour le Messie, en vûe du Messie, pour le figurer en toutes les manières possibles par les circonstances de sa vie, par l'obscurité et la pauvreté de son premier état, par sa manifestation, et les dures épreuves qui l'ont suivie, par ses combats, ses victoires et son règne. Tel est le premier trait par lequel David est en quelque sorte personnifié.

2o. Il en est un autre plus singulier, et tout à fait propre à ce grand Prophète. David ne représente point le Messie, comme une toile inanimée représente l'objet qu'on y a peint. Il est instruit des rapports multipliés qui sont entre lui et le dessin original. A chaque événement de sa vie, Dieu lui a montré, Dieu lui a fait voir dans le plus grand détail ce qu'il signifioit; et, par un privilége qu'il ne partage avec personne, il lui a été donné nonseulement, comme aux autres Prophètes, d'annoncer les mystères cachés sous ces emblêmes, mais de les célébrer, de les chanter, et de former en nous par les expressions d'une ravissante poésie tous les sentimens qu'ils doivent nous inspirer. Il en est résulté cette suite d'admirables cantiques qui comprennent dans leur ensemble toute l'étendue de l'œuvre de Jésus-Christ, et qui, après avoir

fait depuis David la consolation de tous les justes de l'Ancien-Testament, font aujourd'hui et feront jusqu'à la fin des siècles l'édification de toute l'Eglise. Il est l'auteur des Cantiques qui font la joie d'Israël.

Quand on parle de Jésus-Christ comme étant l'objet des Psaumes, il faut entendre selon la remarque d'Estius, Jésus-Christ tout entier, le chef et les membres, JésusChrist dans sa personne, et dans son corps mystique', qui est l'Eglise. Car David, aussi-bien que Joseph, a figuré l'un et l'autre, et, par une suite nécessaire, l'un et l'autre ont été le sujet de ses chants : en sorte qu'énoncer que les Psaumes sont destinés à prédire Jésus-Christ et tout ce qui le concerne, c'est, comme le dit Estius, en assigner la principale matière (1), savoir la matière de tous les Psaumes prophétiques, qui forment incontestablement la plus grande partie du Psautier.

Ajoutons qu'en un certain sens les Psaumes moraux eux-mêmes ne sont point d'un autre ordre, puisqu'ils ne font qu'exprimer les sentimens de Jésus-Christ et de son Eglise, du chef des justes, et de tous les justes individuels, soit en général ou en particulier.

Et ainsi il est vrai que Jésus-Christ, en prenant ce mot dans son acception légitime, est l'objet unique de la totalité des Psaumes.

Voilà le prophète bien désigné par son nom, et par les caractères qui le distinguent. Il a annoncé qu'il avoit quelque chose à nous dire: Voici ce que dit.

Et que nous dit-il en effet?

(1) Quibus verbis significat præcipuam suorum Psalmorum ma¬ teriam fuisse prænuntiare adventum Christi, et ea quæ ad Christum, ejusque corpus, id est, Ecclesiam pertinerent. Nam in Christo, et caput, et membra, intelligenda sunt. Estius, ubi supra.

i.

L'Esprit du Seigneur s'est fait entendre par moi; ma langue a prononcé les paroles qu'il m'a dictées. Par ces mots, David nous élève jusqu'à la source de la prophétie, et des Psaumes qui en contiennent le dépôt. Il venoit en quelque sorte d'y apposer son seing et son cachet particulier, en s'en déclarant l'auteur; maintenant i y imprime le sceau de Dieu même, en lear donnant à tous une origine céleste et une autorité divine. Je n'ai été, dit-il, que l'interprète et l'organe du souverain maître de toutes choses. C'est lui-même qui remuoit ma langue > et lui dictoit les paroles qu'elle devait prononcer; et ma bouche n'a servi que de trompette pour publier à jamais ses merveilles.

III. Ce foudement nécessaire une fois posé, le Prophète va désormais entrer dans un plus grand détail, et marquer plus distinctement l'objet des Psaumes.

Le Dieu d'Israël a dit de moi; le Fort d'Israël a déclaré à mon sujet : il règnera sur les hommes avec justice; il règnera dans la crainte de Dieu. Cela regarde évidemment le Messie. Comment donc le Prophète s'ap proprie-t-il à lui-même si affirmativement ces grandes paroles: Le Dieu d'Israël a dit DE MOI; le Fort d'Israël a déclaré ▲ MON SUJET? Souvenons-nous de ce qu'il nous a dit en commençant, qu'il est un homme figuratif, établi uniquement par rapport au Messie du Dieu de Jacob. Il est son type; il lui sert en quelque manière d'enveloppe, et dès-lors tout ce qui est dit du prophètie, est dit véritablement du Messie. Dans le Psaume 88, où les promesses du Messie faites précédemment sont rappelées, il est dit, V, 21: J'ai trouvé David mon Serviteur, je l'ai oint de mon huile sainte. Et tout ce qui suit ne concerne, ne peut concerner littéralement que le Messie; ce qui fait voir que dès le début

et dans le . 21, c'est le Messie qui se trouve désigné sous le nom de David. Delà vient aussi que, dans les temps postérieurs, divers prophètes, * Osée, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, parlant du Messie, l'ont annoncé non-seulement comme fils de David, mais comme étant David lui-même, dont ils ont affecté de lui donner le nom, confondant ainsi la vérité avec la figure. C'est donc du Messic promis sous le nom de David, qu'il faut entendre les paroles actuelles: Il règnera sur les hommes avec justice; il règnera dans la crainte de Dieu. Il règnera sur les hommes, sur tous, et non pas sur un seul peuple; il règnera avec justice et dans la crainte de Dieu ou la piété, c'est-à-dire, avec une perfection et à l'égard de Dieu, et à l'égard des hommes, dont la vertu des plus excellens rois aura été une bien foible image. Voilà le grand objet des Psaumes qui est ici montré le Messie et son règne.

Il paroitra comme la lumière du matin, comme un soleil du matin qui est sans nuages, et comme une nuée bienfaisante qui répand la pluie, et fait germer l'herbe de la terre. Symboles ordinairc du Messie, et de sa grâce, qui bannit les ténèbres des esprits, échauffe et attendrit les cœurs, y fait germer les saints desirs, puis les résolutions fortes et généreuses, et les rend féconds en toutes sortes de bonnes-œuvres.

Certes, ma maison n'étoit pas telle aux yeux de Dieu, qu'il dût faire avec moi une alliance éternelle. Dieu avoit fait à David une double promesse : 1o, de rendre sa famille éternelle, et indépendante des accidens qui font périr toutes les autres; 2°, d'y établir la royauté pour jamais. Cette promesse a reçu, et elle ne pouvoit rece

* Osée 111. 5. Isaïe Lv. 3. Jérémie xxx. 9. Ezechiel xxxiv. 23-24, et XXXVI, 24-25.

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voir son effet que dans la personne du Messie qui, étant fils de David, mais en même temps fils de Dieu, devoit vivre et régner éternellement. C'est cette promesse que David appelle une alliance que Dieu a faite avec lui, et, relativement à son objet dont la durée ne devait pas avoir de fin, une alliance éternelle. Il reconnoît avec humilité combien un tel bienfait est au-dessus de ses mérites, et même disproportionné à sa famille, qui n'est originairement que celle d'un simple berger; il se confond dans la vue de la bonté de Dieu, et de sa propre bassesse : mais néanmoins il ne doute pas que l'alliance, toute étonnante qu'elle est, ne s'exécute ponctuellement. Elle est, dit-il, concertée dans toutes ses parties, et elle s'accomplira; parce que tout s'y réduit au salut que Dieu donne, et tout y est l'effet de son bon plaisir. Voilà le caractère des promesses absolues, toujours infailliblement accomplies, parce que Dicu, qui est tout-puissant et fidèle dans ses paroles, se charge seul de l'exécution. Rien du côté des hommes ni du côté des évènemens, n'y sauroit mettre obstacle. Le double crime de David n'a point empêché à son égard l'effet des promesses; ce crime au contraire entroit dans le plan des miséricordes de Dieu, puisque Salomon, par qui les promesses devoient s'accomplir, raquit de son mariage avec Betsabée. Il en est ainsi du salut éternel de Elus. Les contre-temps les plus opposés en apparence, loin de le traverser, ne font que le rendre plus facile; tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qu'il a appelés selon son décret pour être saints (Rom. vIII. 28.).

Mais les enfans de Bélial ne prospéreront point; ils seront tous comme des épines que l'on ôte, mais sans les prendre avec la main. Celui qui voudra les atteindre, s'armera du fer et du bois d'une lance; et l'on finira par y mettre le feu, pour les détruire entièrement.

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