: coûte un milliard. Elle favorise aussi bien les dystrophiques, source de nouvelles charges accablantes, que les sains. Elle ne protège pas l'enfant jusqu'à l'âge adulte. En tant que moyen de repopulation, elle présuppose que les ménages qui ont calculé jusqu'à ce jour ne calculeront plus les dépenses dues à l'accroissement des enfants. Ces remarques n'empêchent nullement de préconiser l'allocation aux femmes enceintes, dès les premiers mois de la conception, moyen d'ordre humanitaire, mais non méthode de repopulation sélectionnée. 8° La propagande anticonceptionnelle faite dans les classes populaires repose sur une argumentation très juste qu'il s'agit tout d'abord de renverser, avant de s'attaquer aux lois, aux règlements et aux sages-femmes. Les néo-malthusiens publient des listes de noms connus, mettant en regard de chaque nom le nombre d'enfants du dénommé. Comme ce nombre égale généralement 0, 1, 2, le logique raisonnement suivant est tenu: « Prolétaires! pourquoi auriez-vous des enfants, alors que tous ces riches n'en ont pas ? >> Puisque le Corps médical s'engage très heureusement dans l'étude approfondie de la natalité, il doit commencer par s'appliquer à luimême le principe de l'impôt de génération que je défends depuis plus de dix ans: << Tout Français, de trente à cinquante ans, doit avoir trois enfants ou payer la somme correspondante à ce que coûterait l'élevage de trois enfants dans la classe sociale à laquelle il appartient. » Ce principe peut être appliqué immédiatement dans tous les corps constitués médicaux: Académies, Facultés, Écoles de médecine, etc. Ne présenter en ligne aux places vacantes que les médecins ayant trois enfants, ou en ayant élevé trois jusqu'à l'âge de vingt ans, ou ayant pris à leur charge l'élevage et l'éducation de trois enfants ne leur appartenant pas. Si des membres actuels de ces divers corps savants n'avaient pas satisfait à l'impôt de génération, ils trouveraient aisément, parmi les orphelins de la guerre, les pupilles qui leur manquent. Ainsi, le Corps médical, prêchant d'exemple, aurait une autorité indiscutable pour lutter contre la dépopulation française. 9o La question du repeuplement de la France devant demander des études de plusieurs années, il y aurait grand intérêt pour les médecins à trouver à l'Académie une Commission permanente de repopulation, exclusivement composée de chefs de famille d'au moins trois enfants, qui dirigerait le Corps médical tout entier suivant un sens méthodique dans la lutte contre les improductifs. - (Renvoi à la Commission de la dépopulation.) II. La méningite ourlienne; sa constance, son évolution, sa durée; par MM. le Dr E. DE MASSARY, TOCKMANN, Interne suppléant du service, LUCE, Interne en pharmacie. La méningite lymphocytique dans les oreillons fut décrite, pour la première fois, par MM. Chauffard et Boidin à la séance du 25 mars 1904 de la Société médicale des hôpitaux; elle fut ensuite relatée dans plusieurs observations par différents auteurs. Tous la considérèrent comme une complication et non comme le fait de l'évolution normale de l'infection ourlienne. Ayant soigné à l'hôpital Andral, depuis février 1915, 635 soldats suspects ou atteints d'oreillons, soldats de toutes les classes et de toutes les races, nous avons étudié certains détails de cette méningite ourlienne. Nous sommes en mesure d'affirmer aujourd'hui sa constance et de préciser son évolution et sa durée. Des ponctions lombaires fréquentes sur l'ensemble de nos malades, puis des ponctions méthodiquement répétées sur 16 ourliens ayant des réactions méningées cliniques et sur 40 ourliens indemnes de symptômes méningés, nous montrèrent la constance de la meningite lymphocytique. Sur les 16 malades avec syndrome méningé, la première ponction fut faite le plus souvent pendant ce syndrome. Disons tout de suite qu'il ne nous a jamais paru exister de corrélation entre la gravité des symptômes et l'intensité de la formule lymphocytaire. Dans deux cas, en pleine réaction clinique, le liquide fut presque normal (3 à 6 éléments par champ, objectif à immersion au 1/15), tandis que quelques jours après, la fièvre étant tombée, les symptômes méningés étant notablement atténués, la lymphocytose fut incalculable. Dans les 14 autres cas, la lymphocytose la plus massive ne coïncidait pas avec l'acmé du syndrome clinique et nous avons même trouvé des formules lymphocytaires pauvres dans le cours de syndromes alarmants. Sur nos 40 ourliens indemnes de syndrome méningé, existait une lymphocytose égale en intensité à celle de nos malades ayant accusé cliniquement une réaction méningée. La méningite lymphocytique étant constante, étudions-en l'évolution et la durée. Ne recevant que des militaires atteints déjà de fluxion parotidienne, nous ne pouvons dire si la lymphocytose précède les manifestations glandulaires; nos premières ponctions ont toujours été faites au 3 ou 4 jour de la maladie. Dès ce moment, la lymphocytose est généralement manifeste, elle ne manqua que 7 fois sur 56 cas; la lymphocytose la plus modérée fut de 8 à 10 par champ, la plus fréquente de 40 à 50, quelquefois elle fut incalculable, formant une véritable mosaïque. A la seconde ponction tous les liquides étaient chargés de lymphocytes et ceux qui, à la première, avaient eu une lymphocytose normale ou discrète atteignaient souvent une lymphocytose incalculable. En général, c'est à la première ou à la deuxième ponction que nous trouvâmes l'apogée de la courbe représentant la formule lymphocytaire. Puis cette courbe descend, mais lentement, pour atteindre la normale rarement le 30 jour, plus souvent le 50o et exceptionnellement plus tard que le 60°. Cette longue durée ne tient-elle pas à la conservation en état d'intégrité des lymphocytes inondant dès les premiers jours la cavité arachnoïdienne? C'est possible. Cependant, comme objection, disons que la courbe de la lymphocytose n'est pas si régulière que celle que nous venons de tracer un peu schématiquement; dans plusieurs cas, nous avons vu des poussées successives: apogée, baisse, nouvelle élévation puis baisse définitive. Dans un cas même survint une véritable rechute: un soldat désigné pour sortir fut ponctionné, une nouvelle poussée lymphocytaire venait de se produire. Dans tous ces cas la formule leucocytaire fut la même prédominance manifeste de lymphocytes, proportion variable des grands et moyens mononucléaires, plus forte dans les cas de leucocytose très élevée. Les polynucléaires furent très rares. La formule chimique du liquide céphalo-rachidien des ourliens est toujours modifiée. L'albumine dépasse le plus souvent la normale oscillant entre le 1er et le 2e trait du rachialbuminimètre de Sicard, ce qui correspond à 0,20 et à 0,40; dans des cas assez rares elle atteignit 0,40 et 0,50. L'abaissement des chlorures est extrêmement fréquent, mais non constant, car nous avons trouvé quelquefois 7 gr. 40, chiffre normal d'après Mestrezat; le plus souvent l'abaissement est modéré (6 gr. 7 et 7 gr.); l'abaissement le plus considérable de nos dosages est tombé à 6 gr. 42. Le glucose, dosé par réduction de la liqueur de Fehling (procédé de Bertrand), est presque toujours augmenté (0 gr. 70 à 0 gr. 90); plusieurs fois il atteignit 1 gr. 05 et une fois 1 gr. 15. L'urée paraît rester en quantité normale de 0,25 à 0,37. La constance, l'intensité, la longue durée de la méningite lymphocytique dans l'infection ourlienne, même la plus bénigne, contrastent avec les enseignements de la clinique. Seul, le ralentissement du pouls est un symptôme constant et durable. Les accidents cérébraux qu'avait décrits Trousseau, en les rattachant à tort à l'orchite, n'existent que dans 23 p. 100 des cas et sont fugaces. Les séquelles nerveuses permanentes (névrite optique, surdité, polynévrites) sont très exceptionnelles puisque nous n'en avons jamais observé. Il y a donc là un phénomène paradoxal et qui n'est pas le moins curieux de tous ceux qu'offre à étudier cette intéressante maladie. III. Production d'urée dans les tissus en cours de nécrose par M. le Dr P. AMEUILLE. Il paraît bien établi que le débit urinaire de l'urée est en rapport avec l'abondance des ingestions alimentaires de substances protéiques. Sauf modifications de la perméabilité rénale, l'un varie dans le même sens que l'autre et avec une certaine proportionnalité. Dans quelques cas pathologiques, on peut observer des excrétions uréiques infiniment supérieures aux ingestions de substances protéiques. J'ai pu constater une telle discordance dans quatre catégories de cas: 1o suppuration profuse; 2° résorption d'épanchements sanguins très abondants; 3o pieds gelés graves; 4o gangrène gazeuse. Voici quelques observations: Un jeune soldat présente une gelure importante des deux pieds. Les deux avant-pieds sont livides, anesthésiques, et donnent tout à fait l'impression de la gangrène sèche. Il n'a pris aucun aliment depuis quatre jours et n'a bu que quelques verres d'eau. Il élimine l'urée à la concentration de 40 grammes par litre, et en débite 61 grammes pour les vingt-quatre premières heures pendant lesquelles il est observé. Un hémothorax suppuré, qui, depuis dix jours, ne prend comme alimentation qu'un verre de lait par jour, élimine l'urée à la concentration de 43 grammes au litre, et en débite 45 grammes par vingtquatre heures. Un blessé, qui présente depuis trois semaines aux deux membres inférieurs de vastes foyers traumatiques suppurant abondamment, et qui n'ingère que deux verres de lait par jour, élimine l'urée à la concentration de 32 grammes au litre et en débite 40 grammes par jour. Le débit uréique de ces sujets contraste avec la réduction presque à néant de leurs ingestions alimentaires. Il dépasse notablement, de 50 à 80 p. 100, le débit uréique d'un sujet prenant une forte ration, celui qui concorde avec la diète absolue ou la diète lactée très réduite, à laquelle certains d'entre eux étaient soumis depuis longtemps. En outre, ces divers sujets éliminaient assez peu d'eau, de sorte que l'urée de leurs urines passe à une assez forte concentration. Dans deux des trois cas rapportés ci-dessus, celle-ci atteint la valeur fixée par Ambard pour la concentration maxima de l'urée urinaire chez l'homme (environ 45 grammes); pour le volume donné des urines, le rein ne peut éliminer davantage d'urée. Si le volume des urines quotidiennes est insuffisant pour éliminer l'urée produite, même à la concentration maxima que le rein ne peut dépasser, il y aura naturellement accumulation d'urée dans le sang. Chez nos deux premiers malades, le taux d'urée sanguine avoisinait 1 gramme; chez un autre, au cours de la résorption d'un abondant épanchement sanguin intrapéritonéal, l'urée sanguine atteignit rapidement la valeur de 2 gr. 90 par litre de sang, et, au moment de la mort, de 6 grammes par litre. Il est à signaler que ce dernier malade a présenté quelques troubles de la série urémique : vomissements, épistaxis, céphalée, hypothermie, coma terminal. Il est donc vraisemblable que l'urémie peut être produite aussi bien par l'exagération de production de l'urée que par l'insuffisance de son élimination. Quelle est l'origine de cette exagération de la production de l'urée? Il n'y a pas lieu de la rechercher dans l'alimentation actuelle, ni dans l'alimentation passée, puisque les sujets examinés étaient, au moment considéré, soumis depuis longtemps à un régime restreint. Le caractère commun à tous ces malades est l'existence chez eux de tissus mortifiés ou de collections sanguines en voie de résorption, par conséquent, de grandes quantités d'albumine ne participant plus à la vie générale de l'organisme, et soumise à l'auto-digestion, à l'autolyse. On pourrait penser que les premiers produits de l'auto-digestion de ces albumines, amenés par la circulation jusqu'au foie, y ont été transformés en urée, conformément aux doctrines de la physiologie classique. Mais il est possible aussi que l'auto-digestion locale ait été poussée très loin, jusqu'à la formation de l'urée inclusivement. Une désintégration aussi complète des albumines n'a pas encore été signalée dans les processus d'auto-digestion. Une constatation vient pourtant à l'appui de l'hypothèse que l'origine de l'urée est toute locale, c'est la suivante: dans les épanchements sanguins en voie de résorption, le taux de l'urée est toujours supérieur d'environ 15 p. 100 au taux de l'urée sanguine. Comme il est bien établi que la répartition de l'urée est uniforme dans toutes les humeurs (sang, liquide d'œdème, transsudats), en dehors des faits que nous décrivons, il y a lieu de penser que cet excès constant de l'urée dans les épanchements en voie de résorption est due à l'origine locale de celle-ci. En résumé, il paraît que, parmi les phénomènes d'auto-digestion de tissus en voie de mortification, figure la production d'urée en quantite appréciable et telle que son élimination urinaire n'a aucun |