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hujus consilii effectus est consentaneus. Tunc ille deceptor fecit similes de argento species, ut nihil aliud quam aurum purissimum putaretur, et sic opera quæ cum gemmis filisque aureis fuerant superposita studiosissime cum clavis affixit. Verumtamen calicem non comminuit, quia cataclyza' in ipso fuerant solidata. Denique portitor cum hac fraude Lugdunum advenit, oblatisque muneribus, ab episcopo muneratur regressusque ad socium, aurum de speciebus figuratum recipere flagitat. Artifex vero adhuc non esse totum paratum pronuntiat, sed sub ipsa expliciturum se nocte pollicetur. Exacta igitur cœna, cum in cellula qua hæc operabatur, pariter residerent, concussa subito a terræ motu super eos diruit, disruptaque terra sub pedibus eorum, ipsos pariter cum pecunia deglutivit, descenderuntque viventes ac vociferantes in tartarum, ultusque est Deus velociter de fraude ecclesiæ suæ. Ego vero has species in ecclesia Lugdunensi sæpissime vidi. Sit hoc populis documentum, ut nullus res ecclesiæ aut appetere, aut fraudare nitatur. Nam aliter, videbit Dei judicium super se velociter imminere.

CAPUT LXIV.

De muliere quæ Epipodii martyris calceamentum collegit.

Requiescit in suburbano murorum urbis ipsius muquæ dicitur collegisse calceamentum beati marty

lier,

(1) Clar. b, cataclipha. Hic locus sic exponendus est, quia lapilli pretiosi solidius vasi inserti erant. Sic et vestes ex cataclysis seu potius cataclistis dicebantur, in quibus gemmæ et lapides erant intexti, aut quæ opere phrygio adornatæ erant. Vide Cangii Glossarium. (R.)

d'intention, devint à l'instant consentant du projet. Ce fourbe fit alors des objets pareils en argent de manière à ce qu'on ne put pas s'imaginer qu'ils fussent autre chose que de l'or le plus pur, et il y fixa très-habilement, au moyen de tenons, les ornements de pierres précieuses et de fils d'or qu'on avait appliqués sur les bijoux primitifs ; cependant il ne dénatura pas le calice, parce que les appliques y étaient soudées. Enfin, la fraude accomplie, le porteur se rend à Lyon, présente les cadeaux, reçoit de l'évêque une récompense et retourne chez son associé pour lui demander à reprendre l'or provenant de ces objets et transformé. L'orfévre lui déclare que tout n'est pas encore prêt, mais promet de l'achever la nuit même. Après le souper, comme ils étaient assis tous deux dans la chambre où il travaillait, cette chambre, ébranlée tout d'un coup par un tremblement de terre, s'écroula sur eux, et le sol s'étant ouvert sous leurs pieds les engloutit eux et leur fortune; ils descendirent vivants et criants dans le tartare, et Dieu vengea promptement la fraude faite à son église. J'ai très-souvent vu dans l'église de Lyon les objets dont je viens de parler. Que par là le peuple apprenne que nul ne doit convoiter le bien de l'église ni chercher à se l'approprier; car autrement il verra le jugement de Dieu s'abattre promptement sur lui.

CHAPITRE LXIV.

De la femme qui ramassa le soulier du martyr Epipodius.

Non loin des murs de la même ville repose une femme qui recueillit, dit-on, le soulier que le bienheureux martyr Epi

ris Epipodii', quod de pede ejus cecidit, cum ad martyrium duceretur : ad cujus tumulum sæpius frigoritici cæterique infirmi sanantur. Erasum de tumulo ipso pulverem hauriunt incolumesque discedunt.

CAPUT LXV.

De alia muliere, cui vir pro oblatione apparuit.

Duos in hac urbe fuisse ferunt, virum scilicet et conjugem ejus, senatoria ex gente pollentes, qui absque liberis functi, hæredem ecclesiam dereliquerunt; sed vir prius obiens, in basilica sanctæ Mariæ sepultus est. Mulier vero per annum integrum ad hoc templum degens, assidue orationi vacabat, celebrans quotidie missarum solemnia, et offerens oblationem pro memoria viri: non diffisa de Domini misericordia, quod haberet defunctus requiem in die qua Domino oblationem pro ejus anima delibasset, semper sextarium Gazeti vini præbens in sacrificium basilicæ sanctæ. Sed subdiaconus nequam, reservatum gulæ Gazetum3, acetum vehementissimum offerebat in calice, muliere non semper ad communicandi gratiam accedente. Igitur cum fraudeni hanc Deo placuit revelare, apparuit vir mulieri, dicens : « Heu, heu, dulcissima conjux, in quid defluxit labor meus in sæculo, ut nunc acetum in oblatione delibem! » Cui illa : «Vere, inquit, quia charitatis tuæ non immemor, semper Ga

(1) Epipodii Acta dedimus inter sincera martyrum ad ann. circ. 178. In his mulier hic memorata dicitur Lucia. (R.)

(2) 2791, De quadam muliere que pro viro suo defuncto vinum bonum quotidie offerebat.

(3) Gazatina vina in lib. VII Hist., cap. xxix.

podius' laissa échapper de son pied pendant qu'on le conduisait au supplice. Souvent les fiévreux et autres malades guérissent à son tombeau ; ils boivent la poussière raclée sur le tombeau même et s'en vont guéris.

CHAPITRE LXV.

D'une autre femme à qui son mari apparut à l'occasion
d'une offrande.

Il y avait, dit-on, dans cette ville, deux personnages, le mari et la femme, qui brillaient par leur naissance sénatoriale et qui, étant morts sans enfants, laissèrent l'église pour héritière. Le mari, décédé le premier, fut enseveli dans la basilique de Sainte-Marie. La femme vécut toute une année, assidûment livrée à la prière dans cet édifice; chaque jour elle participait à la célébration des messes et apportait une offrande pour la mémoire de son époux. Ne doutant pas que par la miséricorde du Seigneur le défunt n'obtînt son repos le jour où elle offrait au Seigneur un présent pour son âme, elle donnait régulièrement un setier de vin de Gaza pour le sacrifice célébré dans la sainte basilique. Mais comme elle ne venait pas toujours pour recevoir la grâce de la communion, un méchant sous-diacre mettait dans le calice. un atroce vinaigre, et réservait le vin de Gaza pour son gosier. Il plut à Dieu de faire connaître cette fraude, et le mari apparut à la femme en disant : « Hélas! hélas ! très-douce épouse, où donc s'est écoulé le fruit de mon travail sur la terre, pour que je n'aie maintenant en offrande que du vinaigre? » A quoi elle répondit: « Je t'assure que je n'ai point été oublieuse de notre affection, et que, pour ton re

(1) Vers l'an 178. (R.) — Cf. Gl. des mart., chap. L, ci-dessus, t. I,

P. 145.

zetum potentissimum obtuli pro requie tua in sacrario Dei mei. >> Expergefacta autem admirans visionem eamdemque oblivioni non tradens, ad matutinum secundum consuetudinem surrexit. Quibus expletis, celebratisque missis, accedit ad poculum salutare : quæ tam fervens acetum hausit ex calice, ut putaret sibi dentes excuti, si haustum segnius deglutisset. Tunc increpans subdiaconem, emendata sunt quæ nequiter fuerant defraudata. Sed nec hoc miraculum sine operis boni merito gestum puto.

CAPUT LXVI.

De Memmio Catalaunensi1 episcopo.

Catalaunensis vero urbis proprius exstat patronus Memmius antistes, qui cum adhuc maneret in corpore mortali, mortuum dicitur suscitasse. Ad cujus nunc sepulcrum sæpius confractas miserorum catenas atque compedes vidimus, sed et nos proprie virtutem ejus experti sumus. Quodam enim tempore, dum in urbe illa commoraremur, puer unus ex nostris a febre corripitur, fatigatur vomitu, ac cibum potumque simul exhorret nobis vero magna consumptio generatur, quod hujus pueri infirmitas itineri nostro moras innecteret. Nec mora, basilicam sancti adeo, sepulcro prosternor pro puero, effusis lacrymis deprecor, ut qui laborantibus vinctis, disruptis compedibus, respectu pietatis plerumque consolationem exhibuit, huic febricitanti medelæ refrigeria ministraret. Mirum dictu: in ipsa nocte a sancti virtute visitatus infirmus mane facto incolumis surrexit a lectulo.

(1) Memio Catalaunenssium, 2204.

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