Discours prononcés à la Direction des beaux-arts, 1888-1891

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Imprimé pour l'auteur par Hachette, 1899 - 364 pages
 

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Popular passages

Page 334 - Malgré les adoucissements qui sont venus plus tard, je porte toujours ces temps en moi. Ma taille , plus petite que celle des autres membres de ma famille , une maigreur singulière des extrémités, rappellent que mon enfance ne fut point nourrie. Mes privations peuvent se résumer en trois mots : jusqu'à quinze ans, — point de viande, point de vin, point de feu. Du pain, des légumes, le plus souvent, cuits à l'eau et au sel. Si j'ai survécu, c'est que, malgré les souffrances et la santé...
Page 339 - Eh bien ! ma grande France, s'il a fallu pour retrouver ta vie, qu'un homme se donnât, passât et repassât tant de fois le fleuve des morts, il s'en console, te remercie encore. Et son plus grand chagrin, c'est qu'il faut te quitter ici.
Page 337 - ... (1814) et mes ennemis à moi se moquant de moi tous les jours, un jour un jeudi matin, je me ramassai sur moi-même : sans feu (la neige couvrait tout), ne sachant pas trop si le pain viendrait le soir, tout semblant finir pour moi, — j'eus en moi, sans nul mélange d'espérance religieuse, un pur sentiment stoïcien, — je frappai de ma main crevée par le froid sur ma table de chêne, et je sentis une joie virile de jeunesse et d'avenir.
Page 337 - Je me rappelle que dans ce malheur accompli, privations du présent, craintes de l'avenir, l'ennemi étant à deux pas (1814!), et mes ennemis à moi se moquant de moi tous les jours, un jour, un jeudi matin, je me ramassai sur moi-même : sans feu (la neige couvrait tout), ne sachant pas trop si...
Page 202 - Dieux m'ont faict naistre, Où le soleil non trop excessif est; Parquoy la terre avec honneur s'y vest De mille fruictz, de mainte fleur et plante : Bacchus aussi sa bonne vigne y plante, Par art subtil, sur montaignes pierreuses, Rendants liqueurs fortes et savoureuses : Mainte fontaine y murmure et undoye.
Page 221 - Ne nous laissons pas amollir par des plaisirs faciles. La vie pour soi seul n'est plus permise. Il était, il ya quelque temps, d'usage de ne plus croire à rien qu'à la jouissance et à toutes les passions mauvaises. L'égoïsme doit fuir et emmener avec lui cette fatale gloriole de mépriser tout ce qui était honnête et bon...
Page 338 - Poussant toujours plus loin dans ma poursuite ardente, je me perdis de vue, je m'absentai de moi. J'ai passé à côté du monde, et j'ai pris l'histoire pour la vie.
Page 55 - Je ne saurais voir maltraiter mes enfants de cette force-là sans souffrir comme un damné. » Mesdemoiselles et messieurs, je crains que, parfois, vous ne fassiez éprouver aux membres du jury un pareil sentiment de paternité souffrante et l'opinion qu'ils prennent de vous doit s'en ressentir.
Page 339 - Eh! que demanderais-je, chère France, avec qui j'ai vécu, que je quitte à si grand regret! Dans quelle communauté j'ai passé avec toi quarante années (dix siècles)! Que d'heures passionnées, nobles, austères, nous eûmes ensemble, souvent, l'hiver même, avant l'aube! Que de jours de labeur et d'étude au fond des Archives! Je travaillais pour toi, j'allais, venais, cherchais, écrivais. Je donnais chaque jour de moi-même tout, peut-être encore plus. Le lendemain matin, te trouvant à...
Page 199 - Veuillez agréer, monsieur le Président, l'hommage de mon respectueux dévouement. Le ministre de la yuerre• 3.

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