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parfaites. Les reproductions des anciens bois gravés, des en-tête, des lettres ornées et des fleurons ajoutent un nouvel attrait à ce charmant volume, et la belle planche empruntée au De claris mulieribus de Philippe de Bergame, qui se trouve placée à la fin du volume, est un dernier témoignage du bon goût des éditeurs.

Ch. SCHEFER,

de l'Institut.

CHRONIQUE.

M. L. de Farcy étudie à l'aide des inventaires manuscrits la composition de l'Ancien trésor de la Cathédrale d'Angers (Revue de l'art chrétien, octobre-décembre 1881). Un chapitre de ce travail est consacré à la description de certains livres qui, grâce à leurs somptueuses reliures, pouvaient passer pour des joyaux; le sujet intéresse assez le Bulletin du Bibliophile, pour que nous analysions brièvement cette partie du travail. Citons d'abord un livre dit la Jurande, sur lequel les évêques d'Angers prêtaient serment le jour de leur première entrée. C'était un Texte, un Evangéliaire; la plaque de métal qui ornait l'un des plats était d'or filigrané, c'est-à-dire découpé à jour et repoussé, avec perles, agathes, cornalines et émeraudes enchassées, en tout 509 pierres. L'autre plat était d'argent doré, il portait un Christ en croix, accompagné de 4 figures. Le livre du chantre, datant du x11° siècle, était orné de deux plaques d'ivoire, représentant Adam et Eve, avec un encadrement de cuivre ou d'argent doré. Citons ensuite deux reliures du xve siècle, l'une de velours noir avec fermoirs et boutons d'argent; l'autre munie de fermoirs d'argent doré. Passons aux missels; quatre couverts d'argent sont mentionnés par un inventaire de 1297; en 1435, il en restait deux qu'on dépouilla de leurs plaques de métal. En 1418, on trouve mentionné un autre missel, dont les plats de métal doré représentent l'un l'Annonciation, l'autre une Vierge. Un autre, du commencement du

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Sous les numéros 253 à 324, sont rangés divers manus crits du Ix au xve siècle, appartenant à des bibliothèques de Hongrie. M. J. Csontosi en a donné une description succincte.

Les imprimés forment une division spéciale dont la première partie est réservée aux incunables et aux livres anciens de divers pays. Nous y voyons figurer les ouvrages imprimés à Bude, où André Hess faisait paraître en 1473 les Chronica Hungarorum, et ceux qui ont vu le jour à Kolozsvar, Debreczen, Presbourg, etc. Les notices sont dues à la plume de MM. Gustave Emich, Arpad Hildebrant et Louis Szadelcky. Une seconde partie est consacrée à la bibliographie hongroise. Un travail fort important sur ce sujet, rédigé par M. Charles Szabo, abonde en détails curieux sur les quarante-trois villes de Hongrie qui, de 1473 à 1711, ont possédé des imprimeries et sur les bibliothèques dépouillées par l'auteur pour son travail bibliographique. Les recherches de M. Szabo sont complétées par celles de M. Aladar Balladi, qui a continué jusqu'à l'année 1848, le mémoire de son collaborateur.

Le comité d'organisation n'a point jugé opportun, et cela avec raison selon nous, d'emprunter aux bibliothèques publiques un grand nombre de volumes; mais les bibliophiles hongrois ont tenu à combler des lacunes qui eussent été remarquées. Le comte Alexandre Apponyi, MM. Joseph Agostan, Gustave Emich, le comte Etienne Klegevich et d'autres amateurs éclairés ont mis à la disposition de l'organisateur de l'exposition de beaux et rares volumes. Des spécimens de reliures sont joints à la collection des imprimés. Mentionnons en terminant la collection d'initiales de M. Victor Miskovsky et celle d'ornements du chanoine Joseph Danks.

L'impression du catalogue est l'oeuvre collective des six principales imprimeries de la Hongrie elle leur fait honneur, et la beauté des différents caractères employés ne

parfaites. Les reproductions des anciens bois gravés, des
en-tête, des lettres ornées et des fleurons ajoutent un
nouvel attrait à ce charmant volume, et la belle planche
empruntée au De claris mulieribus de Philippe de Ber-
game, qui se trouve placée à la fin du volume, est un
dernier témoignage du bon goût des éditeurs.

Ch. SCHEFER,

de l'Institut.

CHRONIQUE.

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M. L. de Farcy étudie à l'aide des inventaires manuscrits la
composition de l'Ancien trésor de la Cathédrale d'Angers (Revue de
l'art chrétien, octobre-décembre 1881). Un chapitre de ce travail
est consacré à la description de certains livres qui, grâce à leurs
somptueuses reliures, pouvaient passer pour des joyaux; le sujet
intéresse assez le Bulletin du Bibliophile, pour que nous analysions
brièvement cette partie du travail. Citons d'abord un livre dit
la Jurande, sur lequel les évêques d'Angers prêtaient serment le
jour de leur première entrée. C'était un Texte, un Evangéliaire;
la plaque de métal qui ornait l'un des plats était d'or filigrané,
c'est-à-dire découpé à jour et repoussé, avec perles, agathes, cor-
nalines et émeraudes enchassées, en tout 509 pierres. L'autre plat
était d'argent doré, il portait un Christ en croix, accompagné de
4 figures. Le livre du chantre, datant du XIIe siècle, était orné
de deux plaques d'ivoire, représentant Adam et Eve, avec un
encadrement de cuivre ou d'argent doré. Citons ensuite deux
reliures du xve siècle, l'une de velours noir avec fermoirs et boutons
d'argent; l'autre munie de fermoirs d'argent doré. Passons aux
missels; quatre couverts d'argent sont mentionnés par un inven-
taire de 1297; en 1435, il en restait deux qu'on dépouilla de
leurs plaques de métal. En 1418, on trouve mentionné un autre
missel, dont les plats de métal doré représentent l'un l'Annon-
ciation, l'autre une Vierge. Un autre, du commencement du

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Vierge et de Saint-Maurice, patron de l'église d'Angers. Un
livre des Epitres et un autre des Evangiles paraissent dans les in-
ventaires de 1297 à 1421; le premier portait les figures de Saint-
Maurice et de Saint-Maurille; l'autre une crucifixion et un Christ,
dans une gloire, entouré des quatre Évangélistes. Refaits vers 1436,
ces livres furent encore renouvelés au XVIIe siècle. Au xve siècle,
l'un d'eux avait été orné d'une figure en ronde-bosse, représentant
saint René. Ne pourrait-on conclure que le roi René d'Anjou
avait payé en partie la nouvelle reliure ?

- On sait quel prix atteignent aujourd'hui dans les ventes
publiques les éditions originales des œuvres des auteurs roman-
tiques. Ces minces livrets, imprimés avec d'affreux caractères sur
un papier plus affreux encore, et illustrés de méchants bois,
sont presque aussi recherchés que les poésies du xvire et du
XVIIIe siècles. Ajoutons que la présence sur les plats du vilain
papier jaune, rose ou vert, dont on habillait à cette époque les
volumes, ajoute encore à la valeur des exemplaires. Aussi con-
vient-il de signaler la Bibliographie des plaquettes romantiques
de M. Nauroy (Paris, Charavay, 1882, in-18, 124 pages), qui
servira de guide aux amateurs. La lecture de ce catalogue est assez
amusante; on voit combien peu d'œuvres de cette époque ont sur-
vécu. Ajoutons que l'auteur indique en certains cas de nombreuses
variantes et corrections, corrections que les plus grands poètes
n'avouent pas toujours, le fait vient d'être prouvé tout récemment.

-La bibliothèque de l'Opéra est devenue publique depuis
quelques mois. Elle est ouverte tous les jours non fériés, de onze
heures du matin à quatre heures du soir, aux personnes munies
d'une carte délivrée par le ministère des Beaux-Arts. Elle se com-
pose des archives de l'Opéra, anciennes et modernes, d'une biblio-
thèque musicale et d'une bibliothèque dramatique ; cette dernière
renferme les ouvrages relatifs à la comédie, à la tragédie et au
drame, aussi bien que ceux qui se rapportent à l'histoire de la
musique. M. Nuitter a classé cette collection dans l'ordre métho-
dique; il serait utile d'en publier le catalogue, mais nous formons
un vœu avant; c'est de voir figurer à l'Opéra l'importante biblio-
thèque dramatique du baron Taylor, dont on prépare en ce mo-
ment le catalogue pour l'impression. Une galerie annexe renferme

dessins, bustes, etc.), et des maquettes de décors anciens et
modernes.

— M. Nordenskiöld, le célèbre voyageur, vient de publier à
Stockholm, dans le format in-4, la reproduction héliographique
d'un fort beau manuscrit de la bibliothèque royale de Suède,
renfermant les voyages de Marco-Polo. M. Delisle a reconnu que
ce volume avait appartenu au roi Charles V, qu'il portait à la Li-
brairie du Louvre le no 317 de l'inventaire de 1373; au xvie siècle,
il appartenait à un habitant de Honfleur en Normandie; au xvii®,
il faisait partie de la collection de Pierre Petau, et fut envoyé par
la reine Christine à Stockholm (voir à ce sujet un article de la
Bibl. de l'École des chartes, XLIII, 227-235.)

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<< Mora-

M. A. Castan a retrouvé à la bibliothèque publique de Be-
sançon un autre manuscrit ayant appartenu à la bibliothèque
de Charles (no 238 de l'inventaire de Gilles Mallet de 1373). Ce
volume renferme les 9 traités suivants : « De l'enseignement des
princes, » traduction du De eruditione principum de Guillaume
Péraud; le << Gouvernement des roys et des princes, » de
Gilles de Rome; le « Livre de la moralité des nobles hommes
et des gens du pueple sus le gieus des eschecs, » traduction de
l'ouvrage de Jacques de Cessoles par Jean de Vignay; - la traduc
tion du De consolacione de Boèce, par Jean de Meun;
litez des Philosophes » ; << Livre de l'establissement de sainte
Eglise >> ; Le Miroir de la messe, attribué à Hugues de Saint-
Victor; Un Ysopet en prose;
la traduction du De vilitate
conditionis humanae, du diacre Lothaire (Innocent III). Riche-
ment enluminé, ce ms. est orné de 49 belles miniatures, et de
lettres peintes. La signature du roi, mise par lui à la fin du neu-
vième traité, avait été soigneusement grattée; la photographie a
permis de la reconstituer en entier. Ce beau volume était encore
en 1411 et 1413 à la librairie du Louvre; avant 1424, il en sortit
pour aller on ne sait où. Acheté au xvr siècle par le cardinal de
Granvelle, il appartint plus tard à l'abbé Jean-Baptiste Poisot, qui
le légua en 1694 à la ville de Besançon.

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Dans sa Notice sur les anciens catalogues des livres im-
primés de la bibliothèque du Roi (Bibl. de l'École des chartes,
XLIII, 165-201), M. Delisle donne de précieux renseignements sur
les efforts faits par ses prédécesseurs pour classer et cataloguer les

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