Page images
PDF
EPUB

40. Le disciple n'est pas plus que le maître; mais tout disciple est parfait lorsqu'il est semblable à son maître.

41. Pourquoi voyez-vous une paille dans l'œil de votre frère, lorsque vous ne vous apercevez pas d'une poutre qui est dans vo tre œil?

42. Ou comment pouvez-vous dire à votre frère : Mon frère, laissez-moi ôter la paille qui est dans votre œil, vous qui ne voyez pas la poutre qui est dans le vôtre? Hypocrite, ôtez premièrement la poutre qui est dans votre œil, et après cela vous verrez comment vous pourrez tirer la paille qui est dans l'œil de votre frère. 43. L'arbre qui produit de mauvais fruits n'est pas bon; et l'arbre qui produit de bons fruits n'est pas mauvais.

44. Car chaque arbre se connaît à son propre fruit. On ne cueille point de figues sur des épines, et on ne coupe point des grappes de raisins sur des ronces.

45. L'homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur, et le méchant en tire de mauvaises du mauvais trésor de son cœur; car la bouche parle de la plénitude du cœur.

46. Mais pourquoi m'appelez-vous, Seigneur, Seigneur, tandis que vous ne faites pas ce que je dis?

47. Je veux vous montrer à qui ressemble celui qui vient à moi, qui écoute mes paroles, et qui les pratique.

48. Il est semblable à un homme qui bâtit une maison, et qui, ayant creusé bien avant, en a posé les fondements sur la pierre; un débordement d'eaux étant arrivé, un fleuve est venu fondre sur cette maison, et il n'a pu l'ébranler, parce qu'elle était fondée sur la pierre.

49. Mais celui qui écoute mes paroles sans les pratiquer, est semblable à un homme qui a bâti sa maison sur la terre, sans y faire de fondement; un fleuve est venu ensuite fondre sur cette maison; elle est tombée aussitôt, et la ruine en a été grande (1).

CHAPITRE VII.

Contenier. Veuve de Naïm. Saint Jean-Baptiste envoie à Jésus-Christ. Éloge de saint Jean-Baptiste. Jésus-Christ et saint Jean rejetés. Pécheresse.

1. Après qu'il eut achevé tout ce discours devant le peuple qui l'écoutait, il entra dans Capharnaüm.

(7) VERS. 39-49.

Tout cela est donné comme une compilation; jeté en masse, sans saveur, sans le sel de la scène. La relation de Matthieu est bien supérieure.

2. Il y avait un centenier, dont le serviteur, qu'il aimait beaucoup, était fort malade, et près de mourir.

3. Et, ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya quelquesuns des sénateurs juifs, pour le supplier de venir guérir son servi

teur.

4. Étant donc venus trouver Jésus, ils l'en conjuraient avec grande instance, en lui disant : C'est un homme qui mérite que vous lui fassiez cette grâce;

5. Car il aime notre nation, et il nous à même bâti une synagogue.

6. Jésus s'en alla donc avec eux. Et, comme il n'était plus guère loin de la maison, le centenier envoya ses amis au-devant de lui, pour lui dire de sa part: Seigneur, ne vous donnez point tant de peine; car je ne mérite pas que vous entriez dans mon logis.

7. C'est pourquoi je ne me suis pas même cru digne de venir vous trouver; mais dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri;

8. Car, quoique je ne sois qu'un homme soumis à d'autres, ayant néanmoins des soldats sous moi, je dis à l'un: Allez là, et ily va; et à l'autre : Venez ici, et il y vient; et à mon serviteur : Faites cela, et il le fait.

9. Jésus, l'ayant entendu parler, en fut dans l'admiration; et, se tournant vers le peuple qui le suivait, il leur dit: Je vous dis, en vérité, que je n'ai point trouvé tant de foi (a) dans Israël même.

10. Et ceux que le centenier avait envoyés, étant retournés chez lui, trouvèrent ce serviteur, qui avait été malade, parfaitement guéri.

11. Le jour suivant, Jésus allait dans une ville appelé Naïm, et ses disciples l'accompagnaient avec une grande foule de peuple. 12. Et, lorsqu'il était près de la porte de la ville, il arriva qu'on portait en terre un mort, qui était fils unique de sa mère, et cette femme était veuve; et il y avait une grande quantité de personnes de la ville avec elle.

13. Le Seigneur, l'ayant vue, fut touché de compassion envers elle, et il lui dit : Ne pleurez point.

14. Et, s'approchant, il toucha le cercueil. Ceux qui le portaient s'arrêtèrent; alors il dit: Jeune homme, levez-vous; je vous le commande.

15. En même temps, le mort se leva en son séant, et commença à parler, et Jésus le rendit à sa mère (b).

(a) Fidem. C'est là que Luc veut en venir. Le mot a-t-il chez lui le même sens que dans Matthieu?

(b) VERS. 12-15. Cette histoire est particulière à Luc, et

[ocr errors]

16. Tous ceux qui étaient présents furent saisis de frayeur, et ils glorifiaient Dieu, en disant : Un grand prophète a paru au milieu de nous, et Dieu a visité son peuple.

17. Le bruit de ce miracle, qu'il avait fait, se répandit dans toute la Judée et dans tout le pays d'alentour.

18. Les disciples de Jean lui ayant rapporté toutes ces choses, 19. I en appela deux, et les envoya à Jésus pour lui dire : Êtes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un

autre?

20. Ces hommes, étant venus trouver Jésus, lui dirent : JeanBaptiste nous a envoyés à vous, pour vous demander si vous êtes celui qui doit venir, ou si nous devons en attendre un autre?

21. Jésus, à l'heure même, délivra plusieurs personnes des maladies et des plaies dont elles étaient affligées, et des malins esprits qui les possédaient; et il rendit la vue à plusieurs aveugles;

22. Après quoi il leur répondit, en disant Allez rapporter à Jean ce que vous venez d'entendre et de voir (c): Que les ayeugles voient; que les boiteux marchent; que les lépreux sont guéris; que les sourds entendent; que les morts ressuscitent; que l'évangile est annoncé aux pauvres (d).

[ocr errors]

il y a ici gradation dans le détail. La fille de Jaïre était encore couchée sur son lit; le fils de la veuve de Naïm est déjà dans le cercueil, et on le porte en terre; dans l'histoire de Lazare, il sera dit que le mort était enterré depuis quatre jours et sentait de plus fort en plus fort. La même gradation se suit dans ce genre de miracles: d'abord guérison de maladies mentales (fous, épileptiques et possédés) ou nerveuses, puis guérisons de toutes sortes de maladies, puis guérisons à distance, puis résurrections, enfin résurrection de lui-même.

(c) Réponse ambiguë. Matthieu ne prend pas la peine de faire cette réflexion. (Cf. Matthieu, xi notes.)

(d) La réponse prêtée à Jésus par Luc et Matthieu est empruntée d'Isaïe par où l'on peut juger, d'après les règles de critique admises par Strauss, que cette histoire est plus ou moins controuvée. L'opinion étant que le Messie faisait des miracles, d'après Isaïe entre autres, on fait répéter à Jésus les paroles d'Isaïe. Ce qui prouve la fraude pieuse, c'est que dans Isaïe, chapitre xxxv, ces paroles paraissent devoir être

23. Et que bienheureux est celui qui ne prendra point de moi un sujet de scandale (e) et de chute.

24. Ceux qui étaient venus de la part de Jean s'en étant retournés, Jésus s'adressa au peuple, et leur parla de Jean en cette sorte: Qu'êtes-vous venus voir dans le désert? Un roseau (f) agité du vent?

25. Qu'êtes-vous, dis-je, allés voir? Un homme vêtu avec luxe et avec mollesse? Vous savez que c'est dans les palais des rois que se trouvent ceux qui sont vêtus magnifiquement, et qui vivent dans les délices.

26. Qu'êtes-vous donc allés voir? Un prophète? Oui, certes, je vous le dis, et plus qu'un prophète.

27. C'est de lui qu'il est écrit : J'envoie devant vous mon ange, qui vous préparera la voie.

28. Car je vous déclare qu'entre tous ceux qui sont nés de femmes, il n'y a point de plus grand prophète que Jean-Baptiste; mais celui qui est le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui (g).

29. Tout le peuple et les publicains, l'ayant entendu, ont justifié la conduite de Dieu, en se faisant baptiser par Jean.

30. Mais les pharisiens et les docteurs de la loi méprisèrent le dessein de Dieu sur eux, ne s'étant point fait baptiser par Jean.

prises au sens métaphorique ou spirituel; or, comment Jésus, si attentif à saisir en tout le sens spirituel, se serait-il ici renfermé dans le sens physique? Le langage qu'on lui fait tenir est contraire à son caractère, et l'on ne conçoit pas que Strauss s'y soit trompé. C'est alors que Jésus ne peut s'empêcher, tout en rendant hommage à la vertu de Jean, de lui reprocher son étroitesse d'esprit et ses vieux préjugés. C'est un homme de l'ancienne loi, dit-il; une vieille outre. Et c'est pour cela probablement que lui, Jésus, s'est séparé de lui.

(e) Scandalizatus: parce que je prêche la pauvreté et que je ne fais pas de miracles!

(f) Arundinem vento agitatam? Allusion à la fable des roseaux de Midas.

(g) Jésus se moque finement de Jean, qui croit encore au Messie. Grand homme, dit-il, le plus grand des prophètes, mais inintelligent du royaume de Dieu. (Cf. plus haut, v, 33).

31. A qui donc, ajouta le Seigneur, comparerai-je les hommes de ce temps-ci? et à qui sont-ils semblables?

32. Ils sont semblables à ces enfants qui sont assis dans la place, et qui, se parlant les uns aux autres, disent: Nous avons joué de la flûte devant vous, et vous n'avez point dansé; nous avons chanté des airs lugubres, et vous n'avez point pleuré.

33. Car Jean-Baptiste est venu, ne mangeant point de pain et ne buvant point de vin, et vous dites de lui: Il est possédé du démon.

34. Le Fils de l'homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites: C'est un homme de bonne chère, et qui aime à boire du vin; c'est l'ami des publicains et des gens de mauvaise vie.

35. Mais la sagesse a été justifiée par tous ses enfants (h et i). 36. Un pharisien ayant prié Jésus de manger chez lui, il entra dans son logis et se mit à table (j).

37. En même temps, une femme de la ville, qui était de mauvaise vie, ayant su qu'il était à table chez ce pharisien, y vint avec un vase d'albâtre, plein d'huile de parfum;

38. Et se tenant derrière lui à ses pieds, elle commença à les arroser de ses larmes; et elle les essuyait avec ses cheveux, elle les baisait, et y répandait ce parfum (k).

39. Le pharisien, qui l'avait invité, voyant ceci, il dit en luimême Si cet homme était prophète, il saurait qui est celle qui le touche, et que c'est une femme de mauvaise vie.

40. Alors Jésus, prenant la parole, lui dit : Simon, j'ai quelque chose à vous dire. Il répondit: Maître, dites.

41. Un créancier avait deux débiteurs; l'un lui devait cinq cents deniers, et l'autre cinquante;

(h) Cf. Matthieu, XI, 19. Ce verset est difficile à interpréter.

(i) Filiis. On lit dans un manuscrit du Vatican, en grec, Epyov, operibus, à la place de Tεxvwv, filiis. Le sens serait ainsi selon Renan : La sagesse n'est justifiée que par les œuvres c'est-à-dire l'opinion des hommes est aveugle, tandis que la vraie sagesse se prouve par les œuvres.

Histoire transposée par Luc, et défigurée comme celle du jeune homme ressuscité et plusieurs autres. (Cf. Jean, XII, 3.)

[ocr errors]

(k) Cf. Jean, XII, 3, note. Suivant Matthieu et Marc, c'est sur la tête, non sur les pieds, que fut versé le parfum.

« PreviousContinue »