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vement du Saint-Esprit, et dit ces paroles: Je vous rends gloire, mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et que vous les avez révélées aux petits. Oui, mon Père, cela est ainsi, parce que vous l'avez ainsi voulu (h).

22. Mon Père m'a mis toutes choses entre les mains; et nul ne connaît qui est le Fils, que le Père; ni qui est le Père, que le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler.

23. Et se retournant vers ses disciples, il leur dit : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez.

24. Car je vous déclare que beaucoup de prophètes et de rois ont souhaité de voir ce que vous voyez, et ne l'ont point vu; et d'entendre ce que vous entendez, et ne l'ont point entendu.

25. Alors un docteur de la loi, se levant, lui dit, pour le tenter: Maître, que faut-il que je fasse pour posséder la vie éternelle? 26. Jésus lui répondit: Qu'y a-t-il d'écrit dans la loi? qu'y lisez-vous?

27. Il lui dit : Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces et de tout votre esprit; et votre prochain comme vous-même.

28. Jésus lui dit : Vous avez fort bien répondu; faites-cela, et Vous vivrez.

29. Mais cet homme, voulant faire paraître qu'il était juste, dit à Jésus Et qui est mon prochain (i)?

30. Et Jésus, prenant la parole, lui dit (j): Un homme, qui descendait de Jérusalem à Jéricho, tomba entre les mains des voleurs, qui le dépouillèrent, le couvrirent de plaies, et s'en allèrent, le laissant à demi mort.

31. Il arriva ensuite qu'un prêtre descendait par le même chemin, lequel, l'ayant aperçu, passa outre.

32. Un lévite, qui vint aussi au même lieu, l'ayant considéré, passa outre encore.

33. Mais un Samaritain, passant son chemin, vint à l'endroit où était cet homme, et, l'ayant vu, il en fut touché de compas

sion.

34. Il s'approcha donc de lui; il versa de l'huile et du vin (k)

(h) Matthieu, x1, 25; voir la note m; cf. Matthieu, XI, sur tout ce passage.

(i) Manque dans Matthieu et Marc.

(j) Très-belle parabole, qui méritait d'être recueillie. (k) Oleum et vinum: cf. épître de Jacques, v, 14.

- Il y a

dans ses plaies, et les banda; et, l'ayant mis sur son cheval, il l'amena dans l'hôtellerie, et eut soin de lui (1).

35. Le lendemain, il tira deux deniers,. qu'il donna à l'hôte, el lui dit Ayez bien soin de cet homme; et tout ce que vous dépen. serez de plus, je vous le rendrai à mon retour.

36. Lequel de ces trois vous semble-t-il avoir été le prochain (m). de celui qui tomba entre les mains des voleurs?

37. Le docteur lui répondit: Celui qui a exercé la miséricorde envers lui. Allez donc, lui dit Jésus, et faites de même.

38. Jésus, étant en chemin avec ses disciples, entra dans un bourg; et une femme, nommée Marthe. le reçut dans sa maison. 39. Elle avait une sœur, nommée Marie, qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.

40. Mais Marthe était fort occupée à préparer tout ce qu'il fallait; et, s'arrêtant devant Jésus, elle lui dit: Seigneur, ne considérez-vous point que ma sœur me laisse servir toute seule? Diteslui donc qu'elle m'aide.

41. Mais le Seigneur lui répondit: Marthe, Marthe, vous vous empressez, et vous vous troublez dans le soin de beaucoup de choses;

42. Cependant une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point ôtée (n et o).

lieu de croire que Jésus, dans ses pérégrinations, s'acquittait de ce devoir, et que ce sont les soins donnés par lui aux malades que la légende a érigés en guérisons miraculeuses. (1) Cf. ci-dessous, XIII, 14, et Matthieu, VIII, 14.

(m) Proximus fuisse, c'est-à-dire avoir rempli son devoir de prochain.

(n) VERS. 38-42. C'est la même aventure que celle qui est racontée en saint Jean, chapitre XII, après la résurrection de Lazare. Comment se fait-il que Luc n'en dise rien? Seulement cette aventure est ici tronquée, ou plutôt coupée en deux; la partie racontée par Jean se retrouve plus haut dans Luc, vII, 37. Luc ne parle pas davantage de la résurrection de Lazare, qui, suivant Jean, x1, aurait précédé le festin.

(0) VERS. 41-42. On a beaucoup disputé sur ce passage, comme si Jésus avait mis Marie, la contemplative, l'artiste,

CHAPITRE XI (a).

Prière de Jésus-Christ. Demander, chercher et frapper. Démon muet. Blasphème des Juifs. Royaume divisé. Fort armé. Démon rentrant. Bonheur de la mère de Jésus. Sigue de Jonas. OEil simple. Dehors de la coupe. Reproches contre les scribes et les pharisiens.

1. Un jour, comme il était en prière dans un certain lieu, après qu'il eut cessé de prier, un de ses disciples lui dit : Seigneur, apprenez-nous à prier, ainsi que Jean l'a appris à ses disciples.

au-dessus de Marthe la ménagère. Tout en effet, dans un livre composé pour servir de monument à une religion, semble fait avec intention et porter loin. Il est possible que tel ait été le but du rédacteur mystique; toutefois, je ne verrais encore là qu'une interprétation forcée d'un mot bien naturel. Jésus, reçu dans la maison de Marthe, l'engage familièrement à ne pas se donner tant de peine pour lui et à faire comme sa sœur. C'est une politesse de circonstance, servant à couvrir, comme d'un voile de modestie, l'importance que le prédicateur attache à ses paroles. Marie, dit-il, a pris le meilleur parti, qui est de m'écouter et de ne rien faire. Laissez-la tranquille!... Du reste, le silence de Luc sur le miracle raconté par Jean, à cette occasion, peut servir à expliquer comment se sont introduits dans la biographie de Jésus tous ces miracles.

-

(a) Tout ce chapitre de Luc est un amas de sentences retenues sans ordre et rassemblées au hasard. En comparant ce chapitre avec les chapitres v, VI, VII, IX et XIII de Matthieu, on reconnaîtra en celui-ci une grande supériorité, sinon peut-être historique, au moins de vraisemblance et d'à-propos. On sent à chaque ligne, -miracles et interpolations à part, que Matthieu a mieux gardé le souvenir des circonstances principales et de l'enchaînement des discours; tandis que Luc ne tient les choses que de deuxième ou troisième

2. Et il leur dit : Lorsque vous priez, dites: Père, que votre nom soit sanctifié; que votre règne arrive;

3. Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour;

4. Et remettez-nous nos offenses, puisque nous les remettons à tous ceux qui nous sont redevables; et ne nous abandonnez point à la tentation.

5. Il leur dit encore: Si quelqu'un d'entre vous avait un ami, et qu'il allât le trouver au milieu de la nuit, pour lui dire : Mon ami, prêtez-moi trois pains,

6. Parce qu'un de mes amis, qui est en voyage, vient d'arriver chez moi, et je n'ai rien à lui donner;

7. Et que cet homme lui répondît de dedans sa maison: Ne m'importunez point, ma porte est déjà fermée, et mes enfants sont couchés aussi bien que moi; je ne puis me lever pour vous en donner;

8. Si néanmoins l'autre persévérait à frapper, je vous assure que, quand il ne se lèverait pas pour lui en donner à cause qu'il est son ami, il se lèverait du moins à cause de son importunité, lui en donnerait autant qu'il en aurait besoin (b).

et

9. Je vous dis de même : Demandez, et on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez à la porte, et on vous ouvrira. 10. Car quiconque demande, reçoit; et qui cherche, trouve; et on ouvrira à celui qui frappe.

11. Mais qui est le père d'entre vous qui donnât à son fils une pierre, lorsqu'il lui demanderait du pain ; ou qui lui donnât un serpent, lorsqu'il lui demanderait un poisson;

12. Ou qui lui donnât un scorpion, lorsqu'il lui demanderait un œuf ?

13. Si donc vous, étant méchants comme vous êtes, vous savez néanmoins donner de bonnes choses à vos enfants; à combien plus forte raison votre Père, qui est dans le ciel, donnera-t-il le bon Esprit à ceux qui le lui demandent?

14. Un jour Jésus chassa un démon qui était muet; et, lorsqu'il

main. Ces considérations rendent de plus en plus plausible l'opinion qui tend à raccorder les récits des trois derniers évangelistes sur celui du premier, et à embrasser toute la carrière de Jésus dans l'intervalle d'environ un an.

(6) VERS. 5-8. Cette paraphrase est touchante; elle peut être attribuée à Jésus, bien qu'elle manque dans les autres évangélistes. Efficacité de la prière. C'est une partie essentielle de la théologie du Christ.

NOUV. TESTAMENT. T. I.

15

eut chassé le démon, le muet parla, et tout le peuple fut ravi en admiration.

15. Mais quelques-uns d'entre eux dirent: Il ne chasse les démons que par Beelzebub, prince des démons.

16. Et d'autres, voulant le tenter, lui demandèrent qu'il leur fit voir un prodige dans l'air.

17. Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera détruit, et toute maison divisée contre elle-même tombera en ruine.

18. Si donc Satan est aussi divisé contre lui-même, comment son règne subsistera-t-il? Car vous dites que c'est par Beelzebub que je chasse les démons.

19. Que si je chasse les démons par Beelzebub, par qui vos enfants les chassent-ils? C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. 20. Mais si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, il est donc visible que le royaume de Dieu est venu jusqu'à vous (c). 21. Lorsque le fort armé garde sa maison, tout ce qu'il possède est en paix.

22. Mais s'il en survient un autre plus fort que lui, qui le surmonte, il emportera toutes ses armes dans lesquelles il mettait sa confiance, et il distribuera ses dépouilles.

23. Celui qui n'est point avec moi est contre moi; et celui qui n'amasse point avec moi, dissipe (c).

24. Lorsque l'esprit impur est sorti d'un homme, il s'en va par des lieux arides, cherchant du repos; et, comme il n'en trouve point, il dit: Je retournerai en ma maison, d'où je suis sorti (d).

(c) VERS. 15-20. - Admirablement raisonné. Malheureusement on est dans l'embarras sur le sens. Il est positif que les Juifs chassaient ou exorcisaient les démons. Jésus en fait autant. Si l'on ne peut vaincre le mal que par l'assistance même de l'auteur du mal, le règne du mal touche à sa fin. L'obscurité ici est sur les possessions. Ce que je conçois de plus raisonnable, c'est que le détraquement des mœurs multipliait les cas de folie, d'aliénation, etc., et que Jésus, par sa morale, par la puissance de ses paroles, ramenait le calme et la sérénité dans les esprits. C'était un magnétisme d'une espèce aujourd'hui inconnue, le magnétisme de la vertu et de la raison.

(d) Danger des rechutes. (Cf. Matthieu, XII, 43 et suivants, note k.

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