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Tevere (Tiberis, 356 kil.), grossi de la Chiana (Clanis), de la Néra (Nar) et du Teverone (Anio), qui des 42 cours d'eau que le Tibre reçoit, mérite seul le nom de rivière; le Garigliano (Liris, 111 kil.), qui, comme le Tibre, court longtemps du nord au sud avant de se jeter à la mer, à travers les marais de Minturnes; le Volturno (Vulturnus, 133 kil.); le Sele (Silarus) et le Lao (Laüs). Dans l'Adriatique tombent, du nord au sud, depuis le Pô: le Pisatello (Rubico), le Metauro (Metaurus), l'Esino (Æsis), le Fronto (Frontus, 89 kil.); la Pescara (Aternus, 133 kil.); le Sangro (Sangrus, 133 kil.); le Tiferno (Tifernus, 93 kil.); le Fortore (Fronto, 129 kil.); et l'Ofanto (Aufidus, 183 kil.). Mais tous ces cours d'eau de l'Italie péninsulaire ont le caractère capricieux des torrents qui descendent des montagnes larges et rapides au prinemps, à l'époque de la fonte des neiges, ils se dessèchent en été, et même les plus considérables d'entre eux restent, dans tous les temps, à peu près inutiles pour la navigation. Aux lacs que nous avons déjà nommés dans la haute Italie, ajoutons ceux de Némi (Nemorensis), d'Albano (Albanus), de Gabii (Gabinus), Regillo (Regillus), dans le Latium ; d'Averne et Lucrin dans la Campanie; de Bracciano (Sabatinus), de Bolsena (Vulsinensis), de Ronciglione ou de Vico (Ciminius), de Bassano (Vadimonius), de Pérugia (Trasimenus), la Palude Chiana (Clusinus) dans la Toscane; enfin celui de Celano (Fucinus) dont les débordements étaient une menace continuelle pour le pays des Marses.

C'est le long des bords de la mer de Toscane que s'étendent tous les marais de l'Italie péninsulaire, à l'exception de ceux qu'on rencontre au nord et au sud du mont Gargano. Pline le jeune parle de l'insalubrité des côtes de l'Etrurie, où commençait déjà la Maremme. César, Auguste, essayèrent vainement de dessécher les marais Pontins, qui couvrent un espace de près de 30 lieues carrées. La Campanie avait les marais de Minturnes et de Marica (Maremme du Garigliano), le Linterna palus (Lago di Patria) et l'Acherusia palus (Lago di Fusaro).

Iles.

L'Apennin projetant vers l'ouest tous ses contre-forts, et venant lui-même mourir au sud, c'est à l'ouest et au sud que se trouvent les promontoires et les îles. Les côtes de la mer de Toscane et de la mer Ionienne sont en effet découpées par de vastes golfes et des ports naturels qui appellent le commerce et la navigation, comme les vastes plaines qui s'étendent par derrière invitent à l'agriculture. Enfin, au large, s'étendent des îles qui sont comme placées en face de chaque grand promontoire. La rive italienne de l'Adriatique, au contraire, est unie et sans ports, et le navigateur, fuyant les pirates illyriens et l'inextricable labyrinthe de leurs îles, ne trouvait de refuge le long de cette côte inhospitalière qu'au fond de l'Adriatique, dans les lagunes de Venise. De là trois populations distinctes et ennemies: à l'ouest et au sud, les marchands sur la côte et les laboureurs dans les plaines; à l'est, les pâtres dans la montagne, ou, pour les appeler par leurs noms historiques, les Grecs italiotes et les Etrusques, qui firent longtemps tout le commerce de la péninsule, les Romains et les Latins, les plus habiles agriculteurs de l'Italie, les Sabins et les Samnites.

Les îles les plus importantes étaient: Ilva (Elbe), en face du promontoire de Populonium et renommée par ses mines de fer, qui, selon la croyance des anciens, se renouvelaient d'elles-mêmes; Pontia et Pandataria, au sud du promontoire de Circeii; Enaria ou Pithicusa (Ischia), et Prochyte (Procida), en face du cap Misène; Capreæ (Capri), en face du cap de Sorrente.

La Sicile ou l'île aux trois promontoires (Pelorum, Pachynum et Lilybæum) appartient, avec le groupe des îles Égates (Tavagnana, Mavetimo et Levenzo) et des îles Eoliennes (Lipari), à l'Italie, dont elle est l'évidente continuation.

Plus éloignées de cette péninsule, la Corse et la Sardaigne en sont cependant encore des dépendances géographiques, et ont été, dans tous les temps, en étroite relation

avec elle. La surface de ces trois grandes îles est presque le quart de la surface totale de l'Italie.

Passages des Alpes.

L'Italie n'était accessible que par un petit nombre de cols ou passages que laissent entre eux les sommets des Alpes, ou qu'ils forment, aux deux extrémités de la chaîne, en s'abaissant vers la mer. Les routes que suivirent les légions romaines pour passer en Gaule, dans l'Helvétie, la Rhétie, le Noricum et l'Illyrie, étaient au nombre de dix. La première traversait les Alpes maritimes; cinq autres passaient par le mont Genèvre, le mont Cenis (Cenisius), le petit Saint-Bernard (Alpis Graja), le grand Saint-Bernard (Penninus mons) et le Saint-Gothard (Adulus mons); la septième suivait le lac de Como et remontait la Valteline; la huitième traversait le mont Brenner; la neuvième, le col de Tarvis, et la dixième conduisait dans l'Illyrie, à travers les Alpes juliennes.

Mais ces routes, bien que difficiles et dangereuses, pour la plupart, ouvraient également l'Italie aux attaques extérieures. Ce fut même par là qu'elle reçut ses premiers habibitants, par là aussi que vinrent les Gaulois et Annibal; et depuis elle n'a échappé ni aux invasions des Barbares, ni à aucune des guerres européennes, malgré sa formidable barrière des Alpes, malgré leurs cimes colossales, « qui, vues de près, semblent des géants de glace placés pour défendre l'entrée de cette belle contrée. »

Illyriens et Pélasges.

Tous les pays qui environnent l'Italie contribuèrent à former sa population. L'Espagne lui envoya les tribus ibériennes des Sicanes et des Ligures; la Gaule, les Celtes ombriens; les grandes Alpes, les Étrusques de la Rhétie; l'Illyrie, de nombreuses tribus pélasgiques; la Grèce enfin, les colonies helléniques. A ces peuples, il faut joindre les indigènes ou autochthones de l'Italie centrale. Il importe de remarquer cette différence de races dans les populations italiennes car elle entraînait nécessairement aussi une diffé

rence de langues, de mœurs, de caractères, qui empêchait tous ces peuples de se regarder comme frères, de s'unir dans une même cause et pour la défense des mêmes intérêts. Ajoutez la nature physique de l'Italie, de cette longue et étroite péninsule, traversée dans toute sa longueur par une chaîne de montagnes et sillonnée à chaque pas par des chaînes transversales qui couvrent le pays d'innombrables vallées. Sur un sol ainsi découpé, avec une population d'origine si variée, il était impossible qu'il se formât un grand peuple; chaque vallée allait devenir le territoire d'une peuplade, et les proportions de tout État s'y réduire à celles d'une tribu, d'une cité.

Ce fut à des époques reculées et à peu près inconnues que l'Italie reçut la plupart des colonies dont nous venons de parler. Les plus anciennes, arrivées vers 1700 et 1600, paraissent avoir été celles des Pélasges et des Illyriens, deux nations qu'il faut peut-être rattacher à la même race, et qui peuplèrent toutes les côtes de la péninsule italique, comme elles occupaient déjà la rive orientale de l'Adriatique. C'étaient d'abord au sud, dans la Iapygie, les Messapiens, qui se divisaient en Salentins et Calabrois; les Peucétiens ou Pédicules, et les Dauniens; puis, dans l'autre presqu'île (Lucanie et Brutium), les OEnotriens, les Chones et les Morgètes. En remontant vers le nord, entre les Apennins et la mer supérieure, on trouvait les Liburnes, et derrière eux, au nord du Pô et sur les bords de l'Adriatique, les Vẻnètes, qui avaient pour capitale Patavium. D'autres Pélasges ou Illyriens, les Sicules, couvrirent en même temps une partie de la vallée du Pô et les côtes occidentales de l'Italie.

Ibères et Celtes.

Mais, vers 1500, les tribus ibériennes des Sicanes et des Ligures, chassées de l'Espagne par une invasion celtique, se répandirent le long de la mer, depuis le Rhône jusqu'aux frontières de l'Étrurie et dans les terres jusqu'au Pô et au Tessin ; quelques-uns passèrent même dans la Corse. On vantait leur activité infatigable, leur sobriété, leur courage, leur agilité.

Nous les verrons combattre 40 ans pour conserver leur liberté. Les Sicanes, la plus avancée vers le sud-est des tribus ibériennes, forcèrent les Sicules à s'éloigner des rives de l'Arno. Ces Pélasges rencontrèrent dans le Latium d'autres ennemis qui les refoulèrent vers le sud, d'où ils passèrent enfin dans l'île qui porte encore leur nom. Les Sicanes opprimés à leur tour par les Ombriens, eurent le sort de ceux qu'ils avaient d'abord vaincus et les suivirent dans leur nouvelle demeure. Ces Ombriens (Ambra, les nobles, les vaillants) étaient des Gaulois qui, arrivés en Italie vers 1400, s'emparèrent, après de sanglants combats, de toute la plaine du Pô, refoulèrent vers le sud les Liburnes, dont il subsista à peine quelques restes sur les bords de l'Aternus, sous le nom de Prætutiens et de Péligniens, et allèrent au delà des Apennins soumettre encore le pays situé entre le Tibre et l'Arno. La domination ombrienne s'étendit alors depuis la haute Italie jusqu'au Tibre. Ce vaste territoire fut partagé en trois provinces l'Issombrie (basse Ombrie), qui comprit les plaines que traverse le Pô; l'Ollombrie (haute Ombrie), entre l'Adriatique et les Apennins; enfin la Vilombrie (Ombrie maritime) de l'autre côté des Apennins jusqu'à la mer Inférieure. De nombreuses villes s'y élevèrent, dont les principales furent Ravenne, Ariminum et Ameria.

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Tyrrhènes et Hellènes.

L'obscurité qui enveloppe ces temps reculés n'a pas encore permis de concilier les diverses traditions qui nous restent sur les mouvements de peuples dont l'Italie fut alors le théâtre. Ainsi de nombreux témoignages et d'indestructibles monuments attestent l'existence, dans la contrée située entre le Tibre et l'Arno, de Pélasges tyrrhéniens, mais sans qu'on puisse savoir à quelle époque ils arrivèrent ni comment ils s'emparèrent du pays. Peut-être faut-il attribuer cette première civilisation de l'Étrurie aux Pélasges sicules et à la colonie tyrrhénienne qui, selon Hérodote et les auteurs latins, vint de la Lydie s'établir sur les bords du Tibre, et s'étendit de là sur toute l'Ombrie maritime.

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