Le rouge et le noir, Volume 2

Front Cover
E. Champion, 1923
 

Other editions - View all

Common terms and phrases

Popular passages

Page 222 - Hé, monsieur, un roman est un miroir qui se promène sur une grande route *. Tantôt il reflète à vos yeux l'azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route. Et l'homme qui porte le miroir dans sa hotte sera par vous accusé...
Page 481 - Fouqué réussit dans cette triste négociation. Il passait la nuit seul dans sa chambre, auprès du corps de son ami, lorsqu'à sa grande surprise, il vit entrer Mathilde.
Page 420 - Il parlait de cet avenir qui allait sitôt se fermer pour lui —Il faut convenir, chère amie, que les passions sont un accident dans la vie, mais cet accident ne se rencontre que chez les âmes supérieures... La mort de mon fils serait au fond un bonheur pour l'orgueil de votre famille, c'est ce que devoieront les subalternes.
Page 481 - Qui sait ? peut-être avons-nous encore des sensations après notre mort, disait-il un jour à Fouqué. J'aimerais assez à reposer, puisque reposer est le mot, dans cette petite grotte de la grande montagne qui domine Verrières. Plusieurs fois, je te l'ai conté ; retiré la nuit dans cette grotte, et ma vue plongeant au loin sur les plus riches provinces de France, l'ambition a enflammé mon cœur * : alors, c'était ma passion.
Page 438 - Mais quand je serais moins coupable, je vois des hommes qui, sans s'arrêter à ce que ma jeunesse peut mériter de pitié, voudront punir en moi et décourager à jamais cette classe de jeunes gens qui, nés dans une classe inférieure...
Page 85 - Quelle idée amusante m'apportez-vous d'Angleterre ? lui dit M. de La Mole... Il se taisait. — Quelle idée apportez-vous, amusante ou non ? reprit le marquis vivement. — Primo, dit Julien, l'Anglais le plus sage est fou une heure par jour ; il est visité par le démon du suicide, qui est le dieu du pays. 2° L'esprit et le génie perdent vingtcinq pour cent de leur valeur en débarquant en Angleterre.
Page 166 - D'oser douter un peu de sa félicité. Je puis croire ces mots un artifice honnête Pour m'obliger à rompre un hymen qui s'apprête; Et, s'il faut librement m'expliquer avec vous, Je ne me fierai point à des propos si doux, Qu'un peu de vos faveurs, après quoi je soupire, Ne vienne m'assurer tout ce qu'ils m'ont pu dire Et planter dans mon âme une constante foi Des charmantes bontés que vous avez pour moi.
Page 100 - Je ne vois que la condamnation à mort qui distingue un homme, pensa Mathilde : c'est la seule chose qui ne s'achète pas.
Page 220 - Du moment qu'elle eut entendu cette cantilène sublime, tout ce qui existait au monde disparut pour Mathilde *. On lui parlait, elle ne répondait pas ; sa mère la grondait, à peine pouvait-elle prendre sur elle de la regarder. Son extase arriva à un état d'exaltation et de passion comparable aux mouvements les plus violents que, depuis quelques jours, Julien avait éprouvés pour elle. La cantilène, pleine d'une grâce divine, sur laquelle était chantée la maxime...
Page 214 - ... de la tirer de sa rêverie. Une fille ordinaire, se disait-elle, eût cherché l'homme qu'elle préfère parmi ces jeunes gens qui attirent tous les regards dans un salon ; mais un des caractères du génie est de ne pas traîner sa pensée dans l'ornière tracée par le vulgaire. Compagne d'un homme tel que Julien, auquel il ne manque que de la fortune que j'ai, j'exciterai continuellement l'attention, je ne passerai point inaperçue dans la vie.