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l'honneur d'être Votre très-humble et très - obéissant BOULO DE COULOMBIERS.

serviteur,

M. Decazes avait reçu une dénonciation contre un des Ban-de-la-Rochois les plus estimables, M. Théophile Scheidecker, Maire de Bellefosse, fils de ce Sébastien Scheidecker qui avait si long-temps aidé notre excellent pasteur dans ses bonnes œuvres. Cette dénonciation commençait par les mots : Tous les citoyens qui composent la commune de Bellefosse etc. M. Decazes n'avait rien de plus empressé que de mettre de sa propre main, en marge de cette pétition l'apostille suivante, signée par lui : Le Préfet prie M. le pasteur Oberlin de lui fournir des renseignemens et son avis sur cet objet. A Strasbourg, le 5 Novembre 1819.

RÉPONSE D'OBERLIN.

Waldbach, ce 22 Novembre 1819.

«Monsieur le Préfet,

Ce ne fut que le 21, que je reçus la très-honorable Votre du 5 Novembre. Sur la pétition il est dit, que tous les bourgeois de Bellefosse demandent la déstitution du S. Th. Scheidecker. Cela n'est pas; car il y a là aussi quelques bourgeois sensés qui s'entendant mieux au véritable intérêt de leur commune, seraient profondément affligés du remplacement d'un fonctionnaire qui ne peut guère être remplacé, et qui pendant tout le temps de sa gestion a agi en père de sa commune, quoiqu'il ne pût pas toujours agir dans le sens et suivant l'avis de tous ses compatriotes. Ce fut surtout lors du séjour des troupes alliées, et puis lors de la famine,*) qu'il

* En 1817.

s'est acquis des mérites inestimables, tant auprès de tous les cinq villages de la paroisse, que principalement auprès de sa commune. Mais ses bourgeois ont trop tôt oublié combien ils lui doivent pour ses soins et peines infatigables et les dangers très-réels, auxquels il s'est exposé pour l'amour d'eux.

Quant à son remplacement les gens de bien le lui accorderaient volontiers pour son repos; mais il serait difficile de trouver généralement quelqu'un (surtout dans sa commune) qui réunit tant de talens administratifs avec autant de générosité, serviabilité, courage et dévouement. Et voilà pourquoi M. de Lezay-Marnésia, Préfet du Bas-Rhin l'avait honoré de son estime et d'une confiance distinguée.

,

Tandis que notre Sauveur et Seigneur rassasiait le peuple dans les déserts et guérissait les malades on voulut le faire Roi, -et lorsqu'il était mécontent de sa doctrine, qui ne s'accordait pas avec ses sentimens, il se laissait entraîner à crier: Crucifiez-le.

J'ai l'honneur de Vous saluer respectueusement,

J.-FR. OBERLIN, pasteur, Chev.

P. S. Monsieur le Sous-Préfet de Sélestadt connait la valeur de ce brave homme et la non-valeur de ses adversaires. »

M. Théophile Scheidecker fut maintenu dans ses fonctions. Ce n'est qu'après d'innombrables dégouts, que peu avant notre dernière et glorieuse révolution, il se démit de ses fonctions de Maire et quitta même le Bande-la-Roche, au grand regret de tous les hommes sages et éclairés du pays.

CHAPITRE XXIII.

Réflexions générales sur la conduite politique
et civique d'Oberlin.

OBERLIN savait très-bien conduire les affaires, il aurait été parfaitement à sa place à la tête d'une grande administration, il savait faire naître l'enthousiasme et faire mouvoir les masses, il possédait à un haut dégré la science du pouvoir; il avait rédigé une suite de réglemens de police, qu'il fit adopter par les Maires et Adjoints du Ban-de-la-Roche. S'il avait été prince ou législateur il aurait suivi la voie des Moyse et des Numa : la religion aurait toujours été le grand mobile par lequel il aurait conduit les hommes; sans vouloir établir de théocratie, il aurait cherché à réaliser parmi nous cette nouvelle Jérusalem, cette cité sainte dont parle la bible; son dévouement patriotique et civique était sans bornes, car peu d'hommes ont eu le cœur aussi noble, aussi généreux qu'Oberlin; sa politique était d'ailleurs tracée par ce beau passage de l'écriture sainte : « Soyez prudens comme des serpens et simples comme des colombes.» (Evang. selon St.-Mathieu X, 16.)

LIVRE SIXIÈME.

Travaux divers d'Oberlin depuis 1789: Ponts et chemins (Continuation.) Prés artificiels. (Continuation.) — De la répression et du rachat des délits forestiers.— Dévouement pour les intérêts de son Consistoire et pour ceux des Protestans en général. Sociétés bibliques. Missions. Société des traítés religieux (Traktatengesellschaft).

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CHAPITRE PREMIER.

Ponts et chemins. (Continuation.*)

OBERLIN BERLIN ne renonçait jamais aux bonnes œuvres, qu'il a cru devoir entreprendre. Nous avons fait connaître ci-dessus à nos lecteurs les efforts généreux qu'Oberlin fit pour la construction et la réparation des ponts et chemins du Ban-de-la-Roche. Nous aimons à faire voir que pendant toute sa longue et noble carrière, le

*) Voyez le Livre III de cet ouvrage, p. 133 et suiv.

zèle d'Oberlin ne s'est pas ralenti pour ces utiles objets. Voici quelques pièces qui en fournissent la preuve.

Rothau, le 26 Avril 1813.

Le Maire de la Commune de Rothau, à Monsieur Oberlin, Ministre du St.-Évangile à Waldbach.

Monsieur,

D'après les plaintes que me fit hier le brigadier de la Gendarmerie, que la défectuosité du pont de charité avait presqu'occasionné des malheurs aux chevaux de ses gendarmes, en passant par-dessus, je m'y suis transporté accompagné par M. le Maire de la Broque; nous avons reconnu qu'effectivement ce pont exige des réparations. C'est pourquoi je Vous prie, Monsieur, si toutefois Vous aviez des fonds pour cet objet, de vouloir bien les employer à cet effet, et m'en donner avis. J'ai l'honneur d'être Votre affectionné,

J. CHARPENTIER, Maire.

Waldbach, ce 26 Avril 1813.

Monsieur le Maire,

Le pont en question, le pauvre pont orphelin, s'appelle le pont de charité, parce que après plusieurs malheurs arrivés, la charité l'a enfin bâti et la charité l'a entretenu. Voila le seul fond qui existe pour cet objet.

Que Dieu veuille être avec Vous, Monsieur le Maire, Vous inspirer et Vous conduire.

J.-Fr. OBERLIN.

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