Une forme du mal du siècle: du sentiment de la solitude morale chez les Romantiques et les Parnassiens...

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Hachette, 1904 - 310 pages
 

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Popular passages

Page 34 - Non, car il ne pense pas à moi en particulier; mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il? Non, car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus.
Page 7 - Je n'entends ni vos cris ni vos soupirs ; à peine Je sens passer sur moi la comédie humaine Qui cherche en vain au ciel ses muets spectateurs.
Page 252 - Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c'est un livre ' sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, comme la terre sans être soutenue se tient en l'air, un livre qui n'aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut.
Page 250 - Les Dieux sont en poussière, et la terre est muette : Rien ne parlera plus dans ton ciel déserté. Dors ! mais vivante en lui, chante au cœur du poète L'hymne mélodieux de la sainte Beauté! Elle seule survit, immuable, éternelle. La mort peut disperser les univers tremblants, Mais la Beauté flamboie, et tout renaît en elle, Et les mondes encor roulent sous ses pieds blancs ! T.
Page 34 - Une ville, une campagne de loin est une ville et une campagne ; mais, à mesure qu'on s'approche, ce sont des maisons, des arbres, des tuiles, des feuilles, des herbes, des fourmis, des jambes de fourmi à l'infini'. Tout cela s'enveloppe sous le nom de campagne (Msc.
Page 10 - Je suis sûr que cet homme-là a dans la tête un millier d'idées qui me sont absolument étrangères ; son essence lui est particulière. Hélas! tout ce que les hommes se disent entre eux se ressemble ; les idées qu'ils échangent sont presque toujours les...
Page 207 - Voici la vie humaine. Je me figure une foule d'hommes, de femmes et d'enfants, saisis dans un sommeil profond. Ils se réveillent emprisonnés. Ils s'accoutument à leur prison, et s'y font de petits jardins. Peu à peu, ils s'aperçoivent qu'on les enlève les uns après les autres pour toujours. Ils ne savent ni pourquoi ils sont en prison, ni où on les conduit après, et ils savent qu'ils ne le sauront jamais.
Page 252 - Je me souviens d'avoir eu des battements de cœur, d'avoir ressenti un plaisir violent en contemplant un mur de l'Acropole, un mur tout nu (celui qui est à gauche quand on monte aux Propylées). Eh bien! je me demande si un livre, indépendamment de ce qu'il dit, ne peut pas produire le même effet?
Page 33 - A mesure qu'on a plus d'esprit, on trouve qu'il ya plus d'hommes originaux. Les gens du commun ne trouvent pas de différence entre les hommes.
Page 35 - ... n'est simplement que le rapport entre le nom et la chose; en sorte qu'à cette expression temps, tous portent la pensée vers le même objet; ce qui suffit pour faire que ce terme n'ait pas besoin d'être défini quoique ensuite, en examinant ce que c'est que le temps, on vienne à différer de sentiment après s'être mis à y penser; car les définitions ne sont faites que pour désigner les choses que l'on nomme, et non pas pour en montrer la nature.

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