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craindre que ce chrétien, après avoir été renvoyé absous, ne se moque de vous, et ne redevienne chrétien comme auparavant ?

Puis donc que vous en usez à notre égard tout autrement qu'avec les autres coupables; que vous n'exigez de nous qu'une chose, à savoir, que nous renoncions au nom de chrétien (nous y renonçons, quand nous nous permettons ce qui est défendu aux chrétiens); vous voyez clairement qu'on ne nous charge d'aucun crime; qu'on n'a à nous imputer que notre nom. La rivalité de religion le poursuit avec acharnement. Elle commence par vous empêcher d'approfondir ce que vous êtes certains d'ignorer. C'est pourquoi vous croyez sur notre compte ce qui n'a jamais été prouvé ; et vous ne voulez pas faire de recherches, de peur de trouver des preuves du contraire. Vous aimez à conserver vos préjugés, pour pouvoir, sur notre seule confession, condamner un nom odieux. C'est pour cela qu'on nous met à la torture, si nous confessons; qu'on nous condamne au supplice, si nous persévérons; qu'on nous absout, si nous nions; parce qu'on ne fait la guerre qu'à notre nom,

Enfin, pourquoi dans vos arrêts de mort ne nous condamnez-vous que comme chrétiens, et non pas comme homicides, comme incestueux, comme coupables en un mot de tous les crimes que vous nous imputez? Nous sommes les seuls dont vous n'osiez en nous condamnant nommer les crimes, car vous en rougiriez. Mais si le nom chrétien n'est celui d'aucun crime, n'est-ce pas le comble de la déraison et de la fureur qu'il suffise cependant pour nous rendre criminels?

III. Que dis-je! La haine du nom chrétien est si aveugle dans la plupart, que même en louant un chrétien, ils lui font un crime de son nom. « C'est un homme vertueux, dit-on, que Caius Seius, mais il est chrétien. » — «) - «Il est fort étonnant, dit un autre, qu'un homme aussi sage que Lucius se soit tout d'un coup fait chrétien. »

Personne ne remarque que Caius n'est vertueux, ni Lucius un sage, que parce qu'ils sont chrétiens, ou qu'ils ne sont devenus chrétiens, que parce qu'ils étaient sages et vertueux. Nos ennemis louent ce qu'ils connaissent, blàment ce qu'ils ne connaissent pas, et corrom

pent ce qu'ils savent par ce qu'ils ignorent. Au lieu de juger de ce qu'ils ne connaissent point par ce qu'ils connaissent, ils condamnent ce qu'ils connaissent par ce qu'ils ne connaissent pas.

D'autres, croyant décrire les chrétiens, qu'ils connaissaient avant leur conversion pour des gens perdus de réputation, font leur éloge, tant la passion les aveugle. Quoi ! dit-on, cette femme qui était si libre, si galante, ce jeune homme autrefois si débauché, les voilà chrétiens! On fait honneur au nom chrétien de leur changement.

Quelques-uns, pour satisfaire leur haine, sacrifient leurs propres intérêts. Un mari, quoique forcé de n'être plus jaloux, répudie une femme devenue chaste en devenant chrétienne. De même, un père déshérite un fils soumis dont il tolérait auparavant les désordres. Un maître chasse un esclave fidèle, qu'il avait traité jusque-là avec douceur. Tout homme qui se corrige en devenant chrétien se rend par-là même odieux; tant la haine du nom chrétien l'emporte sur tout le bien dont il est le principe! Mais quel crime peut-on reprocher à un nom, si ce n'est peut-être de choquer l'oreille par quelque son barbare, de présenter à l'esprit des idées sinistres, des images impures? Rien de tout cela dans le mot christianus, tiré d'un mot grec qui signifie onction1. Il signifie douceur, lorsqu'il est prononcé peu correctement chrestianus. Il est donc vrai qu'on hait un nom innocent dans des hommes irréprochables.

C'est la secte, dit-on, qu'on hait dans le nom de son auteur. Mais qu'y a-t-il de nouveau que les disciples prennent le nom de leur maître? D'où vient le nom des platoniciens, des épicuriens, des pythagoriciens? Les stoïciens et les académiciens ont emprunté le leur du lieu de leurs assemblées; les médecins, d'Érasistrate; les grammairiens, d'Aristarque; les cuisiniers, d'Apicius. S'est-on avisé de leur en faire un crime? Sans doute si on prouve qu'une secte est mauvaise, que l'auteur est un séducteur, on prouvera que le nom est mauvais, mais à cause de la secte et de l'auteur. C'est pour cela qu'avant de prendre en aversion le nom de chrétien, il fallait s'attacher à connaître la secte par

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l'auteur, on l'auteur par la secte. Mais iei, sans information, sans éclaircissement ni sur la secte ni sur l'auteur, on accuse, on persécute le nom du chrétien; on condamne la religion des chrétiens et son auteur, sans les connaître, sur leur nom seul.

IV. Après ces observations préliminaires, qui m'ont paru indispensables pour combattre le plus injuste préjugé contre le nom chrétien, j'entreprends de prouver directement notre innocence, non-seulement en nous justifiant de ee qu'on nous impute, mais en confondant nos calomniateurs, en montrant qu'ils font en public les mêmes choses qu'il nous accusent de faire en secret, et pour lesquelles ils nous regardent comme les plus méprisables, les plus insensés, les plus punissables et les plus corrompus des hommes. Souillés de crimes euxmêmes, qu'ils rougissent, je pourrais dire d'accuser les hommes les plus vertueux, du moins d'accuser ceux qu'ils prétendent leur ressembler. Mais en vain la vérité aura-t-elle répondu à tout par ma bouche; vous nous opposez l'autorité suprème de vos fois, après lesquelles, dites-vous, il n'est pas permis d'examiner, et que vous êtes obligés de préférer à la vérité. Commençons done par discuter ce qui regarde ces lois dont vous êtes les ministres.

Lorsque après avoir prononcé durement : « Il ne vous est pas permis d'ètre chrétien,» vous vous montrez inflexible, vous annoncez du haut de votre forteresse la violence et la tyrannie, si vous prétendez que cela ne nous est pas permis, parce que telle est votre volonté, et non parce qu'en effet cela ne doit pas l'être; si c'est par la raison que cela ne doit pas être permis, sans doute le mal seul ne peut l'ètre, et tout ce qui est bien, par-là même est permis. Si donc je réussis à prouver que la religion que votre loi défend est un bien, j'aurai prouvé que cette loi n'a pu la défendre, comme elle aurait droit de le faire si c'était un mal. Si votre loi s'est trompée, c'est qu'elle est l'ouvrage d'un homme, et qu'elle ne tire pas son origine du ciel. Qu'y a-t-il de surprenant qu'un législateur se soit trompé, et qu'il se soit réformé luimême? Lycurgue fut si affligé des changemens que les Lacédémoniens firent à ses lois, qu'il se condamna à mourir de faim dans le lieu de sa retraite. Vous-mêmes, à la faveur du flambeau

de l'expérience, qui a dissipé les ténèbres de l'antiquité, n'éclaircissez-vous pas tous les jours, par des rescrits et par des édits, l'immense et confuse forêt de vos lois ? L'empereur Sévère, tout ennemi qu'il est des innovations, n'a-t-il pas dernièrement abrogé une loi peu réfléchie, quoique vénérable par son antiquité, la loi Papia, qui ordonnait d'avoir des enfans avant le temps fixé par la loi Julia pour le mariage? La loi barbare qui permettait au créancier de mettre en pièces un débiteur insolvable, a été abolie par les suffrages unanimes du peuple romain: la peine de mort a été commuće en une peine infamante. Au lieu de répandre le sang, on a voulu qu'il servit à tracer sur le front la honte du banqueroutier, que la loi punit par la confiscation de ses biens.

Quelle réforme ne vous reste-t-il pas à faire dans vos lois, s'il est vrai que ce n'est ni leur ancienneté ni la dignité de leurs auteurs, mais leur équité seule qui les rend respectables! Mais dès qu'elles sont injustes, on a droit de les condamner ces mêmes lois qui nous condamnent. Je dis injustes: je devrais dire insensées si elles punissent le nom seul de chrétien. Si ce sont les actions qu'elles punissent, pourquoi donc nous punissent-elles sur la seule confession de notre nom, tandis que tous les autres, elles ne les punissent que sur la preuve du crime? Je suis incestueux, pourquoi n'informe-t-on pas contre moi? Infanticide, que ne me met-on à la question? Coupable envers les dieux, envers les empereurs, pourquoi ne pas entendre ma justification? Il n'y a point de loi qui défende d'examiner les preuves du crime qu'elle condamne. Il n'y a point de juge en droit de punir, s'il ne sait que le crime a été commis. Il n'y a point de citoyen qui puisse observer la loi, s'il ne sait ce qu'elle punit.

Ce n'est pas assez que la loi se rende, pour ainsi dire, à elle-même témoignage de son équité. Il faut qu'elle la fasse connaître à ceux dont elle exige l'obéissance. Elle devient suspecte quand elle ne veut pas qu'on l'examine. Elle est tyrannique quand elle commande une obéissance aveugle.

Pour remonter à l'origine des lois qui nous concernent, il y avait un ancien décret qui défendait aux empereurs de consacrer aucun dieu sans l'approbation du sénat. M. Æmilius sait ce

qui arriva à ce sujet à son dieu Alburnus. Il n'est pas indifférent pour notre cause de remarquer que c'est le caprice de l'homme qui décide de la divinité. Si le dieu ne plaît pas à l'homme, il ne sera point dieu. C'est au dieu à rechercher la faveur de l'homme. Tibère, sous le règne de qui le nom chrétien commença à ètre connu dans le monde, rendit compte au sénat des preuves de la divinité de Jésus-Christ, qu'il avait reçues de Palestine, et les appuya de son suffrage. Le sénat les rejeta, parce qu'elles n'avaient pas été soumises à son examen. Mais l'empereur persista dans son sentiment, et menaça des plus grands châtimens les accusateurs des chrétiens.

Consultez vos annales, vous verrez que Néron est le premier qui a tiré le glaive contre la secte des chrétiens. Nous faisons gloire de le nommer pour l'auteur de notre condamnation. On ne saurait douter que ce que Néron a condamné ne soit un grand bien. Domitien, qui avait hérité d'une partie de la cruauté de Néron, avait commencé aussi à persécuter les chrétiens. Mais comme il n'avait pas dépouillé tout sentiment d'humanité, il s'arrêta bientôt, et rappela même ceux qu'il avait exilés.

Voilà quels ont été nos persécuteurs, des hommes injustes, impies, infàmes: vous mêmes vous les condamnez, et vous réhabilitez ceux qu'ils ont condamnés. De tous les princes qui ont connu et respecté le droit divin et le droit humain, nommez-en un seul qui ait persécuté les chrétiens. Nous pouvons en nommer un qui s'est déclaré leur protecteur, c'est le sage Marc-Aurèle. Qu'on lise la lettre où il atteste que la soif cruelle qui désolait son armée en Germanic fut apaisée par la pluie que le ciel accorda aux prières des soldats chrétiens. S'il ne révoqua pas expressément les édits contre les chrétiens, du moins les rendit-il sans effet, en portant des lois encore plus rigoureuses contre leurs accusateurs.

Quelles sont donc ces lois contre les chrétiens qui ne sont exé utées que par des princes impies, injustes, infàmes, cruels, insensés; que Trajan a éludées en partie en défendant de rechercher les chrétiens; que n'ont jamais autorisées ni Adrien, si amateur de toute curiosité, ni Vespasien le destructeur des Juifs, ni Antonin, ni Verus? Cependant c'était à des princes

vertueux à exterminer une secte de scélerats, et non pas à d'autres scélérals.

VI. Que ces grands zélateurs des lois et des usages de leurs pères me disent maintenant, s'ils les ont respectés tous, s'ils les ont toujours observés scrupuleusement, s'ils n'ont pas entièrement oublié et comme aboli les règlemens les plus sages et les plus nécessaires pour la pureté des mœurs. Que sont devenues ces lois somptuaires, ces lois si sévères contre l'ambition, qui fixaient à une somme modique la dépense d'un repas, qui défendaient d'y servir plus d'une volaille, encore n'était-il pas permis de l'engraisser, qui chassaient du sénat un patricien possesseur de dix livres d'argent, comme convaincu par là d'une ambition démesurée, qui faisaient raser les théâtres à peine élevés, comme n'étant propres qu'à corrompre les mœurs, qui ne souffraient pas qu'on usurpât impunément les marques des dignités et de la noblesse ?

Je vois à présent donner des repas nommés centenaires, parce qu'ils coûtent cent mille sesterces. Je vois l'argent des mines converti en vaisselle, je ne dis pas pour l'usage des sénateurs, mais des affranchis, des esclaves qui à peine ont rompu leurs fers. Je vois qu'on multiplie les théâtres, qu'on les met à couvert des injures de l'air. Et sans doute c'est pour garantir du froid ces voluptueux et délicats spectateurs que les Lacédémoniens inventèrent leurs manteaux.

Je vois les dames romaines parées comme les courtisanes, et confondues avec elles. Ces anciennes coutumes, si favorables à la conservation de la modestie et de la tempérance, sont abolies. Autrefois les femmes ne portaient point d'or, à l'exception de l'anneau nuptial que leurs maris leur avaient mis au doigt. L'usage du vin leur était si rigoureusement interdit, qu'on fit mourir de faim une femme pour avoir ouvert un cellier; et sous Romulus, Mécénius tua impunément sa femme, qui n'avait fait que goûter du vin. Les femmes étaient obligées d'embrasser leurs proches parens, pour qu'on pût s'assurer si elles avaient observé cette défense. Qu'est devenue cette antique félicité du mariage, fondée sur les mœurs qui en cimentèrent tellement l'harmonie, que pendant près de six cents ans, il n'y eut pas un seul exemple de di

vorce? Aujourd'hui tout le corps d'une femme plie sous le poids de l'or. La passion des femmes pour le vin ne leur permet plus de recevoir d'embrassemens. Le divorce est comme le fruit et le vœu du mariage.

Vous avez mème aboli les sages ordonnances de vos ancêtres sur le culte des dieux. Les consuls, conformément au décret du sénat, avaient chassé Bacchus et ses mystères non-sculement de Rome, mais de toute l'Italie. Les consuls Pison et Gabinius, qui cependant n'étaient pas chrétiens, avaient interdit l'entrée du Capitole, c'est-à-dire du palais des dieux, à Sérapis, à Isis, à Harpocrate et à celui qu'on représente avec une tète de chien; ils avaient renversé leurs autels, et arrêté le cours de ces vaines et infàmes superstitions. Vous avez rétabli ces divinités dans tout leur éclat. Où est la religion, où est le respect dû à vos pères? Vous dégénérez en tout des exemples qu'ils vous ont laissés, par votre habillement, vos goûts, votre luxe, vos sentimens, votre langage. Vous louez sans cesse l'antiquité, et rien de plus nouveau que la manière dont vous vivez. Vous vous éloignez de plus en plus des sages institutions de vos pères, pour ne les imiter que dans leurs égareniens. Je pourrai mėme vous montrer dans la suite que, semblables en ce point aux chrétiens, à qui cependant vous en faites un crime capital, vous négligez, vous méprisez, vous détruisez le culte de vos propres divinités, quoique vous vous piquiez d'avoir hérité du zèle religieux et aveugle de vos pères, quoique vous ayez comme naturalisé parmi vous Sérapis, dont vous avez relevé les autels, Bacchus dont la fureur célèbre les orgies. Mais je vais répondre aux accusations de crimes secrets, pour passer ensuite aux autres. VII. On dit que dans nos mystères nous égorgeons un enfant, que nous le mangeons, et qu'après cet horrible repas nous nous livrons à des plaisirs incestueux, lorsque des chiens complices de ces infamies ont renversé les flambeaux, et qu'en nous délivrant de la lumière, ils nous ont affranchis de la honte. On le dit toujours; mais depuis si longtemps qu'on le dit, vous n'avez pas pensé à informer de ces crimes. Si vous les croyez, informez-en done; ou si vous ne le faites pas, ne les croyez donc point. Votre négligence à cet égard prouve assez qu'il n'y a rien de réel dans ce que vous n'osez éclaircir.

Aussi donnez-vous au bourreau des chrétiens une commission bien étrange. Vous ordonnez de les tourmenter pour les forcer non pas à avouer ce qu'ils font, mais à nier ce qu'ils sont.

La religion des chrétiens a commencé sous Tibère. La vérité s'est fait haïr dès qu'elle s'est fait connaître. Autant d'étrangers, autant d'ennemis les Juifs par jalousie, les soldats par l'avidité du pillage, nos serviteurs par la malignité naturelle de leur état. Tous les jours on nous assiége, tous les jours on nous trahit. Très-souvent on vient nous faire violence dans nos assemblées. Quelqu'un a-t-il jamais entendu les cris de cet enfant que nous immolons ? Nommez-moi le dénonciateur qui a fait voir au juge nos lèvres teintes de sang, comme celles des Cyclopes et des Sirènes. Vos femmes chrétiennes vous ont-elles donné lieu de soupçonner les infamies que vous nous imputez ? Mais si quelqu'un avait été témoin de ces abominations, les aurait-il cachées; se serait-il laissé corrompre par les mêmes hommes qu'il traînait devant les tribunaux?

Si, comme vous le dites, nous nous cachons toujours, comment donc ce que nous faisons a-t-il été découvert? Par les coupables mêmes? Cela ne peut être. Le secret est ordonné dans tous les mystères. Il est inviolable dans ceux d'Eleusis et de Samothrace: il le sera à plus forte raison dans les nôtres, qui ne peuvent être révélés sans attirer aussitôt la vengeance des hommes, tandis que celle du ciel est suspendue. Si les chrétiens ne se sont pas trahis eux-mêmes, ils ont donc été trahis par des étrangers? Mais d'où les étrangers ont-ils pu avoir connaissance de nos mystères, puisque toutes les initiations même des hommes pieux écartent les profanes ? Les impies seraient-ils les seuls qui ne craignissent rien?

Il ne reste donc que la renommée qui puisse nous accuser. Mais la nature de la renommée est connue de tout le monde. Votre poëte l'appelle le plus rapide de tous les maux 1.» Pourquoi l'appelle-t-il un mal, sinon parce qu'elle est presque toujours menteuse? Elle l'est même lorsqu'elle annonce la vérité; parce qu'elle l'altère toujours, so t en diminuant, soit en exagérant. Que dis-je ? La renommée ne vit 1 Fama malum, quæ non alind velocius ullum. VIRGILE, Eneid., IV, v. 174.

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Eous a

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sane "arsqu'elle ministère est commis à un autre, venez voir
mourir votre semblable, presque avant d'avoir
vécu. Soyez attentifs au moment où s'échappera
l'âme qui vient de l'animer. Recevez ce sang
qui commence à couler, trempez-y votre pain,
rassasiez-vous. Remarquez pendant le repas,
remarquez avec soin où est votre mère, où est
votre sœur, afin qu'il n'y ait point de méprise,
dès que les flambeaux seront éteints; car ce
serait un crime de manquer à commettre un
inceste. Initiés de la sorte aux mystères, yous
êtes sûrs de l'immortalité. Répondez-moi de
grâce, voudriez-vous de l'immortalité à ce prix?
Non sans doute. Aussi ne sauriez-vous croire
qu'elle soit à ce prix. Mais quand vous le croi-
riez, vous n'en voudriez point; et quand vous
le voudriez, vous ne le pourriez point. Com-
ment donc d'autres le pourraient-ils, si vous
ne le pouvez pas ? Et si d'autres le peuvent,
comment ne le pourriez-vous pas ? Sommes-
nous d'une autre nature que vous ? Nous croyez-
vous des monstres ? La nature nous aurait-elle
formés singulièremeut pour l'inceste et pour
les repas de chair humaine? Si vous croyez ces
horreurs d'un homme, vous pouvez les com-
mettre vous êtes hommes comme les chrétiens.
Si vous ne pouvez les commettre, vous ne devez
pas les croire les chrétiens sont hommes

please est arriset le gouverne1996, 8 il a tiré au sort ***** Rome. »La renompanga Fincertitude, ne 1 x è a certitude. Qui donc 169x axiomanée? Ce ne sera pas go4 æë qy95% ̧o mais ce qui est incertain. qe que a brillant que puisse être le mée, quelque fondement paraisse avoir, il est clair qu'un de Na hamne lai donna la naissance, et que 8 206 passe par les bouches et par les oreilles titude, comme par autant de canaux. obscurité et le vice de son origine sont tement couverts par l'éclat qui l'environne, que personne ne s'avise de penser que la source pourrait bien en être infectée par le mensonge; ce qui arrive pourtant, tantôt par jalousie, tantot par des soupçons téméraires, tantôt par ce penchant naturel d'une partie des hommes pour le mensonge. Heureusement,

Il n'est rien à la fin que le temps ne découvre : cela est passé en proverbe parmi vous. La nature a voulu que rien ne pût être longtemps caché, pas même ce qui a échappé à la renommée.

Ce n'est donc pas sans raison que depuis tant de temps la renommée seule a connaissance de nos crimes. Oui, voilà le seul accusateur que vous produisez contre nous, et qui jusqu'ici n'a pu rien prouver de ce qu'il publie partout et avec tant d'assurance.

VIII. J'en appelle à la nature contre ceux qui jugent de tels bruits dignes de créance. Je suppose que nous proposions en effet la vie éternelle comme la récompense de ces crimes. Croyez pour quelques momens ce dogme incroyable, Mais je vous le demande, quand même vous seriez parvenus à le croire, voudriez-vous acheter si cher la récompense? Oui, venez plonger le fer dans le sein d'un enfant, qui n'a pu faire mal à personne, qui n'a pu se rendre coupable d'aucun crime, et que vous regardez comme votre enfant commun. Ou si ce barbare

comme vous.

<«< Mais on trompe, on surprend les nouveaux chrétiens.» Comme s'ils pouvaient ignorer les bruits qui courent à ce sujet; comme s'ils n'avaient pas le plus grand intérêt à les approfondir, à s'assurer de la vérité. D'ailleurs l'usage est que tous ceux qui demandent à être initiés vont trouver l'hierophante, pour savoir de lui les préparatifs qu'ils ont à faire. Il leur dira. donc «Il faut avoir un enfant qui ne sache pas ce que c'est que la mort, qui rie à la vue du couteau. Il faut du pain pour tremper dans le sang, des flambeaux et des chiens, pour renverser les flambeaux. Avant tout, il est nécessaire que vous veniez avec votre mère et avec votre sœur, » Mais si elles ne voulaient pas venir, ou même si le postulant n'en avait point, s'il était seul de sa famille ? On ne serait donc pas reçu chrétien, si on n'avait ni mère ni sœur?

Mais quand même les nouveaux chrétiens n'auraient été prévenus de rien, du moins ils savent tout dans la suite. Ils le souffrent et ne

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