Oeuvres philosophiques de Fénelon

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Charpentier, 1845 - 483 pages
 

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Popular passages

Page 87 - C'est un mélange incompréhensible de bassesse et de grandeur, de fragilité dans la matière, et d'art dans la façon. La main de Dieu éclate partout, jusque dans un ver de terre. Le néant se fait sentir partout, jusque dans les plus vastes et les plus sublimes génies. Tout ce qui n'est point Dieu ne peut avoir qu'une perfection bornée, et ce qui n'a qu'une perfection bornée demeure toujours imparfait par l'endroit où la borne se fait sentir, et avertit que l'on y pourrait encore beaucoup...
Page 54 - C'est un maître intérieur qui me fait taire , qui me fait parler, qui me fait croire, qui me fait douter, qui me fait avouer mes erreurs ou confirmer mes jugements : en l'écoutant, je m'instruis; en m'écoutant moi-même, je m'égare.
Page 54 - A la vérité ma raison est en moi, car il faut que je rentre sans cesse en moi-même pour la trouver ; mais la raison supérieure qui me corrige dans >le besoin, et que je consulte, n'est point à moi, et elle ne fait point partie de moi-même.
Page 88 - ... de se précipiter dans la mer, et les arbres qui montent vers le ciel, pour vaincre les rayons du soleil par l'épaisseur de leurs ombrages? Ces figures ont passé même dans le langage vulgaire : tant il est naturel aux hommes de sentir l'art dont toute la nature est pleine. La poésie n'a fait qu'attribuer aux créatures inanimées le dessein du créateur, qui fait tout en. elles. Du langage figuré des poètes, ces idées ont passé dans la théologie des païens, dont les théologiens furent...
Page 13 - ... l'air, qui attiédissent les saisons brûlantes, qui tempèrent la rigueur des hivers, et qui changent en un instant la face du ciel? Sur les ailes de ces vents volent les nuées d'un bout de l'horizon à l'autre. On sait que certains vents régnent en certaines mers dans des saisons précises; ils durent un temps réglé, et il leur en succède d'autres, comme tout exprès, pour rendre les navigations commodes et régulières.
Page 270 - Voilà néanmoins le point essentiel de la séparation de toute branche d'avec l'ancienne tige. Tout ignorant qui sent son ignorance doit avoir horreur de commencer par cet acte de présomption. Il cherche une autorité qui le dispense de faire cet acte présomptueux, et cet examen dont il est incapable.
Page 12 - Eaux qui remontent inonderait des royaumes entiers. Qui est-ce qui a su prendre des mesures si justes dans des corps immenses ? Qui est-ce qui a su éviter le trop et le trop peu ? Quel doigt a marqué à la mer la borne immobile qu'elle doit respecter dans la suite de tous les siècles, en lui disant : " Là, vous viendrez briser l'orgueil de vos vagues !" Mais ces Eaux si coulantes deviennent tout à coup, pendant l'hiver, dures comme des rochers.
Page 228 - ... au bâton , qui ne me frappe qu'autant que cette main le pousse. Encore une fois , ôtez la liberté, vous ne laissez sur la terre ni vice , ni vertu, ni mérite. Les récompenses sont ridicules, et les châtiments «ont injustes et odieux.
Page 86 - Écritures 3, mes voies et mes pensées sont-elles élevées au-dessus des vôtres. Que l'homme admire donc ce qu'il entend, et qu'il se taise sur ce qu'il n'entend pas. Mais après tout, les vrais défauts mêmes de cet ouvrage ne sont que des imperfections que Dieu ya laissées pour nous avertir qu'il l'avait tiré du néant.
Page 91 - Quand je pense , Seigneur, que tout l'être est en vous, vous épuisez et vous engloutissez , ô abîme de vérité, toute ma pensée; je ne sais ce que je deviens : tout ce qui n'est point vous disparaît, et à peine me reste-t-il de quoi me trouver encore moi-même. Qui ne vous voit point n'a rien vu; qui ne vous goûte point n'a jamais rien senti : il est comme s'il n'était pas ; sa vie entière n'est qu'un songe.

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