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comme déposants pour le fait qu'ils défendent, des philosophes, des savants, des écrivains trèsanciens, qui n'étoient point instruits de la révélation; mais aussi qui n'avoient point d'intérêt à la combattre. Entrons dans le détail.de ces preuves.

1.o On trouve non-seulement dans les entrailles de la terre, et dans les endroits les plus bas, mais jusques dans les terreins les plus élevés, et même jusques sur les plus hautes montagnes, des lits, des couches, des amas de coquillages de mer, et d'herbes marines: on y trouve des poissons pétrifiés, des ossements d'animaux, qui ne se voient que dans des climats fort éloignés. Wooward, Vallisneri, Scheuzer, Buffon, les transactions philosophiques, les mémoires de l'académie des sciences, en fournissent des preuves et des détails, dont les plus fiers et les plus opiniâtres ennemis du vrai sont forcés de convenir. Il faut donc que tout cela ait été poussé du sein des mers, et transporté par l'agitation des eaux. Il faut donc que la sur face des eaux ait au moins égalé la cime des plus hautes montagnes, qu'elles y aient séjourné longtemps, et qu'elles aient été dans une grande agitation pendant ce séjour.

Or, ce sont-là autant de circonstances que Moïse nous détaille dans son récit du déluge..

Il nous dit1 que les eaux s'élevèrent de quinze coudées, c'est-à-dire, d'environ quatre toises au-dessus des montagnes; qu'elles restèrent dans cette élévation durant cent cinquante jours2; qu'au bout de cinq mois, le Seigneur envoya les vents sur cette terre couverte et détrempée par les eaux3; que ces eaux agitées alloient et revenoient par une espèce de flux et de reflux; que ce ne fut qu'après trois mois d'agitation et de diminution, que la cime des montagnes commença à reparoître ; et qu'il fallut encore trois autres mois avant que la terre fût suffisamment desséchée.

Ces transports, ce mélange, cette confusion de tant de choses sorties des eaux, n'étoient-elles pas une suite nécessaire de leur agitation; et ne sont-ce pas autant de monuments toujours subsistants de la vérité du fait rapporté par Moïse? L'inspection du monde ne prouve-t-elle pas la vérité du récit de Moïse, et le récit de Moïse ne s'accorde-t-il pas parfaitement avec ce que nous reconnois, sons dans ce monde?

2.o Dans les gorges des grandes chaînes de montagnes, telles que sont les Alpes et les Pirénées, on trouve en certains endroits d'autres montagnes, qui ne sont que des amas immenses de gros caillous accumulés et entassés.

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Ces montagnes sont moins élevées que celles qui sont de roc vif. Les caillous sont liés en¬ semble par une espèce de ciment d'une dureté presque égale à celle de la pierre. Dans les quartiers qui s'en détachent, on reconnoît souvent des herbes marécageuses, noircies. desséchées, et fortement incorporées dans cette espèce de ciment.

Si l'on fait attention à cette espèce de flux et de reflux des eaux, rapportée par Moïse, et à leur violente agitation, on ne sera pas surpris de ces amas immenses de caillous, qui forment de nouvelles montagnes dans ces gorges inégalement resserrées. Mais on donne hardiment le défi à tous les philosophes, d'en rendre raison dans aucun des systêmes qui ne supposera pas le récit de Moïse.

L'histoire du déluge a été connue de tous les anciens peuples. Berose le Chaldéen nous parle de l'arche qui s'arrêta vers la fin du déluge sur une montagne d'Arménie1. Nicolas de Damas, dans le 96me livre de ses histoires, dit qu'au temps du déluge, il y eut un homme, qui, arrivant avec une arche ou vaisseau sur une haute montagne d'Arménie, échappa à ce fléau universel, et que les restes de cette arche se sont conservés long-temps sur cette montagne. Abydène, auteur d'une

Joseph. Antiq. I. 1. c. 4

histoire des anciens Mèdes et Assyriens, donne de ce déluge quantité de détails, tous semblables à ceux qu'en donne Moïse1. Qu'on lise le traité de Lucien sur la Déesse Syrienne, on y trouvéra toutes les circonstances de ce terrible évènement, aussi clairement et aussi énergiquement exposées, que dans le Livre de la Genèse. Si nous citons ici Lucien, ce n'est que comme déposant et attestant de la tradition générale qu'il trouva chez les Orientaux, sur le déluge.

A la clarté et à l'évidence de ces différentes preuves que nous venons dé donner, il n'est point d'homme raisonnable qui hésité, ou à qui il vienne le moindre doute. Le mécréant, de son côté, n'ose pas entreprendre de les combattre ; mais il tâche de faire diversion, d'éblouir par un jargon scientifique, de surprendre ceux qui seroient peu înstruits, en leur présentant de prétendues impossibilités.

On peut juger de la profondeur de sa science, et de la force de ses raisonnements, par l'entretien suivant, dans lequel un mécréant rapporte tout ce qui est objecté contré le déluge par l'auteur du Dictionnaire phr losophique.

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LE MÉCRÉANT.

Bon bon. Ce n'est qu'une vieille fable, que votre déluge universel, une de ces vieilles erreurs, que la crédulité ignorante admet, et dont le philosophe voit d'abord l'absurdité.

LE CHRÉTIEN.

Peut-on en sûreté, vous en croire sur votre parole, Monsieur; et doit-on préférer votre autorité à celle de Moïse, et à celle de tant d'écrivains estimés et respectés, et certainement très-dignes de l'être?

LE MÉCRÉANT,

Il n'y a que la raison qui fasse autorité; et la raison me dit, que le déluge est une chimère absurde en physique, démontrée impossible par les lois de la gravitation, et par les lois des fluides, par l'insuffisance de la quantité des eaux.

LE CHRÉTIEN.

Mais qu'est-ce que la gravitation? Et que sont les lois de la gravitation, pour ou contre l'inondation du globe?

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