Page images
PDF
EPUB

"gea en Egypte, qui étoit depuis long-temps » un royaume florissant, gouverné par un » Roi puissant; rien n'empêche que dans ce " royaume si ancien, la circoncision ne fût » dès long-temps en usage, avant que la na» tion Juive ne fût formée. De plus, la cir» concision d'Abraham n'eut point de suite; » sa postérité ne fut circoncise que du temps

[ocr errors]

» de Josué. "

C'est un mensonge de dire que la circoncision d'Abraham n'eut point de suite. Nous venons de voir que tous les Hébreux qui sortirent d'Egypte, étoient circoncis; nous trouvons dans la Genèse, que les fils, petitsfils et arrière-petits-fils d'Abraham furent circoncis1. C'est-là porter bien loin la hardiesse; mais la hardiesse n'est pas heureuse.

Ensuite où cet homme, qui ne cherche qu'à imposer par son ton décisif, a-t-il appris que le royaume d'Egypte fut déjà sì florissant, si ancien, si bien gouverné, si puissant du temps d'Abraham? Ce sont-là de grands mots pour jetter de la poussière aux yeux, et puis c'est tout. Les plus anciens auteurs Egyptiens n'ont écrit qu'un millier d'années après Moïse, et quatorze ou quinze cents ans après Abraham. Moïse, né dans ce royaume, adopté par la fille du Roi,

• Gen. 17. 34.

choisi de Dieu pour traiter avec le Roi luimême de la délivrance des Hébreux, devoit mieux connoître l'état de ce royaume, que ceux qui ne sont venus que dix à douze siècles, ou trente siècles après ce grand homme.

Enfin on peut, pour s'amuser, remarquer la catachrèse qu'emploie souvent notre judicieux et érudit écrivain. Il parle de Juifs, de nation Juive du temps de Moïse et de Josué, au lieu de parler d'Hébreux ou d'Israélites. Les noms de Juifs et de nation Juive, n'ont pu avoir lieu que plus de cinq cents ans après, lorsque ce peuple fut partagé en deux états différents, sous Roboam fils de Salomon, et que l'un de ces états fut appellé royaume d'Israël, ou de Samarie, et l'autre, royaume de Juda d'où vint le nom de Judée, et de nation Juive.

VII.

« Avant Josué, les Israélites, de leur » ayeu même, prirent beaucoup de coutumes. » des Egyptiens ; ils les imitèrent dans plu"sieurs sacrifices, dans plusieurs cérémonies ; » tout atteste que le petit peuple Hébreu malgré son aversion pour la grande nation » Egyptienne, avoit retenu une infinité d'usages de ses anciens Maîtres. "

[ocr errors]

On suppose que les Israélites avouent

[ocr errors]

qu'ils prirent beaucoup de coutumes des Egyptiens; mais Moïse, les prophêtes et les payens même nous attestent tout le contraire. « Vous ne suivrez point, dit ce grand Légis"lateur à Israël, les usages des Egyptiens", » parmi lesquels vous avez demeuré, ni ceux " du pays de Chanaan, où je vais vous faire >> entrer; vous ne vous conduirez, ni selon leurs maximes, ni selon leurs lois. » Tacite nous représente Moïse comme un législateur qui a pris en tout le contre-pied de tous les autres, qui n'a rien voulu emprunter des autres nations, qui a voulu même que les Hébreux ne leur ressemblassent, et ne les imitassent en rien. Il fait remarquer aussi en particulier l'opposition de leurs coutumes avec celles des Egyptiens. Voici comment il s'exprime : « Moses novos ritus contrariosque » cæteris mortalibus indidit. Profana illie » omnia quæ apud nos sacra. Rursum con" cessa apud illos, quæ nobis incesta. Caso "ariete in contumeliam Hammonis, bos » quoque immolatur quem Egyptii Apin » colunt. Adversùs omnes hostile odium, se» parati epulis, discreti cubilibus, circum"cidere genitalia ut diversitate noscantur. On se dispense de citer davantage. La dé

[blocks in formation]

monstration des mensonges du Docteur est assez claire.

S'il y a eu quelques usages dans lesquels les Egyptiens et les Hébreux se soient rencontrés, ce n'est nullement une preuve que les uns les aient empruntés des autres. Ces usages étoient des restes de la première loi de nature, qui avoit d'abord été observée chez toutes les nations, et qui, étant justes, innocents et raisonnables, avoient été conservés et alliés avec les lois postérieures. Tels étoient les sacrifices, les néoménies, les prières, etc. On peut en voir l'explication donnée d'une manière très-intéressante et très-lumineuse, dans l'Histoire du Ciel par M. l'abbé Pluche1.

[ocr errors]

VIII.

"Il n'est point extraordinaire

que Dieu qui a sanctifié le baptême, si ancien chez » les Asiatiques, ait sanctifié aussi la Cir» concision, non moins ancienne chez les " Africains. "

On peut remarquer dans l'article Baptême, les absurdités et mensonges que débite à cette occasion l'exact écrivain. Ceux-ci sont

• Tom. I.

[ocr errors]

du même genre. La réfutation des uns peut également servir pour les autres.

IX.

« Les Egyptiens qui, dans les premiers » temps, circoncisoient les garçons et les » filles, cessèrent avec le temps de faire » aux filles cette opération, et enfin la res» treignirent aux prêtres, aux astrologues » et aux prophêtes. C'est ce que Clément » d'Alexandrie et Origène nous apprennent. " Cet homme-ci ne connoit apparemment Clément d'Alexandrie et Origène, que de nom; car ils ne disent pas un mot de ce qu'il leur fait dire ici. Clément ne parle de la Circoncision, qu'en disant que Pythagore s'y soumit, pour être initié aux mystères ; et Origène nous nomme tous ceux qui se faisoient devoir de la pratiquer, comme nous le verrons plus bas. Mais ni l'un ni l'autre n'en parle comme d'une pratique commune à toute la nation. Pour achever d'éclaircir tout ce qui concerne le rite de la Circoncision chez les Egyptiens, nous allons proposer quelques questions qui ne laisseront rien à desirer sur ce sujet.

« PreviousContinue »