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Mais comment les prêtres et les philosophes Egyptiens se déterminèrent-ils à adopter ce rite singulier, et de qui le prirent-ils! Car les quatre raisons qu'apporte Philon le Juif', pour prouver les avantages de la Circoncision, ne paroissent pas suffisantes pour engager des hommes à s'y soumettre. Ce qu'il y a de plus probable sur cela, c'est que ces prêtres et ces philosophes, instruits que la Circoncision avoit été établie comme le signe d'une alliance divine, ils voulurent, en pre-nant eux-mêmes ce signe, se distinguer du reste du peuple, se faire regarder comme des hommes fort élevés au-dessus du peuple, comme des hommes particulièrement consa→ crés à Dieu, et qui participoient à une alliance spéciale avec Dieu.

Pour ce qui est du second point de la question, on ne peut pas douter que ce ne soit des Arabes que les Egyptiens empruntèrent cet usage; 1.o parce que la circoncision ne se faisoit parmi eux qu'à l'âge de treize ans, comme parmi les Arabes, au lieu de se faire huit jours après la naissance, ainsi qu'il se pratiquoit parmi les Hébreux. 2.o Parce qu'un canton de l'Arabie, qui confinoit à l'Egypte, fut uni à ce royaume sous. le nom de Nome, ou province Arabique;

Philo de Circumcis.

parce que Strabon nous apprend que le pays situé entre le Nil et la Mer rouge1, étoit peuplé par des Arabes ; et qu'enfin quelques auteurs prétendent que les Rois pasteurs qui subjuguèrent l'Egypte longtemps avant les Grecs, étoient venus d'Arabie; et c'est ce qui aura pu donner lieu à l'introduction de la circoncision parmi les Egyptiens.

Enfin c'est encore des Arabes que les Ethiopiens ont probablement reçu le même usage de la circoncision. Car outre qu'il y a eu des Arabes établis sur la côte occidentale de la Mer rouge, comme le marque Strabon, on sait que l'Arabie n'est séparée de l'Afrique et de l'Ethiopie, que par le détroit de Babelmandel; qu'il y avoit autrefois un grand commerce entre ces deux peuples, comme il y en a encore aujourd'hui ; le voisinage et le commerce continuel entre les Arabes et les Ethiopiens, auront donc donné lieu à l'introduction de la circoncision dans l'Ethiopie.

Ce que nous venons de dire sur la Circoncision, est plus que suffisant pour renverser tout cet appareil de mensonges, et tous ces misérables raisonnements que les philosophes libertins débitent sur cette divine institution.

Strab. lib. 2.

CONSEILS

EVANGÉLIQUES.

LES Conseils évangéliques sont des moyens, des maximes, des règles qui mènent infailli blement aux vertus les plus héroïques et les plus pures, et que Jésus-Christ présente à ceux qui entreprendront de s'y élever. Quoiqu'il n'y ait rien dans tous les principes et idées de morale, qui approche de la sagesse sublime de ces divins Conseils ; cependant nos beaux esprits ont exercé à l'envi leurs heureux talents à déclamer contre cette belle partie de la doctrine de JésusChrist.

Il ne sera pas peut-être aussi difficile que l'on pense, de justifier ces divines maximes, et de confondre les déclamateurs. Pour y procéder d'une manière claire, et qui ne laisse aucun doute dans l'esprit, 1.o nous donnerons un précis de ces Conseils divins; 2.o nous ferons voir combien ils sont dignes d'une Religion telle que celle de Jésus-Christ;

3.o nous démontrerons qu'ils ne blessent en rien les droits de la société civile ; 4.° nous répondrons à ce que les incrédules osent y

opposer.

§. I.

Précis des Conseils évangéliques.

La vertu la plus digne de l'admiration des hommes, c'est celle qui élève l'ame au-dessus de tous les plaisirs et de toutes les richesses, au-dessus des passions les plus délicates et les plus vives, au-dessus de tout ce qui est naturellement capable de flatter; c'est celle qui donne à l'ame le courage d'entreprendre pour l'amour, l'honneur et la conservation de la vertu même, les choses les plus difficiles, de soutenir les travaux et les peines les plus grandes, de faire les sacrifices les plus héroïques et les plus généreux ; c'est celle, en un mot, qui ne se contente pas de regarder comme un devoir ce qui est prescrit, mais qui regarde comme prescrit, tout ce qu'il y a de plus parfait.

Or, cette belle vertu, telle que nous la représentons, est précisément celle qu'enseigne Jésus-Christ par les Conseils évangéliques, à laquelle il invite les ames les plus généreuses, et celles qu'il destine à donner

de plus frappants exemples à l'univers, ou à faire de plus grandes choses pour la Religion. C'est ce que nous allons voir dans les paroles du divin Législateur lui-même.

Un jeune homme, qui avoit été fidèle à tous les devoirs de la Religion', demande à Jésus-Christ ce qu'il doit faire, pour s'assurer la vie éternelle. Gardez les commandements, lui répond Jésus-Christ. Je l'ai toujours fait, reprend le jeune homme me manque-t-il encore quelque chose? Si vous voulez étre parfait, dit alors le Sauveur, allez vendre tout ce que vous avez de biens, donnez-le aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le Ciel; ensuite venez, et suivez-moi. Voilà l'obligation et la perfection bien distinguées l'une de l'autre. L'obligation est pour tout le monde, et a pour objet les commandements; la perfection n'est que pour quelques ames, et elle mène jusqu'à un entier dépouillement. Voilà le premier des Conseils évangéliques.

Les Disciples du même Sauveur, surpris de tout ce qu'il leur annonçoit sur les obligations qu'impose le mariage, lui dirent:

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Puisque les choses sont ainsi, il n'est point » avantageux à l'homme de se marier2. Alors » il leur répond: Tous les hommes ne

Matth. 19. 2 Ibid.

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