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peut pas mener une vie heureuse, en suivant les principes d'Epicure. Diogène Laërce nous apprend que Protagoras avoit fait un Livre sur le même sujet ; et l'on pourroit faire une longue liste des auteurs payens qui ont adopté le même sentiment.

Le plus déterminé des ennemis du Christianisme, en voulant ôter à la Religion révélée le privilège d'être la source des dogmes fondamentaux de la morale, nous sert encore ici lui-même contre son intention. Il avoué que le dogme de l'immortalité de l'ame est de la plus haute antiquité, et que les peuples orientaux ne l'ignoroient point. "Un "second Zoroastre, dit-il, n'avoit fait » que perfectionner l'ancienne religion des "Persans. C'est dans ces dogmes qu'on

trouve les premières notions de l'im» mortalité de l'ame, et d'une autre vie » heureuse ou malheureuse. C'est-là qu'on » voit expressément un enfer. Zoroastre, » dans ses écrits conservés par Sadder, feint » que Dieu lui fit voir cet enfer, et les " peines réservées aux méchants. » Cette croyance, est-il dit dans le Dictionnaire philosophique, étoit universelle en Egypte, en Chaldée, en Perse, du temps de Moïse. L'ouvrage de Planner, de Gentilium Theol.

Essai sur l'Histoire Génér. ch. 7.

fournit un grand nombre de preuves encore plus convaincantes de la vérité et de la réalité de cette tradition.

On avoue sans peine que parmi les payens il y a beaucoup eu d'incrédules sur ce point. Mais premièrement, leur incrédulité doit moins surprendre, parce qu'ils ne connoissoient ce dogme que par une tradition qui, avec le temps, étoit devenue fort obscure; parce que cette tradition étoit défigurée par beaucoup de fictions purement imaginaires, ce qui fondoit principalement leur incrédu lité; parce qu'ils n'avoient pas des déclarations de ce dogme, aussi claires et aussi authentiques que celles que nous en a donné la révélation. Secondement, la plupart de ces payens ont été très-inconséquents dans leur manière de raisonner sur ce point; car admettre en même temps l'immortalité de l'ame, et nier les peines d'une autre vie, c'est tomber dans une inconséquence qui saute aux yeux.

De tout ce que nous venons d'exposer, il s'ensuit qu'on doit regarder comme une vérité incontestable, que la croyance de l'éternité des peines est autorisée par les traditions les plus anciennes et les plus répandues.

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Les Livres Saints annoncent, de la manière l'a plus claire et la plus forte, le dogme de l'éternité des peines.

Celui qui est la vraie lumière, et qui éclaire tous les hommes; celui au nom duquel tout doit être saisi de respect dans le ciel, sur la terre, et jusqu'aux enfers1, le divin Législateur du genre humain nous parle Lui-même en Maître, en Juge, et en Dieu, de ce Dogme redoutable. Voici comment il nous représente dans son Evangile, l'appareil du jugement général, où le sort éternel de tous les hommes sera décidé : «Lors

que le Fils de l'Homme viendra dans sa » gloire2, et accompagné de tous ses Anges, " il s'asseoiera sur son tribunal, environné » de tout l'éclat de sa majesté. Au même: » temps, toutes les Nations se rassembleront » devant lui, et il séparera tous ces hommes » les uns des autres, comme un berger sé→ pare les brebis d'avec les boucs. Il placera » les brebis à sa droite, et les boucs à sa » gauche. Alors, parlant en Roi et en.Maître, il dira à ceux qui seront à sa droite:

2 Joan. 1. ad Philip. 2. — 2 Matth. 25.

» Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, "entrez-en possession du Royaume qui vous » a été préparé dès le commencement du "monde. Ensuite, se tournant vers ceux qui " seront à sa gauche, il leur dira: Retirez» vous de moi, hommes maudits, allez au » feu éternel, qui a été préparé pour le dé» mon et pour ses anges. Et ceux-ci iront an " supplice éternel, et les Justes à la vie » éternelle. Le ver qui rongera ces mé"chants, sera immortel; et le feu qui les » brûlera, ne s'éteindra jamais.

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Ce que ce Législateur divin annonce d'une manière si effrayante, avoit déjà été annoncé par divers prophêtes. Nous ne rapporterons pas tous ces textes, et nous nous bornerons à ce que Job en disoit, quinze siècles avant Jésus-Christ: «L'impie, dit cet homme ins

piré 2, sera puni de tous les crimes qu'il a "commis. Ses supplices seront proportion"nés à leur nombre et à leur énormité, et " cependant ils ne lui donneront pas la mort. "Le feu qui le dévorera, ne s'allume point » par les hommes. Tel est le partage que "Dieu réserve à l'impie, et l'héritage qu'il » recevra du Seigneur pour ses actions."

Ces textes sont assez effrayants, pour faire trembler; assez clairs, pour n'avoir besoin

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ni de commentaires, ni d'explications; assez authentiques, pour convaincre. Nous n'avons donc rien à ajouter à cette preuve de notre Proposition.

QUATRIÈME PROPOSITION.

Le caractère propre des Dogmes de la Religion Chrétienne, nous conduit nécessaire ment à la croyance de l'éternité des peines.

Quel est le caractère propre des Dogmes de la Religion chrétienne? C'est que tout ce qu'elle nous apprend, tout ce qu'elle nous propose à croire, tient de l'infini, et est marqué au sceau de l'infini. C'est ce qu'on remarque trop peu, et ce qui paroît cependant évidemment, dès qu'on examine ces différents dogmes avec un peu d'attention.

Ainsi, dans le premier point fondamental de cette Religion, savoir, l'Incarnation du Verbe, on voit une sagesse et une miséricorde infinie. Un Dieu qui se fait homme pour être le Législateur, le modèle, le chef, la caution des hommes; pour unir, dans sa propre personne, la nature humaine à la Divinité; pour être le principe de la vie surnaturelle des hommes. Voilà certainement le carac

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