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l'ordre qu'Abraham reçut de Dieu même sur cette observance religieuse : « J'établirai une " alliance avec vous1, et avec votre race après " vous, par un pacte éternel, afin que je » sois votre Dieu et le Dieu de votre posté» rité. En conséquence de ce pacte, tous "les mâles d'entre vous seront circoncis " afin que cette Circoncision soit la marque » de l'alliance que je fais avec vous. On » circoncira un enfant au huitième jour de " sa naissance; et tous les enfans mâles, » tant les esclaves nés en votre maison, que » ceux que vous aurez achetés, seront éga»lement circoncis, quoiqu'ils ne soient pas » de votre race; et tout mâle qui n'aura pas » été circoncis, sera exterminé du milieu de » son peuple, comme violateur de mon » alliance."

Ce fut pour satisfaire au devoir de cette alliance, qu'Abraham se circoncit lui-même, quoiqu'il fût âgé de quatre-vingt dix-neuf ans: il circoncit en même temps son fils Ismaël, qui en avoit déjà treize; enfin il circoncit tous les mâles de sa maison, tant ceux qui étoient nés chez lui, que ceux qui étoient nés en des pays étrangers2.

Ce texte et ces circonstances historiques répandent beaucoup de lumières sur ce qui

• Gen. 17. - 2. Gen. ib、

concerne la Circoncision, et doivent nous décider sur beaucoup de points intéressants qui y ont rapport. Nous y voyons d'abord l'antiquité de la Circoncision, puisqu'elle remonte jusqu'à quinze cents ans, avant que les Grecs se missent à écrire l'histoire. Nous y trouvons la raison pour laquelle les Arabes ne se font circoncire qu'à l'âge de treize ans ; et c'est parce que ce fut à cet âge que fut circoncis Ismaël, tige et père de leur nation. Nous у découvrons les véritables causes de cette supériorité que les Juifs croyoient avoir sur tous les peuples de la terre; et c'étoit l'alliance particulière que Dieu avoit contractée avec eux, et les promesses qui avoient été faites à Abraham. Enfin nous connoissons pourquoi l'usage de la Circoncision s'étant communiqué à quelques autres peuples, elle n'y a jamais été aussi solemnelle, aussi constante, aussi religieuse que parmi les Hébreux; et c'est parce que ce n'est que chez les Hébreux qu'elle fut établie par un ordre exprès du Ciel. Après avoir donné ces notions claires et simples sur la Circoncision, donnons maintenant quelques moments à confondre les rêveries et les mensonges du docteur.

I.

D'abord il nous cite un grand texte d'Hérodote, pour nous prouver que la circoncision, parmi les Hébreux, ne fut point une institution divine; et pour donner plus de poids à ce texte, il s'exprime ainsi : « Lors" qu 'Hérodote raconte ce que lui ont dit » les barbares chez lesquels il a voyagé, il >> raconte des sottises, et c'est ce que font la plupart de nos voyageurs. Aussi n'exige»t-il pas qu'on le croie.... Mais quand il parle de ce qu'il a vu, des coutumes des peuples qu'il a examinées, de leurs antiquités qu'il a consultées, il parle alors à "des hommes.

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Pour juger du cas qu'on doit faire de cette belle recommandation en favenr d'Hérodote, remarquons :

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1.° Que c'est de ce même Hérodote que Ciceron dit que les fables et les faussetés fourmillent dans ses livres, et apud Herodo tum innumerabiles fabulæ, et que Plutarque avoue qu'il faudroit bien des volumes, pour faire connottre toutes ses rêveries et tous ses mensonges. Diodore de Sicile, dans sa bibliothèque, et Manethon, Auteur égyptien, lui

* De Leg. lib. 1. — 2 Plut. de Herod.

font l'honneur de lui rendre un témoignage aussi avantageux.

2.° Que du temps d'Hérodote les Juifs avoient parmi eux les Esdras, les Nehémie, les prophêtes Aggée, Malachie, et Zacharie et plusieurs autres grands hommes qui étoient en état de lui donner bien des lumières sur ce qui concernoit la Circoncision. Il est donc faux qu'il ait été aussi exact et aussi attentif à consulter, qu'on l'affirme. Car les Juifs, qui sont ici désignés par ces mots, ceux de la Palestine, n'ont jamais avoué qu'ils aient pris des Egyptiens, l'usage de la Circon

cision.

3.° Qand cet Hérodote auroit consulté tous ces divers peuples, comme on le suppose très-gratuitement, qu'auroit-il pu en apprendre de sûr pour des faits, usages et coutumes qui avoient eu lieu, et qui avoient été introduits dans le monde, avant que ces peuples mêmes existassent en corps de nations? Où étoient alors leurs archives, leurs monuments publics? A quoi se réduit donc la valeur du témoignage d'Hérodote !

4.o Notre Docteur avoue que cet écrivain, quand il raconte ce que lui ont dit les barbares chez lesquels il a voyagé, il raconte des sottises. Or, ce sont des Egyptiens, des Colchiens, des Ethiopiens, des Cananéens, c'est-à-dire, des barbares, qui ont raconté à

Hérodote, ce qu'il dit de la Circoncision; ce qu'il en dit n'est donc que sottise.

5. Enfin ce texte même porte avec lui les preuves les plus incontestables de fausseté, comme nous allons le faire voir, après l'avoir rapporté.

II.

Texte d'Hérodote, rapporté dans le Dictionnaire : « Les peuples de Colchide, » d'Egypte et d'Ethiopie, sont les seuls sur » la terre qui se sont fait circoncire de tout » temps; car les Phéniciens, et ceux de la » Palestine, avouent qu'ils ont pris la Cir» concision des Egyptiens. Les Syriens qui » habitent aujourd'hui sur les rivages du » Thermodon et de Parthénie, et les Ma"crons leurs voisins, avouent qu'il n'y a pas » longtemps qu'ils se sont conformés à cette » coutume d'Egypte ; c'est par-là principa>>lement qu'ils sont reconnus pour Egyptiens » d'origine. A l'égard de l'Ethiopie et de » l'Egypte ; comme cette cérémonie est très» ancienne chez ces deux nations, je ne sau» rois dire qui des deux tient la Circoncision

de l'autre ; il est toutefois vraisemblable que les Ethiopiens la prirent des Egyp» tiens.

« Il est évident, (remarque notre habile

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