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IV.

« Il blâme enfin la mollesse et la sensua"lité'. Quel effet produit cette morale sur "eux? Ils entrent en fureur; ils s'arment de » fouets, d'escourgées, de pointes de fer; et " cruels contre eux-mêmes, ils se déchirent impitoyablement, comme faisoient les » prêtres de Baal en présence d'Elie. Que » feriez-vous de pis, malheureux frénétiques, " si vous aviez choisi pour Dieu, cet esprit » malfaiteur, que vous appellez Diable?"

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Dieu punit les pécheurs, selon la qualité des péchés. L'autorité souveraine punit les criminels, selon la qualité des crimes. Est-il surprenant qu'un Chrétien tâche de prévenir la justice de Dieu, en se punissant soi-même, de ses péchés? Les jeûnes et les mortifications sont autorisées par les exemples des prophêtes, par les Conseils de Jésus-Christ, par les exhortations des Apôtres. Mais elles, ne sont pas du goût des philosophes; ce n'est pas qu'ils n'en eussent bon besoin.

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CRÉATION.

LA Création du monde est, de tous les points que nous propose la révélation, celui qui caractérise le plus sensiblement la puissance infinie, l'autorité absolue, et la sagesse souveraine de l'Etre suprême; qui lie le plus intimément la créature au Créateur par les devoirs sacrés de la reconnoissance et de l'amour, et qui, en surpassant notre raison, l'éclaire et la contente infiniment plus que tout ce que la philosophie nous présente dans ses systêmes et ses objections.

Nous établissons la vérité du dogme de la création, dans l'article Matière, en répondant à la seconde question, qui est de savoir si la matière est éternelle. Nous nous bornerons ici à rapporter d'abord le récit que fait Moïse, et à le justifier par quelques courtes explications; et nous ferons voir ensuite combien sont foibles les objections par lesquelles la philosophie entreprend de le combattre,

ARTICLE PREMIER.

Explication et éclaircissement sur le récit que fait Moïse de la Création.

Au commencement, dit-il, le Dieu fort commanda au Ciel et à la Terre d'exister1. Cette terre fut d'abord nue, sans ornements, sans parure; sans habitants; parce que la puissance divine, seul principe de tout ce qui est, et de tout ce qui peut être, ne lui donna dans ces premiers moments que l'existence, sans lui donner encore l'activité et la fécondité. In principio Deus creavit cœlum et terram. Terra autem erat inanis et vacua2. Elle resta même couverte par les eaux, et enveloppée dans les ténèbres, jusqu'à ce que le Seigneur dit: que la lumière soit faite ; et à l'instant la lumière fut faite. Dixitque Deus : fiat lux; et facta est lux. Aussitôt un amas immense d'une matière infiniment déliée, remplit l'étendue inconcevable des Cieux. Cette lumière n'étoit point sensible, parce qu'elle n'étoit point encore en mouvement; et elle n'étoit point en mouvement, parce que le soleil, qui devoit le lui imprimer, n'existoit pas encore. Dieu, qui voyoit l'effet que devoit pro

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duire cette matière lumineuse, lorsqu'elle seroit mise en action par le soleil, et que la terre seroit peuplée de créatures intelligentes et sensibles, dit que la lumière étoit bonne. Il sépara la lumière des ténèbres; c'est-à-dire, qu'il régla le mouvement de la lumière, qui, par sa révolution diurne, se feroit sentir sur un hémisphère, tandis qu'elle seroit en repos sur l'autre. Ce temps du mouvement de la lumière, fut apellé le jour; ce temps du repos, fut appellé la nuit ; et cette durée successive de la création du Ciel, de la terre et de la lumière, fut le premier jour de l'Univers.

Voilà les matériaux préparés pour le grand édifice du monde'. La même parole toutepuissante qui les a tirés du néant, va leur donner, dans le second jour, l'arrangement, la forme, la disposition qu'ils doivent toujours garder.

Que le firmament soit fait au milieu des eaux, dit le Dieu fort; qu'il sépare les eaux d'avec les eaux. Et à l'instant le firmament. fut fait, et il sépara les eaux d'avec les eaux. Les unes, épaisses et condensées, restent sur la surface de la terre ; les autres, atténuées, et volatilisées, s'élèvent par leur légéreté dans toute l'atmosphère qui en est remplie, comme une infinité d'expériences le démontre.

* 2. Jour.

D'autres, plus atténuées encore et plus légères, s'élèvent au-dessus de l'atmosphère même, réservées à des desseins que la petite raison de l'homme ne peut pas pénétrer, et que la Sagesse éternelle peut seule nous découvrir. C'est cette atmosphère, composée d'air, d'eau et d'autres matières déliées, qui fait comme l'enveloppe de la terre, et l'azur du Ciel, qui, en environnant notre globe, nous rend les plus grands services par l'abondance des eaux qu'elle nous distribue, par les adoucissements, les inflexions, les réverbérations de la lumière, qui sert à donner au jour un nouvel éclat, et la consistance et l'affermissement à l'ordre qui doit règner dans tout notre globe. C'est cette atmosphère qui est le firmament, dont parle Moïse, et à qui il donne le nom de Ciel, comme nous le lui donnons encore tous les jours. Quel rapport admirable entre le récit de Moïse et la vérité, entre ce qu'il nous apprend, et ce que nous éprouvons! Quel est le philosophe de la Grèce, de l'Egypte, de la Chaldée, qui ait été aussi éclairé et aussi instruit?

Avançons, et voyons les nouveaux effets de la parole toute-puissante. Dieu dit : que les eaux se rassemblent en un lieu, et que la terre paroisse1. A cette parole, les montagnes

• 3. Jour.

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