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et les collines s'élancent dans les airs, les vallées s'enfoncent: Ascendunt montes, et descendunt campi1; d'immenses réservoirs se creusent pour recevoir les mers. Les eaux étant rassemblées, et la terre découverte, cette terre ne montre encore qu'un sable aride, ou un stérile limon qui attend de nouveaux ordres du Créateur. Il les donne, ces ordres: «Que la terrre, dit-il, produise des herbes, des plantes, des arbres qui la parent, la décorent, l'enrichissent, et que ces herbes, ces plantes, ces arbres renferment, chacun selon leur espèce, des semences, pour naître d'eux-mêmes, dans toute la durée des siècles. » Le Créateur fut obéi. La terre parut à l'instant parée d'une riante verdure, émaillée de fleurs, couverte d'arbres, douée d'une fécondité qu'elle ne doit qu'à cette divine parole, et qui durera autant que l'Univers.

Que ce récit est noble, que ces images sont grandes, qu'elles sont dignes de l'Etre suprême! Que les romans des Maillet, des Buffon, des Descartes, des Epicure, qui ne voient que du mouvement dans la création et la formation du monde ; que ces romans sont pitoyables, comparés à ce que nous présente le Docteur des Hébreux!

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On le leur demande hardiment, à tous ces

* Ps. 105.

faiseurs de systêmes Peut-il y avoir une production ou réproduction sans germe, sans semence, sans graine? Mais quelle espèce de mouvement faudra-t-il pour produire le germe d'un épi de bled, d'une grappe de raisin d'un œillet brillant, d'une petite violette? La raison, leur dit-elle, ou l'expérience leur apprend-elle quelque chose sur cela? Le plus orgueilleux philosophe, le plus habile calcu lateur, en savent-ils plus sur ce point que le Huron sauvage, ou le nègre stupide, qu'on ne distingue presque pas d'une bête de charge? Qu'on leur donne sable, argile, limon purs, c'est-à-dire, sans aucune sorte de germes, ni de seménces; qu'ils agitent ces matières, qu'ils les arrosent d'une eau également pure; qu'ils les échauffent avec leur feu et leur mouvement, qu'en feront-ils éclore? Viendront-ils à bout de les rendre fécondes? Ne faudra-t-il pas nécessairement en revenir à ce que nous apprend Moïse, et reconnoître qu'il n'y a eu que la parole toute-puissante du Créateur, qui ait pu donner à une matière inerte et stérile d'elle-même, l'activité, la force et la fécondité?

De nouveaux miracles vont signaler au quatrième jour la Puissance divine. Que deux grands corps lumineux soient faits, dit le Seigneur, pour briller dans le Ciel, et pour éclairer la terre ; qu'ils servent à régler les

par

temps, les saisons, les jours et les années1. Et au même temps existe ce globe immense de feu, que nous appelons le Soleil, qui, seul son mouvement sur son axe, ébranle toute la matière lumineuse, pour éclairer la terre, et la parer des couleurs les plus brillantes et les plus variées ; qui, par sa chaleur, semble être l'ame et la vie de toute la nature; qui, par la régularité de sa course (pour parler le langage ordinaire), règle tout Ï'ordre, les devoirs, les occupations de la société. C'est l'astre du jour, parce que Dieu l'a créé pour présider au jour2; et il en crée en même temps un autre pour présider à la nuit. Ce nouvel astre n'est point un corps de feu, parce qu'il falloit laisser du repos et du rafraîchissement à la terre. Ce n'est point un corps éclatant par lui-même, parce qu'une grande lumière auroit nui au sommeil nécessaire aux êtres vivants. C'est un corps opaque, qui ne donne qu'une lumière douce, affoiblie par la réflexion, encore suffisante pour se conduire dans le besoin, et qui, par la différence de ses phases, c'est-à-dire, du plus ou du moins de parties éclairées qu'elle présente successivement chaque jour du mois, peut servir à régler avec plus de détail encore les diverses occupations de la société.

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Dieu embellit en même temps le Ciel d'une multitude innombrable de brillantes étoiles et de corps opaques qui brillent également par une lumière empruntée. Ne croyons pas cependant que cette parure soit sans utilité. Ces brillantes étoiles serviront encore à nous marquer les routes des deux grands flambeaux qui nous éclairent : elles avertiront les cultìvateurs du temps de la culture et des travaux: elles serviront de guides aux hardis navigateurs qui traversent l'immensité des mers: elles serviront un jour à découvrir les distances des autres sphères opaques qui roulent dans les Cieux.

Moïse dit que la Lune est un des deux grands corps lumineux destinés à éclairer la terre, parce que, quoiqu'elle soit la plus petite des planètes, son voisinage de la terre nous la fait paroître sensiblement plus grosse que les autres, et nous renvoie une quantitề de lumière plus grande que toutes les autres planètes ensemble, et les étoiles même ne peuvent nous en renvoyer.

Voilà la terre parée et enrichie, les Cieux embellis, les astres emportés avec une rapi dité inconcevable dans leurs orbites: la libéralité infinie du Créateur va maintenant

* 5. Jour..

agir de concert avec sa toute-puissance, pour multiplier ses bienfaits.

Que les eaux, dit-il, produisent des animaux vivants qui nagent dans l'eau, et des oiseaux qui volent sur la terre et sous le firmament du Ciel. Au même moment les rivières et les immenses réservoirs des mers sont remplis d'une prodigieuse multitude de poissons, dont la variété de grandeurs, de figures, d'instincts, de qualités, est plus prodigieuse encore; les airs sont peuplés d'une multitude d'oiseaux, dont la beauté la parure, le chant, la légéreté vous frappent encore davantage. Il les bénit en leur disant : Croissez, et multipliez-vous remplissez l'étendue des eaux et le vuide des airs; et il leur donne en même temps l'instinct, c'està-dire, les qualités nécessaires pour pourvoir à leur conservation et multiplication. Ainsi finit le cinquième jour du monde.

Quelle vertu auroient donc pu avoir les eaux salées et bitumineuses de la mer, ou les eaux douces des rivières ; quelle vertu auroit pu avoir l'air que nous respirons, pour donner naissance à ces peuples immenses qui les habitent, pour former leurs organes de telle manière qu'ils fussent nécessairement attachés à l'élément qui les a vu naître, et que ni les oiseaux ne pussent vivre dans les eaux, ni les poissons dans les airs? Quelle différence

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