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ferment, et de reconnoître que Dieu les a créés de rien'. Peto, nate, ut adspicias ad cœlum et terram, et ad omnia quæ in eis sunt, et intelligas quià ex nihilo fecit illa Deus? Que signifient ces paroles du Pseaume: Il a parlé, et tout a été fait ; il a ordonné et tout a été créé : Ipse dixit, et facta sunt ; ipse mandavit, et creata sunt2?

III.

« Dieu dit aussi, faisons l'homme à notre » image. Qu'entendoient les Juifs par faisons » l'homme à notre image? Ce que toute » l'antiquité entendoit. On ne fait des images » que des corps. Nulle nation ne s'imagina » un Dieu sans corps. Les Juifs crurent un "Dieu constamment corporel, comme tous "les autres peuples. Tous les premiers Pères » de l'Eglise crurent aussi Dieu corporel » jusqu'à ce qu'ils eussent embrassé les idées "de Platon. "

Que doit-on entendre par faisons l'homme à notre image? c'est ce que nous avons expliqué, en parlant de la création de l'homme. Les Juifs, dit l'auteur, crurent constamment Dieu corporel. Mais avec quel éblouissant éclat de lumières ne peut-on pas dissiper les

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ténèbres de ses mensonges? Quelles idées magnifiques des grandeurs de Dieu, de son éternité, de son immensité, de sa spiritualité, et de toutes ses infinies perfections, ne nous fournissent pas les livres qui nous viennent des Juifs? Et si les philosophes entreprennent de nous faire connoître les grandeurs de Dieu, n'est-ce pas chez les Juifs qu'ils iront en puiser les idées? « Le Seigneur, dit » Moïse1, règne dans toute l'éternité, et » au-delà de tous les siècles; son véritable » nom est le Tout-puissant. C'est le Roi » invincible, qui vit éternellement, qui "subsiste pour jamais, et dont il est impos"sible de représenter toute la puissance, la

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grandeur, la miséricorde, dit l'auteur de » l'Ecclésiastique". Que vos connoissances » sont admirables, Seigneur, s'écrie David » dans son extase3, qu'elles sont puissantes, » et qui pourra jamais y atteindre ! Où irai-je » pour me dérober aux lumières infinies de » votre esprit ? Pourrai-je jamais échapper » à votre vue? Si je m'élève jusqu'aux cieux » je vous y trouve ; si je pénètre jusqu'au » centre de la terre, je vous y trouve encore. » Volerai-je jusqu'à l'extrémité des mers, ce » sera votre puissance qui m'y conduira. » M'envelopperai-je dans les ténèbres ? Mais

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» les ténèbres sont à votre égard, comme » la lumière du jour. » Qu'on parcoure tous les livres des Juifs, Job, Isaïe, Ezéchiel, les Macchabées, etc.; ils vous présentent de toute part les plus sublimes idées de ces infinies et incompréhensibles perfections de Dieu; et l'on nous dit froidement : Les Juifs crurent Dieu constamment corporel, comme tous les autres peuples !

On sait combien étoient rigoureuses les défenses que faisoit la Loi, d'avoir aucune statue, ni figure, ni représentation dans le lieu où l'on s'assembloit pour les devoirs de la Religion. On sait que les Auteurs Grecs et Romains attestent qu'on ne voyoit aucune espèce d'image dans le temple des Juifs, parce qu'ils n'adoroient que la Divinité du Ciel, Cali numen adorant. On sait que quand les Empereurs voulurent faire placer des statues dans le temple, tous les Juifs en pleurs,' déclarèrent qu'ils sacrifieroient plutôt leurs biens et leurs vies, que d'y consentir. Après cela, ne faut-il pas être insensé pour affirmer les Juifs crurent constamment Dieu cor

que porel ?

Dire ensuite que tous les premiers Pères de l'Eglise crurent aussi Dieu corporel, jusqu'à ce qu'ils eussent embrassé les idées de Platon, cela est trop grossier et trop plat pour mériter une réponse. Combien ne nom.

merions-nous pas des plus anciens Pères de l'Eglise qui avoient été philosophes et Platoniciens avant d'embrasser le Christianisme; Athénagore, Justin, Origène, Clément d'Alexandrie, et une infinité d'autres. Mais remarquez que le même Auteur, dans son Dictionnaire, au mot Christianisme, dit en termes exprès, que les Pères de l'Eglise des trois premiers siècles, furent presque tous Platoniciens. Telle est la sagesse de ce philosophe, telles sont les lumières du critique, et la fidélité de l'historien.

IV.

Il les créa mâle et femelle. Si Dieu, ou " les Dieux secondaires créèrent l'homme " mâle et femelle, à leur ressemblance, il "semble en ce cas que les Juifs croyoient » Dieu, ou les Dieux mâles et femelles. On " ne sait d'ailleurs si l'Auteur veut dire que " l'homme avoit d'abord les deux sexes. "

Si l'on regarde ce propos, comme le propos d'un insensé, il faut loger l'auteur où il mérite de l'être. Si on le regarde comme le propos d'un libertin, il excite une juste horreur, et demande punition.

V.

« Et il se reposa le septième jour. Les "Phéniciens, les Chaldéens, les Indiens di"soient, que Dieu avoit fait le monde en six » temps, que l'ancien Zoroastre appelle les "six Gambars si célèbres chez les Perses. Il » est incontestable que tous ces peuples avoient » une théologie avant que la horde Juive ha» bitât les déserts d'Oreb et de Sinaï, avant qu'elle pût avoir des écrivains. Il est done » de la plus grande vraisemblance, que l'his"toire des six jours est imitée de celle des » six temps. "

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Qu'est-ce que cette citation perpétuelle des écrivains, docteurs et philosophes Phéniciens, Chaldéens, Indiens, desquels il ne reste aucun ouvrage, et qu'on ne connoît que par quelques rélations postérieures d'un grand nombre de siècles à Moïse? Si l'homme du Dictionnaire connoît ces auteurs, que ne nous en rapporte-t-il les passages? Que ne fixe-t-il‹ la date et le temps auquel ils ont vécu? On attend qu'il s'explique sur tous ces points.

Pour ce qui est de Zoroastre, on sait bien qu'il y a eu un homme de ce nom du temps de Cambyse, Roi de Perse, c'est-à-dire, plus de mille ans après Moïse: et tout ce qu'on a dit des Zoroastres plus anciens, n'est qu'un

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