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tissu de contes assez mal arrangés, selon le sentiment de Bayle et du docteur Prideaux, Doyen de Norwich. Les Gambars des Zoroastres si célèbres chez les Perses, ne devient dront pas célèbres parmi nous, sur l'autorité

de notre Docteur.

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VI.

« Du lieu de volupté sortoit un fleuve qui "arrosoit le jardin, et de-là se partageoit en » quatre fleuves, etc. Suivant cette version, le Paradis terrestre contenoit près du tiers » de l'Asie et de l'Afrique. l'Euphrate et le » Tigre ont leur source à plus de soixante » grandes lieues l'un de l'autre, dans des » montagnes horribles, qui ne ressemblent » guères à un jardin. Le fleuve qui borde » l'Ethiopie, et qui ne peut être que le Nił » ou le Niger, commence à plus de sept cent »lieues des sources du Tigre et de l'Eu»phrate; et si le Phison est le Phase, il est

étonnant de mettre au même endroit la » source d'un fleuve de Scythie, et celle d'un » fleuve d'Afrique.... Dieu mit donc l'homme » dans ce jardin de volupté, afin qu'il le » cultivât. Il est difficile qu'Adam cultivât un » jardin de sept à huit cents lieues de long, > apparemment qu'on lui donna des aides," On prend quelquefois le ton railleur,

quand on veut mieux faire sentir le ridicule d'une chose. Mais il faut être sûr de son fait, sans quoi on n'a pas les rieurs de son côté. Notre redoutable critique n'est-il point dans le cas? Il veut répandre du ridicule sur l'idée du Paradis terrestre. Nous ne répondons pas ici à tout ce qu'une imagination folle et impie ose débiter. Nous renvoyons à l'article Paradis terrestre de cet ouvrage, où tout ce qui concerne ce point de la révélation, est examiné, justifié et prouvé.

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VII.

"Les Dieux Helohim, voyant que les filles des hommes étoient belles, prirent pour " épouses celles qu'ils choisirent. Cette ima"gination fut encore de tous les peuples. Il » n'y a aucune nation, excepté la Chine, où » quelques dieux ne soient venus faire des » enfants à des filles. Les enfants nés du com» merce de ces dieux et de ces mortels, de » voient être supérieurs aux autres hommes. » Aussi la Genèse ne manque pas de dire que » ces dieux, qui couchèrent avec nos filles, » produisirent des géants.

Voici encore un de ces traits de hardiesse qu'on a peine à croire, même après l'avoir vu. Moïse, dans tous les livres de la Loi, rappelle sans cesse le grand dogme de l'unité

de Dieu, il prend toutes les précautions ima ginables pour préserver les Hébreux de l'idolâtrie; et l'homme du Dictionnaire veut nous faire entendre que Moïse a parlé de plusieurs dieux, qu'il a reconnu des dieux inférieurs. Une pareille absurdité ne mérite pas d'être relevée.

que

:

Le sens de ce passage, videntes autem filii Dei filias hominum, est simple et naturel. L'esprit de piété s'étant conservé dans la postérité de Seth, elle fut appellée la race des enfants de Dieu et celle de Caïn, de laquelle l'Ecriture n'annonce rien de semblable, fut appellée la race des enfants des hommes. Ces deux branches, pendant longtemps, ne prenoient point d'alliance l'une chez l'autre. Ce ne fut que peu de siècles avant le déluge, les descendants de Seth s'allièrent avec ceux de Caïn. Et ce fut de ces alliances, que vinrent ces hommes hardis et puissants, dont parle l'Ecriture. Car les hommes qui ne craignent pas Dieu, sont toujours les plus dangéreux et les plus redoutables. La traduction la plus juste de ce passage, est donc celle qu'ont toujours donnée toutes les communions chrétiennes, Aquila et Simmaque, qui firent les premières versions de l'Ecriture, et qui étoient attachés au Judaïsme, traduisent ce passage: l'un, par ces mots les enfants d'He

lohim, c'est-à-dire, de Dieu; et l'autre : les enfants des Puissants.

Enfin c'est une remarque aussi grossière qu'absurde, de dire que toutes les nations, excepté la Chinoise, ont imaginé que les dieux étoient venus faire des enfants à des filles. Ce fut la folie des Grecs, dont la religion passa dans tout l'Empire Romain. Mais on ne trouvera rien de cette folie chez les Perses, les Germains, les Japonois, les Indiens, les Arabes, et chez la plupart des peuples de l'Amérique1. Ces peuples furent moins extravagants, parce qu'ils ne connurent ni les Grecs, ni les Romains.

VIII.

"Or le Serpent étoit le plus rusé de tous » les animaux. Il dit à la femme, etc. » L'histoire du Serpent qui tenta Eve, est un sujet que les philosophes rappellent avec complaisance. A cette occasion je rapporterai une conversation qu'il y eut entre un de ces Messieurs et un Juif, précisément sur le même sujet.

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LE PHILOSOPHE.

Hé bien, vous autres pauvres Juifs, vous croyez donc fermement tous ces vieux contes de votre Bible; et vous êtes bien persuadés qu'Eve eut une belle conversation avec un serpent.

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Bon, bon. Ceux qui pensent, ne croient que ce que la raison leur démontre.

LE JUIF.

Et votre raison vous démontre-t-elle que vous ne devez pas croire aux livres de Moïse? Votre raison vous démontre-t-elle. que Moïse ait été uu stupide ignorant, ou un grossier séducteur? Toute l'antiquité l'a regardé comme un des plus grands hommes qui ait jamais été. Ses cantiques ont une élévation et une noblesse, dont aucun poète, ni orateur, n'a jamais approché. Il nous donne toujours les

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