temps à autre avec de l'eau dans laquelle on a fait macérer des feuilles de lotus. Ces feuilles battues et macérées dans l'eau lui donnent un aspect écumeux et comme savonneux, ainsi que le ferait la poudre de racine de saponaire. L'écorce des branches de lotus, grossièrement pulvérisée, se trouve dans le commerce des drogueries persanes et s'utilise dans les tanneries ainsi que le serait la noix de galle dont le prix est d'ailleurs plus élevé. REVUE DES SOCIÉTÉS. Rupture de la rate. SOMMAIRE. - La peste en Europe. Pigmentation de la face. Réflexions sur le traitement des lavements alimentaires. Présence d'établissements insalubres dans la banlieue de Paris. Orifices d'accés et de sortie de l'air. Cause possible de propagation de la diphthérie. Observations sur l'origine des tænias. Académie de médecine. Séance du 4 mars. Rupture de la rate. M. le Dr Barallier relate trois observations de rupture de la rate, dont les deux premières ont trait à des ruptures spontanées, survenues chez deux jeunes matelots, qui n'avaient eu que quelques accès de fièvre intermittente et qui sont morts subitement. Pigmentation de la face dans la tuberculose abdominale et dans d'autres affections chroniques de l'abdomen. — M. Guéneau de Mussy croit que cette coïncidence, qu'il a signalée depuis 20 ans, existe dans la grande majorité des cas. On ne la rencontre pas seulement dans la tuberculose de l'abdomen, mais dans d'autres maladies chroniques des organes contenus dans cette cavité. Il est probable qu'elles relèvent des mêmes conditions pathogénétiques que dans la maladie d'Addisson, et si l'opinion actuellement en vogue qui attribue la mélanodermie à une irritation des nerfs ganglionnaires et en particulier du plexus solaire, est fondée, cette pigmentation dans la tuberculose abdominale trouverait une explication toute naturelle, aussi bien dans la tuberculose que dans les autres affections chroniques de l'abdomen. La peste en Europe. M. Marey croit qu'il y aurait lieu de donner aux médecins courageux qui sont partis de l'Europe occidentale pour aller étudier la peste, un programme de recherches scientifiques, qui n'ont jamais été faites et qu'il paraîtrait fort utile d'effectuer. L'orateur invite notamment MM. Pasteur, Davaine et Bouley à formuler un programme propre à vérifier expérimentalement la théorie des germes. M. Marey se demande si les proc 'dés de filtration de l'air, qui réussissent si bien, dans certains cas, à arrêter le passage de ces germes, ne pourraient pas être essayés pour tenter de fournir un air impunément respirable, à ceux qui sont forcés de vivre dans les salles de malades? Un enduit d'huile ou de glycérine, comme dans les expériences de Tyndall, aurait des chances sérieuses d'empêcher la transmission des germes que l'air porterait avec lui. M. Fauvel répond que les instructions qui ont été remises au délégué français, M. Zuber, sont conçues dans le sens indiqué par M. Marey. M. Pasteur déclare que s'il était appelé à étudier la peste là où elle règne, il commencerait par supposer que la peste est due à la présence et au développement, chez l'homme, d'un microphite ou d'un microsporon; partant de là, il s'occuperait exclusivement de la culture du sang et des diverses humeurs du corps, sang ou humeurs prélevés à la fin de la vie ou aussitôt après la mort, dans le but d'isoler l'organisme infectueux, dans le but de l'obtenir surtout dans un milieu de culture dégagé de toute association. L'analyse de l'air des lieux infectés, l'analyse chimique du sang des malades, l'analyse microscopique elle-même de ce sang, ne peuvent rien pour la connaissance précise des propriétés d'un organisme infectieux. Dans l'état actuel de la science, la preuve qu'un organisme microscopique est, par son développement, cause de la maladie et de la mort, ne peut devenir péremptoire qu'à la condition qu'on ait obtenu de cet organisme, des cultures successives indéfiniment répétées dans des liquides, par eux-mêmes inertes, et que ces liquides montrent toujours le même développement, la même apparence de vie associés à la même virulence, au même pouvoir d'inoculation, de maladie et de mort. Il conseille d'essayer cette virulence, chez le singe de préférence à tout autre animal. En ce qui le concerne, M. Pasteur irait sans crainte étudier la peste, à la condition, dit-il, de prendre les précautions suivantes, qui sont même probablement exagérées. Il aurait des lunettes garnies de coton entre leurs bords et la peau du visage; il se couvrirait la bouche et le nez d'une manière analogue; il ferait recuire lui-même tous ses aliments; comme boisson, il n'emploierait que des eaux minérales naturelles ou les eaux des sources du pays infecté, mais à la condition que l'eau soit puisée aux sources mêmes et que celles-ci sourdent du sol, après avoir traversé quelques mètres d'épaisseur de terrain. Au surplus, ajoute M. Pasteur, depuis 3 ans j'étudie dans mon laboratoire la maladie charbonneuse et la septicémie; non seulement il n'est pas arrivé d'accident de personnes, mais nous n'avons pas, dit-il, vu un seul exemple de mort spontanée des animaux qui ont servi aux expériences. Depuis plusieurs mois, une troisième maladie infectieuse est étudiée dans ce même laboratoire; c'est la maladie que la médecine vétérinaire désigne sous le nom de maladie épizootique des basses-cours et que l'on appelle quelquefois choléra des poules. C'est une maladie très contagieuse et qui fait quelquefois périr tous les animaux d'une ferme. M. Pasteur a reçu de M. Toussaint le sang d'un jeune coq mort de cette maladie, et dans lequel le savant vétéri naire de Toulouse lui signalait l'existence d'un organisme microscopique qu'il retrouvait dans tous les animaux inoculés; M. Pasteur a pu extraire et cultiver à l'état de pureté l'organisme microscopique, cause de la maladie, et démontrer par la méthode des cultures successives, de cet organisme, par un développement facile dans le corps des anima x de basse-cour, est bien la cause unique et indispensable de cette maladie. Eh bien cependant, il n'y a jamais eu dans le laboratoire de M. Pasteur d'exemple de contagion ou d'infection spontanée. Si tous ces germes, cultivés dans mon laboratoire, étaient, dit M. Pasteur, transportés dans un de ces villages de la rive droite du Volga, au milieu de populations entassées dans des habitations insalubres, et que par une piqûre ou autrement ces maladies y fassent explosion, les choses se passeraient tout autrement. Un premier malade communiquerait les maladies, et vous auriez bientôt tous les effets et toute l'épouvante du charbon et de la septicemie chez les hommes et chez les animaux et une épidémie des animaux de basse cour. Il n'y a pas, dit en terminant l'illustre expérimentateur, de milieux épidé miques; ce qu'on appelle de ce nom correspond, suivant lui, à une abondance plus grande de germes de maladies. M. Rochard approuve à coup sûr tous les projets d'expérience dont M. Pasteur vient de parler, mais il faut pour cela, dit-il, des laboratoires. Il pense qu'il sera plus pratique pour les médecins qui iront sur les lieux de prendre des traces thermographiques en nombre suffisant, d'analyser le sang, l'urine, la bile, de les examiner au microscope et de se livrer sur les viscères aux recherches d'histologopathologique qui peuvent nous éclairer. Quant aux moyens de préservation individuelle, il croit être l'interprète de la grande majorité des médecins en affirmant qu'ils ne consentiront pas à y recourir et à s'affubler d'un masque d'ouate pour s'approcher de leurs malades. En temps d'épidémie, au milieu des fatigues, des préoccupations de tout genre auxquelles on est en proie, de pareilles précautions seraient, dit-il, inapplicables et illusoires; elles auraient un inconvénient beaucoup plus grave: elles exerceraient sur les malades et sur les infirmiers une influence déplorable. En pareil cas, c'est au médecin à donner l'exemple. La profession médicale a ses périls; on les connaît quand on l'embrasse; on les affronte quand on y est entré. M. Pasteur, admirant ces paroles chevaleresques, répond qu'il est beau de comparer le médecin au soldat sur le champ de bataille; mais fait observer que la cotte de mailles et la cuirasse n'ont jamais fait suspecter le courage de ceux qui les ont portées. Torsion vertébrale; son mécanisme, son influence dans les caractères anatomiques des déviations latérales de l'épine. M. Jules Guérin communique sur ce sujet un mémoire trop long pour être résumé ici, et dont nous nous bornons à donner les conclusions: 1o La torsion est un fait constant et général des déviations latérales de l'épine; on l'observe sur tous les squelettes de sujets déviés; et elle est invariablement liée au phénomène de la courbure, quels qu'en soient le siége, le degré, le nombre et la direction. 2o La torsion est le résultat de quatre ordres d'influences qui assurent à la colonne vertébrale sa plus grande résistance dans le sens transversal, savoir: sa constitution osseuse, la résistance passive de ses muscles, leur contraction passagère et leur contraction permanente. 3o En vertu de ces influences, la colonne vertébrale se trouve dans la condition d'une tige que l'on voudrait fléchir sur une arête ou dans le sens de sa plus grande résistance, et qui, pour échapper à cette impossibilité, subit un mouvement de torsion qui lui fait présenter sa face la moins résistante à l'effort de flexion. 4o En vertu de l'accroissement des agents de cette résistance latérale du centre de la vertebre à l'extrémité de son apophyse épineuse, la torsion vertébrale ne s'exécute pas autour de l'axe même de la colonne, mais autour d'un axe passant par le sommet des apophyses épineuses. 5o Il résulte de cette disposition et de ce mécanisme que les courbures vertébrales sont toujours plus prononcées en avant qu'en arrière, c'est-à-dire suivant la ligne des corps vertébraux que suivant la ligne des apophyses épineuses; et qu'à leur première période ou degré, les courbes décrites par les corps vertébraux mesurent déjà 15 millimètres de flèche, alors que les apophyses épineuses continuent par leur sommet à se diriger en ligne droite. Cette proportion de 15 millimètres en plus au début des courbures antérieures se conserve à tous leurs degrés en s'accroissant du chiffre de la flèche et demie des courbures postérieures. 6o La torsion est le facteur principal des caractères anatomiques de la déviation latérale de l'épine. Elle se traduit au dehors par les déplacements qu'elle imprime aux annexes de la colonne et aux parties qui les recouvrent, et le caractère spécial de ces déplacements se résout dans la saillie en arrière et la dépression en avant des parties correspondant aux convexités des courbures, et réciproquement dans la dépression en arrière et la saillie en avant des parties correspondant à leur concavité d'où les deux gibbosités antérieure et postérieure des sujets atteints de déviations latérales considérables. Séance du 11 mars. Sirop de chloral. — M. Poggiale donne lecture, au nom d'une commission dont il fait partie avec MM. Bussy et Chatin, d'un rapport adressé à M. le procureur de la République, de Reims, en réponse à plusieurs questions qu'il avait adressées à l'Académie. PREMIÈRE QUESTION. Le sirop de chloral de Follet est-il considéré comme une préparation vénéneuse, soumise aux prescriptions de l'ordonnance du 29 juin 1846, en ce qui concerne la vente de ce médicament ? DEUXIÈME QUESTION. peut-il causer la mort ? La commission répond : Un flacon de ce sirop administré en quelques heures 1° Qu'un flacon de sirop de chloral contenant environ 9 grammes de chloral peut donner lieu à des accidents graves et même mortels, en supposant qu'il soit administré en quelques heures; 2o Que le sirop de chloral ne doit pas être soumis aux prescriptions de l'ordonnance du 29 octobre 1846 sur les substances vénéneuses. TROISIÈME QUESTION. Le sirop de Follet doit-il être considéré comme un remède secret dont la vente est légalement interdite par l'article 36 de la loi du 21 germinal an XI ? L'article 36 de la loi de germinal an xi porte « que tout débit au poids médicinal, toute distribution de drogues ou préparations médicamenteuses sur des théâtres ou des étalages, dans les places publiques, foires et marchés, toute annonce et affiche imprimée qui indiquerait des remèdes secrets, sous quelque dénomination qu'ils soient présentés, sont sévèrement prohibés. Les individus qui se rendraient coupables de ce délit seront poursuivis par mesure de police correctionnelle. >> Suivant la haute jurisprudence de la Cour de cassation, on doit entendre par un remède secret toute préparation qui n'est point inscrite au Codex ou qui n'a pas été composée par un pharmacien sur l'ordonnance d'un médecin pour un cas particulier, ou enfin qui n'a pas été spécialement autorisée par le gouvernement. La formule du sirop de chloral de Follet n'étant ni inscrite au Codex ni autorisée par le gouvernement, cette préparation doit être considérée comme un remède secret au point de vue légal. La vente libre doit donc en être interdite, conformément à la loi de germinal et à l'arrêt de la Cour de cassation. QUATRIÈME QUESTION. Si ce sirop est un remède dangereux, un pharmacien peut-il le délivrer sans ordonnance de médecin? L'article 32 de la loi de germinal a décidé que « les pharmaciens ne peuvent délivrer des préparations officinales que d'après la prescription qui en est faite par des docteurs en médecine ou en chirurgie ou par des officiers de santé, et sur leur signature ». La Cour de cassation a également admis qu'un pharmacien ne peut vendre un médicament que sous cette condition, quelle que soit son action sur l'économie. Le sirop de chloral de Follet ne doit donc pas être délivré par un pharmacien sans ordonnance de médecin. CINQUIÈME QUESTION.- Si ce remède a été soumis à l'Académie de médecine, approuvé par elle et inséré au Bulletin de cette compagnie savante, peut-il être vendu librement ? Suivant l'article premier du décret du 3 mai 1850, relatif à la vente des remèdes nouveaux, « les remèdes qui auront été reconnus nouveaux et utiles par l'Académie de médecine, et dont les formules, approuvées par le ministre de l'agriculture et du commerce, conformément à l'avis de cette compagnie savante, auront été publiées dans son Bulletin, avec l'assentiment des inventeurs ou possesseurs, cesseront d'être considérés comme remèdes secrets. Ils pourront être, en conséquence, vendus librement par les pharmaciens, en attendant que la recette en soit insérée dans une nouvelle édition du Codex. »> La formule du sirop de chloral de Follet n'a pas été approuvée par l'Académie de médecine; mais en supposant qu'elle eût reçu cette approbation et qu'elle fût insérée dans notre Bulletin, ce médicament ne pourrait être vendu librement par les pharmaciens sans une prescription médicale. Septicémie puerpérale. — M. Hervieux entretient l'Académie d'un long travail, dont voici les conclusions: Je me résume: 1° contrairement aux proto-organismes qui sont répandus partout dans la nature, et qui paraissent, en somme, bien inoffensifs, puisque nous vivons au milieu d'eux sans en être incommodés, le miasme puerperal |