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WIMBORNE:

PRINTED BY A. PURKIS, BOOKSELLER,

CHURCH STREET.

LE

PROPHÈTE DES ALPES.

L'HEURE DE LA RÉSURECTION DES PEUPLES ET DE LA RÉGÉNÉRATION DU MONDE.

PREMIÈRE PARTIE.

ŒŒUVRES DES HOMMES. FLÉAUX QUI ACCABLENT LA RACE HUMAINE DÉTOURNÉE DE LA VOIE DE DIEU. LUMIÈRE NOUVELLE.

GRANDS ÉVÈNEMENTS QUI VONT S'ACCOMPLIR EN EUROPE ET DANS TOUTES LES CONTRÉES QUE LES NATIONS HABITENT. NOUVEL ÉDIFICE, PAIX UNIVERSELLE.

I.

La voix du Seigneur dans la vallée du Béveron.

Le Seigneur m'a révélé de grandes choses sur les destinées du genre humain. Mon cœur en est saisi de trouble, et ma langue ne peut les exprimer.

Il est descendu dans ma chaumière, au fond de la vallée du Béveron, et j'ai entendu sa voix qui me disait: Enfant, quitte tes montagnes, et va, parmi les hommes, voir les œuvres qu'ils font sur la terre, et leur annoncer les choses qui doivent arriver.

Seigneur, je ne connais que ma solitude, mes côteaux, mon vallon, mon torrent, mes prairies, le chant de l'oiseau et le vent qui bruit dans le feuillage.

B

Quand la brise souffle du midi, je sais qu'elle arrive des plaines humides et que ses tièdes vapeurs apportent dans nos champs la fraîcheur et l'abondance; mais quand l'aquilon souffle du nord, je sais que, sur ses ailes glacées, il nous apporte la neige et les frimats.

Quand l'éclair brille à l'occident, c'est l'orage qui approche, et lorsque la foudre sillonne la nue audessus des montagnes du septentrion, c'est la grêle qui s'apprête à porter la dévastation dans nos guérets.

Je connais cela, Seigneur; mais j'ignore les secrets de la science des hommes.

Eh bien! si tu sais distinguer ces présages dans le ciel, du connaîtras pareillement le signe des révolutions humaines, et tu annonceras aux peuples leurs destinées futures.

Mais, Seigneur, comment parlerai-je aux sages et aux savants, moi qui n'ai jamais appris qu'à révérer votre justice et à contempler votre grandeur dans les œuvres de la Création?

Consulte les anciens prophètes et les paroles du Fils de l'Homme; et mon Esprit t'inspirera ce que tu dois annoncer touchant les choses de ce tems.

Et j'ai consulté les anciens prophètes et les paroles du Fils de l'Homme, et j'ai écrit ce que l'Esprit m'a inspiré touchant les choses de ce tems.

Je suis venu parmi les hommes, et je n'ai trouvé, au milieu d'eux, qu'oppression en haut, misère en bas, haine et trouble partout.

J'ai regardé la terre, et elle était dans le chaos et les ténèbres. J'ai regardé les cieux, et ils étaient sans lumière.

J'ai gravi les montagnes, et elles tremblaient; j'ai parcouru les collines, et elles chancelaient sur leurs bases.

Le frisson de l'épouvante a glacé mes membres, et l'angoisse a déchiré mes entrailles. Je criais vers vous

Seigneur, comme le petit de l'hirondelle, je gémissais comme la colombe, et mes yeux se sont lassés à force de regarder en haut.

Seigneur, Seigneur, je souffre devoir tant de maux sur la terre, et maintenant que votre Esprit me soutient, je ne puis demeurer dans le silence; parceque j'ai entendu le bruit des trompettes et les cris de la mêlée, s'élever audessus du bruissement de la race humaine.

Tous les peuples sont en tumulte. Les grands s'arment contre les grands, et les citoyens d'une même nation, levant le glaive les uns contre les autres, s'entre-dépouillent et s'entre-déchirent, dans les horreurs d'une guerre intestine et fratricide. L'enfant se soulève contre le vieillard, et les derniers du peuple, contre les nobles. Les pères succombent avec leurs fils, et les proches périssent avec leurs proches.

En proie aux tiraillements qui la déchirent, et aux secousses qui l'ébranlent, la terre, noyée dans le deuil et les larmes, semble tomber en défaillance.

Les hommes ne marchent point dans la voie de Dieu et les princes des peuples sont tombés dans l'abaissement. Les lois sont violées même par ceux qui les font, le pacte fondamental est sans cesse brisé et foulé aux pieds par le plus fort ou le plus audacieux. Les vices des grands et de ceux qui gouvernent, sont descendus comme des torrents du haut des sommités humaines, et ont envahi les nations tout entières. La coupe de l'iniquité déborde de toutes parts.

Le bruit des fanfares s'est tu; la harpe a oublié ses accords si doux; aux chants d'allégresse et de réjouissance ont succédé les murmures de la faim et les sinistres clameurs de la révolte.

La vigne maudit son propre fruit; parce que le jus que l'homme en exprime, au lieu de porter la joie dans son

cœur, en ranimant ses forces, ne sert plus qu'à exalter l'oppresseur dans le délire de ses orgies, et à abrutir l'opprimé dans l'excès de sa misère.

Je porte mes regards vers l'orient, vers l'occident, vers le midi, vers le septentrion; et, de toutes parts, je ne vois sur la terre qu'affliction et ténèbres, sans qu'il paraisse aucun rayon de lumière dans une obscurité si profonde.

Les habitants des campagnes sont dans la désolation et les apôtres de la paix pleurent amèrement.

Les chemins sont sillonnés de chariots et d'armes de guerre; les sentiers du labeur sont abandonnés. L'ennemi a rompu la trève, il croit l'heure venue pour achever sa victme; il assiège les villes, et n'a plus de pitié pour l'espèce humaine.

La dévastation a passé sur les plaines, le champ du laboureur n'est plus qu'un désert; sa chaumiere est renversée, ses moissons foulées sous les pieds des soldats, ses jardins ravagés et ses arbres dépouillés de leurs fruits.

J'ai vu malheurs sur malheurs : le spectre de la famine au sein des populations, la cruauté dans les combats, l'iniquité dans le sanctuaire de la justice, la corruption et l'impiété dans le temple même ; et j'ai dit dans mon cœur : Dieu jugera le juste et le méchant; et alors l'heure de la réparation aura sonné.

II.

Le souffle de l'Esprit régénérateur.

Et je fus conduit par l'Esprit dans une grande cité de l'occident, que les peuples appellent la reine de la civilisation.

Et, ayant prêté l'oreille, j'entendis gronder, dans les profondeurs de ses entrailles, un bruit sourd et inac

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