Examen des principes de la morale sociale

Front Cover
Hachette, 1854 - 148 pages
 

Selected pages

Other editions - View all

Common terms and phrases

Popular passages

Page 13 - Il paraît d'abord que les hommes dans cet état, n'ayant entre eux aucune sorte de relation morale ni de devoirs connus, ne pouvaient être ni bons ni méchants, et n'avaient ni vices ni vertus, à moins que, prenant ces mots dans un sens physique, on n'appelle vices dans l'individu les qualités qui peuvent nuire à sa propre conservation, et vertus celles qui...
Page 14 - ... sans jamais en reconnaître aucun individuellement, l'homme sauvage, sujet à peu de passions, et se suffisant à lui-même, n'avait que les sentiments et les lumières propres à cet état: qu'il ne sentait que ses vrais besoins, ne regardait que ce qu'il croyait avoir intérêt de voir, et que son intelligence ne faisait pas plus de progrès que sa vanité.
Page 13 - La mère allaitait d'abord ses enfants pour son propre besoin, puis l'habitude les lui ayant rendus chers, elle les nourrissait ensuite pour le leur ; sitôt qu'ils avaient la force de chercher leur pâture, ils ne tardaient pas à quitter la mère ellemême; et comme il n'y avait presque point d'autre moyen de se retrouver, que de ne pas se perdre de vue, ils en étaient bientôt au point de ne se pas même reconnaître les uns les autres.
Page 105 - Le vice radical de la philosophie, c'est de ne pouvoir parler au cœur. Or, l'esprit est le côté partiel de l'homme; le cœur est tout... Aussi la religion , même la plus mal conçue , est-elle infiniment plus favorable à l'ordre politique, et plus conforme à la nature humaine en...
Page 47 - Je dis donc que la souveraineté, n'étant que l'exercice de la volonté générale, ne peut jamais s'aliéner, et que le souverain, qui n'est qu'un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même : le pouvoir peut bien se transmettre, mais non pas la volonté.
Page 13 - ... d'aucune espèce, chacun se logeait au hasard, et souvent pour une seule nuit ; les mâles et les femelles s'unissaient fortuitement, selon la rencontre, l'occasion et le désir, sans que la parole fût un interprète fort nécessaire des choses qu'ils avaient à se dire. Ils se quittaient avec la même facilité.
Page 106 - Dans un pays où l'on a le malheur d'avoir une religion que Dieu n'a pas donnée, il est toujours nécessaire qu'elle s'accorde avec la morale , parce que la religion , même fausse , est le meilleur garant que les hommes puissent avoir de la probité des hommes.
Page 140 - C'est donc avec grande raison que » les anciens ont répandu parmi le peuple qu'il »y avait des dieux , qu'il y avait des supplices » à craindre dans les enfers ; et l'on a grand i tort dans notre siècle de rejeter ces sentiments : «car, sans parler des autres suites de l'irréli»gion, chez les Grecs, par exemple, confiez »un talent à ceux qui manient les deniers pu»blics ; en vain vous prenez dix cautions, au»tant de promesses et deux fois plus de té» moins , vous ne pouvez les obliger...
Page 14 - L'imagination , qui fait tant de ravages parmi nous, ne parle point à des cœurs sauvages; chacun attend paisiblement l'impulsion de la nature, s'y livre sans choix , avec plus de plaisir que de fureur; et, le besoin satisfait, tout le désir est éteint.
Page 14 - Concluons qu'errant dans les forêts, sans industrie, sans parole, sans domicile, sans guerre et sans liaison, sans nul besoin de ses semblables comme sans nul désir de leur nuire...

Bibliographic information