tionnaires, flattant les penchants de leurs semblables, abdiquant toute dignité, s'adonnant aux plaisirs les plus honteux, proscrivant, pillant, massacrant ceux qui refusent d'admettre le code des droits de l'homme en guise de nouvel Evangile, et terminant leurs odieuses et sanglantes saturnales par l'assassinat du plus pur et du plus saint des Rois, et de la plus auguste et de la plus noble Famille. Grâce à Dieu, de nos jours, de savants ecclésiastiques, de pieux laïcs, touchés des besoins de notre génération, si tourmentée par des aspirations diverses et contraires, ont offert à notre méditation d'admirables biographies de saints et de saintes. Qui n'a lu avec émotion, pour ne citer que les principales, les vies de sainte Cécile 1, de sainte Monique 2, de sainte Paule 3, de sainte Elisabeth, de saint Ambroise et, plus récemment encore, de la bienheureuse Thérèse de Saint-Augustin®? Entreprendre, après des œuvres si magistrales, vrais modèles d'études hagiographiques, d'écrire la modeste vie de sainte Lucie, n'est-ce pas manquer de prudence, s'exposer à d'inutiles critiques, en un mot, faire acte de folie? D'ailleurs, à côté de ces glorieux héros mêlés par leur vie, plus ou moins longue, à de graves événements historiques, qu'est sainte Lucie? Une jeune fille de grande race, il est vrai; mais, fleur humble et sitôt cueillie, a-t-elle assez vécu pour avoir laissé après elle quelque parfum que nous puissions recueillir? Voilà ce que penseront les personnes, peu nombreuses, sans doute, sous les yeux desquelles tomberont ces simples lignes. Eh bien! nous l'avouons sans détour, ces réflexions, nous nous les sommes faites à nousmême, quand la première idée de cette étude nous est venue à la pensée. 1. De dom Guéranger. 2. De l'abbé Bougaud. 3. De l'abbé Lagrange. 4. De M. de Montalembert. 5. De l'abbé Baunard. 6. De l'abbé Gillet. Désireux d'offrir à la douce compagne que Dieu nous a donnée et à l'aînée de nos enfants la vie de leur commune Patronne, nous avons longtemps, et sans succès, recherché autour de nous une biographie de la Vierge de Syracuse. Un jour pourtant, une heureuse inspiration nous fit heurter à la porte du vénérable Évêque de Metz. Nous avions vaguement entendu parler, au cours de nos investigations, d'un culte rendu à sainte Lucie par la capitale de la Lorraine. Notre attente ne fut pas longue : la réponse dépassa nos prévisions. Monseigneur du Pont des Loges eut la grande bienveillance de nous adresser lui-même, avec de précieux encouragements, une biographie de sainte Lucie, due à la plume de M. l'abbé Noël, et la copie authentique d'un bref de Charles IV, empereur d'Allemagne, bref relatif aux reliques de sainte Lucie. Notre parti fut donc bientôt arrêté. Comblé des bénédictions d'un vénérable prélat, trouvant dans cette courte, mais substantielle monographie, de précieuses indications, nous nous sommes résolument mis à l'œuvre. Nous le disons hautement, c'est surtout aux membres du clergé que nous nous sommes adressé pour obtenir les matériaux nécessaires à la composition de notre œuvre modeste; notre dossier s'est bientôt accru dans de telles proportions, que nous nous sommes cru obligé, en conscience, d'en faire part à tous les amis de documents hagiographiques. A cet effet, nous indiquons à la fin de ce volume les sources auxquelles nous avons puisé, et nous reproduisons les extraits les plus intéressants des auteurs par nous consultés. Nommer ici tous nos honorables correspondants nous semble absolument impossible; nous avons préféré indiquer, en note au bas de chaque document par nous cité, le nom de la personne à qui nous en étions redevable. Nous tenons cependant à leur adresser, à chacun en particulier, du fond du cœur, un hommage public de notre sincère reconnaissance. Le plan de ce volume est simple. Dans une première partie, nous retraçons la biographie courte, mais singulièrement édifiante de notre héroïne; en effet, douce et sympathique figure, Lucie n'a fait, pour ainsi dire, que traverser la vie, le front ceint d'une radieuse auréole. A l'âge où, d'ordinaire, les enfants sont surtout préoccupés de jeux et de frivolités, Lucie, sans se laisser atteindre par les aspérités du chemin, qui ne semblent pas même l'effleurer, sans accorder même une pensée distraite aux joies permises de la terre, sans se laisser intimider par les menaces, bientôt exécutées, du préfet qui la fait mettre à mort, les yeux fixés sur l'éternelle perfection, marche, court, vole vers cet abîme insondable, qui l'attire, et elle s'y perd avec une félicité inénarrable. Dans une seconde partie, nous signalons les hommages rendus de tous temps par l'Eglise, par les arts et les belles-lettres à sainte Lucie de Syracuse, vierge et martyre. Ces hommages réunis forment un faisceau qu'il nous a paru bon de disjoindre, pour les faire mieux connaître et apprécier par notre génération, si avide de renommées bruyantes, si dédaigneuse du mérite vrai, silencieux. Nous n'avons pas la prétention d'avoir découvert tout ce qui se rapporte à sainte Lucie dans le monde entier; nous avons pourtant la douce consolation d'avoir, autant que possible, recherché et rencontré les traits les plus marquants de cet ensemble. Quelques détails iconographiques trouveront leur place naturelle dans cette seconde partie. Dès maintenant, nous dirons que l'image de sainte Lucie, reproduite sur notre demande, par M. Henri Toussaint, l'un de nos aqua-fortistes les plus distingués, et placée en tête de ce volume, est l'exacte reproduction d'une gravure de Sadler. Puisse cette esquisse biographique propager le culte de celle qui, par ses vertus admirables et surnaturelles, mérita d'être inscrite au Canon de la Messe, préférablement à tant d'autres vierges, mieux connues et non moins méritantes! |