Pages choisies des auteurs contemporains

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A. Colin, 1919 - 449 pages
 

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Popular passages

Page 134 - ... un nimbe autour de lui. A ce moment ce soleil se voyait aussi, là-bas, en Bretagne, où midi allait sonner. Il était bien le même soleil, et au même instant précis de sa durée sans fin ; là, pourtant, il avait une couleur très différente ; se tenant plus haut dans un ciel bleuâtre, il éclairait d'une douce lumière blanche la grand'mère Yvonne qui travaillait à coudre, assise sur sa porte. En Islande, où c'était le matin, il paraissait aussi à cette même minute de mort. Pâli...
Page 16 - C'était d'un vert obscur presque noir ; ça semblait instable, perfide, engloutissant ; ça remuait et ça se démenait partout à la fois, avec un air de méchanceté sinistre. Au-dessus, s'étendait un ciel tout d'une pièce, d'un gris foncé, comme un manteau lourd.
Page 16 - Puis, tout à coup, je m'arrêtai glacé, frissonnant de peur. Devant moi, quelque chose apparaissait, quelque chose de sombre et de bruissant qui avait surgi de tous les côtés en même temps et qui semblait ne pas finir; une étendue en mouvement qui me donnait le vertige mortel...
Page 90 - Descente infinie, d'abord rapide comme une chute; puis lente, lente, alanguie peu à peu dans les couches de plus en plus denses. Mystérieux voyage de plusieurs lieues dans des abîmes inconnus; où le soleil qui s'obscurcit paraît semblable à une lune blême, puis verdit, tremble, s'efface. Et alors l'obscurité éternelle commence; les eaux montent, montent, s'entassent au-dessus de la tête du voyageur comme une marée de déluge qui s'élèverait jusqu'aux astres.
Page 132 - Depuis le départ d'Ha-Long, il en était mort plus d'un, qu'il avait fallu jeter dans l'eau profonde, sur ce grand chemin de France; beaucoup de ces petits lits s'étaient débarrassés déjà de leur pauvre contenu. Et ce jour-là, dans l'hôpital mouvant, il faisait très sombre : on avait...
Page 358 - Japon s'ouvrait devant nous, en une déchirure enchantée, pour nous laisser pénétrer dans son cœur même. Au bout de cette baie longue et étrange, il devait y avoir Nagasaki qu'on ne voyait pas encore. Tout était admirablement vert. La grande brise du large, brusquement tombée, avait fait place au calme ; l'air, devenu très chaud, se remplissait de parfums de fleurs. Et, dans cette vallée, il se faisait une étonnante musique de cigales; elles se répondaient d'une rive à l'autre; toutes...
Page 35 - ... de manuscrit d'Assyrie ; une bande de papier sans fin s'enroulait sur un roseau ; en tête, deux espèces de sphinx d'Egypte, à l'encre rouge, une étoile cabalistique, - et puis cela commençait, tout en longueur comme le papier, et écrit en une cryptographie de mon invention. Un an plus tard seulement, à cause des lenteurs que ces caractères entraînaient, cela devint un cahier d'écriture ordinaire, mais je continuai de le tenir caché, enfermé sous clef comme une œuvre criminelle. J'y...
Page 428 - Maintenant les points sont égaux de part et d'autre; 15 le crieur annonce trente pour chacun des camps rivaux et il chante ce vieux refrain qui est de tradition immémoriale en pareil cas : « Les paris en avant ! Payez à boire aux juges et aux joueurs...
Page 119 - ... sel. Tout était calme et il ne pleuvait plus ; en haut, des nuages informes et incolores semblaient contenir cette lumière latente qui ne s'expliquait pas ; on voyait clair, en ayant cependant conscience de la nuit, et toutes ces pâleurs des choses n'étaient d'aucune nuance pouvant être nommée.
Page 85 - C'est trop grand pour être la lune, et puis maintenant des choses lointaines se dessinent devant en grandes ombres noires: des tours colossales, des montagnes éboulées, des palais, des Babels! On sent comme un voile de ténèbres s'appesantir sur les sens; la notion du réel est perdue. Il vous vient comme l'impression de cités apocalyptiques, de nuées lourdes de sang, de malédictions suspendues. C'est la conception des épouvantes gigantesques, des anéantissements chaotiques, des fins de...

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