Le livre de Job

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Ernest Renan
M. Lévy, 1859 - 200 pages
 

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Page 82 - Quand cette peau sera tombée en lambeaux, privé de ma chair, je verrai Dieu. Je le verrai par moi-même ; mes yeux le contempleront, non ceux d'un autre ; mes reins se consument d'attente au dedans de moi.
Page 119 - La sagesse, d'où vient-elle? Où est le lieu de l'intelligence? Elle est cachée aux yeux de tous les vivants, Elle est un mystère pour les oiseaux du ciel. Le gouffre et la mort disent : « Nous avons seulement ouï parler d'elle. » C'est Dieu qui connaît ses sentiers ; C'est lui qui sait où elle réside; Car il voit jusqu'aux confins de la terre, II aperçoit tout ce qui est sous le ciel.
Page lxvii - La contradiction, en de pareilles matières, est le signe de la vérité ; car le peu qui se révèle à l'homme du plan de l'univers se réduit à quelques courbes et à quelques nervures dont on ne voit pas bien la loi fondamentale et qui vont se réunir à la hauteur de l'infini. Maintenir en présence les uns des autres les besoins éternels du cœur, les affirmations du sentiment moral, les protestations de la conscience, le témoignage de la réalité, voilà la sagesse. La pensée générale...
Page 9 - : l'homme donne tout ce qu'il possède pour sa propre personne. Mais étends ta main, touche ses os et sa chair, et on verra s'il ne te renie pas en face. » Et Jéhovah dit à Satan : « Je le mets dans ta main; seulement respecte sa vie. » Et Satan se retira de devant la face de Jéhovah. Et il frappa Job d'une lèpre maligne depuis la plante des pieds jusqu'à la tête, et Job, assis sur la cendre, fut réduit à se gratter avec un tesson. Et sa femme lui dit : « Quoi ! tu persévères encore...
Page lxviii - ... quelques courbes et à quelques nervures dont on ne voit pas bien la loi fondamentale et qui vont se réunir à la hauteur de l'infini. Maintenir en présence les uns des autres les besoins éternels du cœur, les affirmations du sentiment moral, les protestations de la conscience, le témoignage de la réalité, voilà la sagesse. La pensée générale du livre de Job est ainsi d'une parfaite vérité. C'est la plus grande leçon donnée au dogmatisme intempérant et aux prétentions de l'esprit...
Page iii - ... d'outre-Rhin. La langue française est puritaine; on ne fait pas de conditions avec elle. On est libre de ne point l'écrire; mais, dès qu'on entreprend cette tâche difficile, il faut passer, les mains liées, sous les fourches caudines du dictionnaire autorisé et de la grammaire que l'usage a consacrée.
Page xi - On sait que le poëme de Job est composé de discours en vers encadrés dans un texte en prose : cette distinction a été marquée par l'emploi d'un caractère différent. La séparation des versets et des vers, qui est bien du fait de l'auteur, a été également maintenue. Le rhythme de la poésie hébraïque consistant uniquement dans la coupe symétrique des membres de la phrase, il m'a toujours semblé que la vraie manière de traduire les œuvres poétiques des Hébreux était de conserver...
Page xci - L'humanité fait du divin comme l'araignée file sa toile; la marche du monde est enveloppée de ténèbres, mais il va vers Dieu. Tandis que l'homme méchant, sot ou frivole mourra tout entier, en ce sens qu'il ne laissera rien dans le résultat général du travail de son espèce, l'homme voué aux bonnes et belles choses participera à l'immortalité de ce qu'il a aimé. Qui...
Page 100 - Il reconnaîtrait que c'est un juste qui se défend contre lui, Et je serais pour toujours à l'abri des poursuites de mon juge. Mais si je vais à l'orient, il n'y est pas ; Si je me tourne vers l'occident, je ne l'y trouve pas. Exerce-t-il son pouvoir dans le nord? je ne le vois pas ; S'enfonce-t-il dans les profondeurs du sud? je ne l'aperçois pas. Ah ! c'est qu'il connaît ma conscience ' ; Qu'il m'éprouve, je sortirai pur comme l'or.
Page xc - Mais un mot que ni Job ni ses amis ne prononcent a acquis un sens et une valeur sublimes : le devoir, avec ses incalculables conséquences philosophiques, en s'imposant à tous, résout tous les doutes, concilie toutes les oppositions et sert de base pour réédifier ce que la raison détruit ou laisse crouler. Grâce à cette révélation sans équivoque ni obscurité, nous affirmons que celui qui aura choisi le bien aura été le vrai sage. Celui-là sera immortel ; car ses œuvres vivront dans...

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