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tôt qu'elles reproduisent les Traditions propres aux Peuples dont elles nous font connaître les croyances. Mais nous ne nous en tenons pas à une simple foi au récit de Moïse.

Car, si nous avons à convaincre un incrédule de la vérité de ce récit et que nous partions, même hypothétiquement, de l'idée que cette écriture est inspirée et divine, il lui semblera toujours que nous voudrons à tout prix et nonobstant toute raison à arriver à la justifier; ce qui le mettra lui-même en garde contre nous et lui fera trouver faible les meilleures raisons. Au lieu qu'en partant de considérations traditionnelles que l'on pourrait appeler humaines ou purement philosophiques, on n'excitera point de prévention et l'on obtiendra presque toujours un meilleur résultat.

Il est un fait avoué par la plupart des savants modernes, de ceux qui se sont le plus occupés d'histoire et de philosophie d'histoire, un fait qui s'accrédite tous les jours davantage, dans ceux qui étudient la société dans son passé et dans son présent, c'est que notre civilisation est l'œuvre du Christianisme qui en est le principe et l'élément essentiel. Or, le Christianisme est sorti du peuple Juif, et n'aurait même pu sortir d'aucun autre. Pour que l'effet fût proportionné à sa cause, le principe à sa conséquence, il fallait bien que les Juifs eussent sur les peuples et les religions de l'antiquité une supériorité, analogue à celles qu'ont les nations chrétiennes sur celles qui ne le sont pas. Il leur fallait une connaissance supérieure de Dieu, de l'univers et de l'homme. Or, une telle connaissance se lie nécessairement à celle d'une Cosmologie véritable. Car, outre que la chose paraît évidente en elle-même, elle est démontrée par l'histoire. Toutes les erreurs de l'antiquité se rattachent de près ou de loin à la question de la Cause première et principe des choses, à la Cosmogonie.

Nota. Toutes les Cosmogonies anciennes nous présentent le monde comme le résultat de la combinaison des deux principes soit physiques, soit métaphysiques, soit moraux ; c'est le principe actif, et le principe passif, le sec et l'humide, le chaud et le froid, le parfait et l'imparfait, le bien et le mal..., le fini et l'infini? Mgr GERBET.

Archéologie Chrétienne.

NOUVEAUX MÉLANGES

D'ARCHÉOLOGIE, D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

SUR LE MOYEN-AGE

Par les auteurs de la Monographie des vitraux de Bourges (Charles Cahier et feu Arthur Martin, de la Compagnie de Jésus). Collection publiée par le P. Ch. Cahier.

Bibliothèques.

Dans les tomes xvII, XVIII et XIX des Annales de philosophie, parurent en 1838 et 1839, douze articles signés C. Acheri, où étaient réfutées diverses assertions de M. Letronne et en particulier les accusations de M. Libri, que le Christianisme a nui au développement des connaissances humaines. C'est là que M. Acheri donna la notice sur les bibliothèques des églises et des monastères au moyen-âge, sur la science des femmes à cette époque, sur les écoles, sur la calligraphie, sur les miniatures, les différents peintres et le luxe bibliographique dans cette période de l'histoire de l'Eglise. M. Letronne, quoique critiqué, était étonné de cette érudition et nous demandait qui pouvait être ce M. Acheri. Or M. Acheri n'était autre que le R. P. Cahier.

C'est une seconde édition de ces articles que le R. P. Cahier donne dans le volume que nons annonçons, et dont il a bien voulu nous faire présent, avec cette gracieuse suscription:

A M. Bonnetty : Un ruisseau qui retourne à sa source. CAHIER S.J.

Mais cette 2° édition est beaucoup plus complète et surtout beaucoup plus belle que la 1re; pendant les 40 ans qui les séparent, le P. Cahier n'a cessé de recueillir des matériaux sur la science ecclésiastique et laïque du moyen-âge, et ce sont ces matériaux qu'il étale dans ce volume avec une magnificence toute

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royale. En effet, on trouve ici des fac-simile de tous les ornements des livres de cette époque; nous notons en particulier les planches : Planche 1. Planche 2.

etc.

Planche 3.

Planche 4.

Planche 5.

Planche 6.

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L'abbesse Uôta (de Ratisbonne).
Saint Jean évangéliste (de Ratisbonne).

Les quatre évangélistes (de Bamberg).

S. Fortunat écrivant (de Poitiers).

Sainte Radegonde (de Poitiers).
S. Matthieu (de Ratisbonne).

Et en outre les spécimens des lettres de toutes les formes,

L'auteur explique ainsi modestement son œuvre :

» Mieux valait, ce semble, multiplier les matériaux que de » les étaler par le menu en prêtant au soupçon de gloriole qui >> veut se faire valoir par ostentation vaniteuse. Hommes et » œuvres seront passablement représentés dans mon travail >> et dans celui de mon nouveau collaborateur, par les listes » de bibliophiles anciens, de calligraphes et de miniateurs, >> que nous ne prétendons pas donner au complet, car j'en » rencontre encore chaque jour. On pourra du moins trouver >> des points de repère utiles pour l'histoire littéraire, et nous » ne prétendons pas davantage. Sans nous donner l'air de >> dire précisément, ni l'un ni l'autre :

Oyez une merveille,

nous croyons avoir rendu service à des études qui pour>ront se développer utilement sur la voie ici tracée. Des suc» cesseurs futurs condenseront mieux les documents et les multiplieront, soit. Nous les y convions et applaudirons de grand cœur à leur réussite, qui était notre vou; trop heu› reux même d'avoir suscité ce progrès auquel nous travaillons › courageusement jusqu'à nouvel ordre 1.

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Le Père Cahier ne prétend pas avoir le monopole de la connaissance du Moyen-Age, et en particulier il aime à rendre témoignage à un homme, qui longtemps a été associé avec nous dans la publication de l'Université catholique, 'qu'il a enrichie

1 Avant-propos, p. x.

d'un grand nombre d'articles sur l'art au Moyen-Age. Voici l'hommage mérité que lui rend le Père Cahier.

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>> Comme arrivait enfin à son terme l'impression de ce volume, deux tomes posthumes de M. le comte de Montalem>> bert sur les Moines d'Occident viennent d'être publiés, qui ajoutent déjà plusieurs recherches aux miennes, même sur le » terrain que j'avais choisi et parcouru avec attention il y a » 38 ans. Elles découvrent en outre quelques-unes de celles » que je tenais en réserve pour l'avenir douteux qui m'a fait » défaut, lorsque je me permettais d'y tailler d'avance en plein drap. Mais je n'ai pas à faire l'éloge de ce travail » d'autrui, bien recommandé par ses antécédents et sa propre » valeur, d'autant que l'illustre écrivain m'y donne des louan›ges qui pourraient passer pour avoir enflé mon admiration » pour lui.

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L'ayant très-peu flatté, ou même fréquenté de son vivant, >> il ne me sied plus de remercier Dieu pour ce que j'aurais » suggéré par hasard de projets ou de chapitres à un homme » si ostensiblement et si véritablement catholique, quoi qu'on

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ait pu dire de lui sous certains prétextes que je n'ai pas à » discuter en ce moment. Ses assertions, si bien autorisées, » s'accordaient trop avec les miennes pour me permettre de → passer ce grand nom sous silence. Car grand nom, ce l'est à > coup sûr pour notre siècle, qui n'en compte pas beaucoup › de cette lignée-là; et je ne pense pas que, tout bien pesé, la postérité loyale me démente jamais en ce point. Sans en » faire précisément un saint ou un sage accompli, il doit être permis d'affirmer que ses quelques défauts semblent imputables à des influences étrangères subies çà et là par une > amitié trop confiante, mais que ses hautes et rares qualités >> sont bien siennes ; et donnent, à vrai dire, la note tout à > fait dominante de sa belle vie, dont c'est la réelle unité, » véritable sans conteste. C'est aussi ce qui en restera par › dessus tout pour son perpétuel honneur1.»

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Après avoir ainsi réédité, augmenté et on peut dire illustré ses premiers travaux, le Père Cahier nous apprend ce qu'il

▲ Avant-propos, p. x.

comptait faire pour le compléter, il faut connaître quels développements il se proposait d'y donner.

Ici s'arrêtait, en novembre 1839, ce Mémoire dont la fin » s'est trouvée ajournée indéfiniment. Si j'eusse cru le reprendre avec quelque loisir, la suite fut devenue une seconde » section, dont le plan, dès lors ébauché, ne se retrouve plus en état présentable sous ma main. Voici cependant ce qu'il » devait à peu près contenir.

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> Conservation des ouvrages profanes dans les bibliothèques ecclésiastiques du Moyen-Age. Renaissance des lettres (comme on dit) et part importante qu'y prit le clergé. Injustice des nombreuses accusations qui furent répandues à › ce sujet par le Protestantisme et répétées par d'innombrables » échos jusqu'à nos jours. -Joie que causa la typographie » dans les monastères et influence des grandes abbayes pour répandre cet art nouveau. Les Classiques sortirent presque tous des bibliothèques bénédictines ou de celles des » cathédrales et des chanoines réguliers; plusieurs même y >> furent volės indignement par ceux qui crièrent le plus ́ » fort contre l'ignorance des ecclésiastiques. Question des palimpsestes qui ont donné lieu à beaucoup trop de déclamations contre la barbarie des moines. - Ouvrages littéraires >> et scientifiques de l'antiquité qui sont aujourd'hui perdus et qui subsistaient au Moyen-Age dans les collections ecclésias>> tiques. A cette occasion relevé des livres importants que >> mentionnent les catalogues ou les correspondances siècle par » siècle. Incendies et destruction de bibliothèques1. » Vandalisme des temps modernes pour les manuscrits du Moyen-Age. Prix des manuscrits et des premières imComparaison statistique de la distribution des » livres dans nos provinces avant et après le Protestantisme et

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» pressions.

Cette question, bien entendu, et plusieurs qui l'accompagnent devraient être autrement étudiées que ne l'a fait un mémoire de M. Mortillaro, intitulé Studio bibliografico (Opere, t. I, p. 9 et 60); lequel s'en tient à des généralités connues de quiconque n'est pas absolument ignare en ces matières. Ce n'est plus là ce qu'il nous faut aujourd'hui après divers travaux contemporains où l'on pénètre au-delà de l'écorce.

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