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c'est-à-dire notre condition ne sera pas meilleure, plus grande ou plus heureuse.

Voir sur l'époque de la fin du monde et sur les avénements du Christ, liv. VI, chap. LXXV, note 91.

39. Si vous, qui êtes mauvais (et il est évident que cette pensée est prise ici dans un sens relatif), savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il le saint esprit à ceux qui le lui demandent? Luc, XI, 13.

Si quelqu'un de vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui la donne à tous libéralement, et elle lui sera donnée. Jac., I, 5. La même certitude d'être exaucé appartenait aux apôtres pour tout ce qui concernait leur ministère : En vérité, je vous le dis, tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donnera. Jean, XVI, 23.

40. Quand vous priez, n'employez pas des redites inutiles comme les païens, qui s'imaginent qu'à force de paroles ils seront exaucés. Matt., VI, 7. A de tels actes de culte, à de telles habitudes de prière s'appliquent les paroles des prophètes: le Seigneur a dit : ce peuple s'approche de moi de la bouche, il m'honore de ses lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. Ésa., XXIX, 13. Tu es près de leur bouche, mais loin de leurs cœurs. Jér., XII, 2.

41. La longueur des prières est indiquée par le Christ lui-même, comme un des signes caractéristiques de l'hypocrisie. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites... qui affectez de faire de longues prières. Matt., XXIII, 14; Marc, XII, 40; Luc, XX, 47. (Voir, sur l'oraison dominicale, liv. VI, chap. LXVI, note 36.

42. La prière de Jésus pendant la nuit de Gethsémané, citée dans le texte, est en quelque sorte une garantie divine de cette définition: elle est admirablement commentée dans l'Épître aux Hébreux Jésus, pendant les jours de sa vie terrestre, ayant offert des prières et des supplications, accompagnées de grands cris et de larmes, à celui qui pouvait le sauver de la mort, fut exaucé et délivré de son angoisse. Héb., V, 7. La prière fut exaucée, non

par l'obtention de la demande, mais par l'adhésion de la volonté ; non, s'il est permis de parler ainsi, par l'acquiescement de Dieu à Christ, mais au contraire par l'acquiescement de Christ à Dieu. La confiance que nous avons en Dieu, dit saint Jean, est que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous exauce. 1 Jean, V, 14. Je demande sans cesse à Dieu dans mes prières que si c'est sa volonté il m'ouvre une voie favorable pour me rendre près de vous. Rom., I, 10. Tout ceci explique en quel sens et comment l'on doit prier sans cesse, 1 Thess., V, 17; c'est-à-dire, à tout moment, en toute occasion, Phil., IV, 6; comme le veut saint Paul, non des lèvres, mais du cœur; est-il un moment où notre volonté ne doive point faire effort pour s'accorder avec la volonté de Dieu ? Saint Paul confirme cette théorie de la prière, quand il montre comment l'esprit de Dieu vient dans la prière en aide à notre esprit : Ce qu'il faut demander pour bien prier, dit-il, nous ne le savons pas; mais l'esprit de Dieu intercède pour nous comme avec des soupirs inexprimables, c'est-à-dire, forme en nous des prières ferventes, et celui qui pénètre le fond des cœurs connaît bien les pensées de l'esprit chrétien qui ne demande pour les saints que des choses conformes à la volonté de Dieu. Rom., VIII, 26-27..

Cette définition explique aussi comment devant Dieu les prières sont assimilées aux bonnes œuvres, parce qu'elles sont de même nature et de même valeur; il est dit à Corneille : Tes prières et tes aumônes sont montées en mémoire devant Dieu. Act., X, 4.

Enfin, le principe de l'accord des volontés divine et humaine dans la prière est explicitement contenu dans la demande de l'Oraison Dominicale sur le pardon des offenses: Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs fautes, votre Père céleste ne vous pardonnera pas non plus les vôtres. Matt., VI, 14-15. L'accord, ici, est enjoint comme condition du succès de la prière.

La puissance, la sainteté des prières de Jésus-Christ lui même provient de l'accord parfait de sa volonté et de celle de son Père céleste, qui donne à chaque fidèle la confiance de lui dire, comme Marthe Je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le

donnera, Jean, XI, 22; et l'imperfection de notre volonté comparée à la volonté parfaite de Dieu explique comment le Seigneur peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et pensons. Éph., III, 20.

43. La prière du juste faite avec ferveur est d'une grande efficace; Jac., V, 16, surtout dans les afflictions; quelqu'un est-il dans la souffrance, qu'il prie! V, 13.

44. Si la prière a pour but et pour effet de mettre notre volonté en harmonie avec celle de Dieu, il suit que la prière faite à mauvaise intention est nécessairement illusoire et stérile: Vous demandez et ne recevez pas, parce que vous demandez mal et dans la vue de fournir à vos voluptés. Jac., IV, 3.

45. Jésus, dans sa prière même la plus générale, disait : Je ne prie point pour le monde. Jean, XVII, 9.

46. Je vous déclare que si deux d'entre vous s'accordent sur la terre à demander une chose quelconque, ils l'obtiendront de mon Père qui est au ciel; car lorsque deux ou trois personnes s'assemblent en mon nom, je suis au milieu d'elles. Matt., XVIII, 19-20. Je vous conjure de combattre avec moi par vos prières à Dieu. Rom., XV, 30. Vous nous assisterez par vos prières, de sorte que comme plusieurs personnes auront contribué à nous obtenir cette faveur, plusieurs aussi en rendront grâce pour nous. 2 Cor., I, 11.

47. Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai là. Job, I, 21. Nous n'avons rien apporté dans le monde, et il est évident aussi que nous n'en pourrons rien emporter. 1 Tim., VI, 7. Qu'as-tu que tu n'aies reçu? 1 Cor., IV, 7. Qui est-ce qui a donné le premier à Dieu et il lui sera rendu? Rom., XI, 35. L'homme procure-t-il quelque avantage au Dieu fort? Job, XXII, 2. Toute grâce excellente, tout don parfait descend du Père des lumières. Jac., I, 17.

48. On a élevé le doute de savoir si le mot d'Héli, le pontife :

C'est l'Éternel, qu'il fasse ce qui lui semblera bon ! 1 Sam., III, 18, était une prière de résignation, ou l'accent du désespoir, qui plie sous un pouvoir irrésistible.

49. Dieu dit à Salomon: Demande-moi ce que tu veux que je te donne. 1 Rois, III, 5; 2 Chr. I, 7. Qui expliquera comment Dieu, qui est toujours l'Etre infini, arrange sa providence de manière. à l'accorder avec le vœu, quel qu'il soit, de Salomon, qui est toujours un agent libre? (Voir liv. V, chap. LIII et note 13.)

50. Il en sera comme d'un songe, comme d'une vision de la nuit, de toute cette multitude des nations, qui combattent contre Ariel (Jérusalem, Esa., XXIX, 1); ainsi qu'un homme qui a faim, rêve qu'il mange; il se réveille, et se trouve aussi affamé qu'auparavant; ainsi qu'un homme qui a soif, rêve qu'il boit; il se réveille, et se trouve altéré et épuisé........ XXIX, 8. Cette image, qui se retrouve dans les épopées grecque et latine, est un des passages d'Esaïe les plus admirés par les orientalistes; il compare le désappointement de Sanchérib et de son armée, qui se croyaient certains de prendre et de détruire Jérusalem, à la déception d'un homme. affamé et altéré qui dans ses songes croit apaiser sa faim et sa soif, et éprouve, en se réveillant, les mêmes ardeurs qu'avant son sommeil. (Voir liv. IV, chap. XLIV, note 20.)

51. Comme les songes naissent de la presse des inquiétudes, on connaît la voix de l'insensé à la multitude des paroles, ou des vœux religieux. Ecc., V, 3. Le sens du mot est ici non de simples paroles, mais des promesses religieuses, et la comparaison, familière d'ailleurs aux poëtes de l'Orient, entre les songes et les vœux imprudents et multipliés, portent sur ce que ces vœux s'évanouissent comme les rêves d'une nuit agitée.

52. Dans les curieuses visions par lesquelles le prophète Ézéchiel fut chargé d'expliquer à ses compagnons de captivité les jugements divins de la ruine de Juda et de la prise de Jérusalem, il est fait abstraction évidente de la distance et de la durée, Ézé., IV, 4—8; VIII, 11; XI, 3 et pasşim, quelque sens que l'on

veuille attacher à ces deux sommeils symboliques, que toutes les recherches et les études de la critique sacrée n'ont pas réussi à éclaircir et à faire concorder avec les faits.

53. Je connais, dit saint Paul, parlant ainsi de lui-même par humilité, un serviteur de Christ qui fut enlevé au troisième ciel (c'est-à-dire, au ciel le plus élevé, selon les idées juives); si ce fut avec son corps ou sans son corps, je ne sais, Dieu le sait ; et je sais que cet homme (si ce fut avec son corps ou sans son corps, je ne sais, Dieu le sait) fut enlevé dans le paradis et y entendit des paroles ineffables. 2 Cor., XII, 2. De cette absence du corps, si l'on peut ainsi parler, de cette suspension momentanée des fonctions des sens, ou de leur surexcitation, il résulte que les impressions qui semblent encore provenir de leur action pendant l'extase, si elle est complète, ou qui en proviennent effectivement, si les sens y aident, varient et se succèdent avec une rapidité prodigieuse, tantôt indistinctes, tantôt précises; ainsi dans la célèbre vision d'Éliphaz : Le tremblement me saisit; tous mes os en furent ébranlés; un vent impétueux passa devant moi; mes cheveux se hérissèrent; quelqu'un s'offrit à ma vue; mais je n'en distinguai point les traits, et j'entendis une voix comme un souffle léger, qui me dit : etc. Job, IV, 14.

La puissance que l'âme exerce sur le corps et les sens dans les moments d'extase et d'enthousiasme est connue par une foule d'exemples et s'est manifestée en tout temps. L'Écriture en offre un frappant exemple dans la vie d'Élie. Après son admirable prière, après le sacrifice sur le Carmel allumé par le feu du ciel, après la fin de la sécheresse qu'il a prédite, Élie espère qu'Achab se prononcera contre l'idolâtrie et que la vraie religion va refleurir; il était d'une importance extrême de ne point laisser à lui-même le faible monarque, que l'adroite et impie Jésabel attendait; Élie part du Carmel avec Achab, et celui dont la voix venait d'ouvrir les cieux, courut comme un serviteur devant le char du roi; la distance était d'environ dix lieues : La main de l'Éternel fut sur Élie; il ceignit ses reins de sa robe, et il courut devant Achab jusqu'à l'entrée de Jizréhel. 1 Rois, XVIII, 46. (Voir liv. IV, chap. XLIV, note 21.)

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