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l'hérésie ne reconnoît pas. Comment est-ce que nous montrons que l'hérésie ne reconnoît pas la virginité de l'Eglise? Elle enseigne que l'Eglise, la vraie Eglise n'est pas infaillible: elle enseigne que l'Eglise peut errer; elle enseigne que l'Eglise a erré souvent. Le ministre de cette ville l'a prêché et l'a écrit de la sorte. O ministre d'iniquité, vous ne connoissez pas la virginité de l'Eglise. Si elle peut errer, elle n'est pas vierge; car l'erreur est un adultère de l'ame. Mais comment connoîtriez-vous sa virginité, puisque vous ne connoissez pas même sa sainteté ? Je crois la sainte Eglise, disent les apôtres dans leur symbole. Est-elle sainte, si elle ment? est-elle sainte, si elle enseigne l'erreur, si elle la confirme par son autorité? Donc l'Eglise que vous nous prêchez est une Eglise prostituée; et cette jeune fille a bien fait quand elle a quitté cette Eglise, et qu'elle a cherché une Eglise vierge. Mais notre Eglise, ma trèschère Sœur, est encore vierge par son unité.

L'origine de l'unité, c'est le Fils de Dieu: il n'a paru qu'en un seul lieu de la terre; mais ses prédicateurs ont été par tout l'univers, et ils y ont fondé des Eglises. L'unité ne s'est pas divisée, mais elle s'est étendue; et cette unité sainte et indivisible, la succession continuelle nous l'a apportée. Considérez les troupeaux rebelles; leurs noms vous marquent leur séparation. Zuingliens, Luthériens, Calvinistes sont des noms nouveaux : ce n'est donc pas l'unité, qui les a produits, parce que l'unité est ancienne; mais l'unité les a condamnés, parce qu'il appartient à l'unité sainte, qui communique avec l'Eglise ancienne par une succession vénérable; il

appartient, dis-je, à cette unité de condamner l'audace de la nouveauté. Donc leurs noms sont des noms de schisme : notre nom, c'est un nom de communion. Mon nom, c'est chrétien, dit saint Pacien (1); mon surnom, c'est catholique. Catholique, c'est universel; catholique, c'est un nom d'unité, un nom de charité et de paix. Donc l'Eglise catholique est l'Eglise vierge, parce qu'elle possède l'unité sainte, qui la lie inséparablement à l'Epoux unique. C'est pourquoi les Eglises des hérétiques ayant perdu l'unique Epoux, elles prennent le nom de leurs adultères.

L'hérésie n'a point de vierges sacrées : quoiqu'elle se vante d'être l'Eglise, elle n'ose imiter l'Eglise en ce point. Il n'y a que la vraie Eglise qui sache saintement consacrer les vierges. Et certes, comme l'Eglise catholique est l'Eglise vierge, c'est elle aussi qui nourrit les vierges. Jésus-Christ ne les reçoit pas pour épouses, si l'Eglise sa bien-aimée ne les lui présente : et c'est pourquoi, vous ayant destinée dès l'éternité à ce mariage spirituel, que la pureté virginale contracte avec lui, il vous a inspiré dans le même temps ce double désir, d'aimer la virginité de l'Eglise, et de garder la virginité dans l'Eglise. Réjouissez-vous donc en notre Seigneur; préparezvous aux embrassemens de l'Epoux céleste. C'est lui qui est engendré dans l'éternité par une génération virginale; c'est lui qui naissant dans le temps, ne veut point de mère qui ne soit parfaitement vierge, et il consacre son intégrité par une divine conception, et par une miraculeuse naissance.

(1) S. Pacian. ad Sympron. Ep. 1.

SERMON

POUR LA PROFESSION

D'UNE DEMOISELLE

QUE LA REINE MÈRE AVOIT TENDREMENT AIMÉE.

Opposition de la gloire du monde à Jésus-Christ et à son Evangile: pourquoi ne peut-il être goûté des superbes. Toutes les vertus corrompues par la gloire. Comment les vertus du monde ne sontelles que des vices colorés. Dispositions dans lesquelles doit être un chrétien à l'égard de la gloire. Grand sujet de craindre de se plaire en soi-même, après s'être élevé au-dessus de l'estime des hommes: d'où vient cette gloire cachée et intérieure est-elle la plus dange reuse. Quelle est la science la plus nécessaire à la vie humaine. Discours à la Reine d'Angleterre, et sur la Reine mère défunte.

Elegi abjectus esse in domo Dei mei.

J'ai choisi d'étre abaissé et humilié dans la maison de mon Dieu. Ps. LXXXIII. II.

QUE l'orgueil monte toujours, selon l'expression du Psalmiste (1), jusqu'à se perdre dans les nues; que les hommes ambitieux ne donnent aucune borne à leur élévation; que ceux qui habitent les palais des rois ne cessent de s'empresser, jusqu'à ce qu'ils occu. pent les plus hautes places vous, ma Sœur, qui

(1) Ps. LXXIII. 23.

choisissez pour votre demeure la maison de votre Dieu, vous suivez une autre conduite, et vous n'imitez pas ces empressemens. Si les rois, si les grands du monde méprisent ceux qu'ils voient dans les derniers rangs, et ne daignent pas arrêter sur eux leurs regards superbes; il est écrit au contraire que Dieu, qui est le seul grand, regarde de loin et avec hauteur tous ceux qui font les grands devant sa face, et tourne ses yeux favorables sur ceux qui sont abais→ sés (1). C'est pourquoi le roi prophète descend de son trône, et choisit d'être le dernier dans la maison de son Dieu; plus assuré d'être regardé dans son humiliation, que s'il levoit hautement la tête, et se mettoit au-dessus des autres: Elegi abjectus esse in

domo Dei mei.

la

Réglez-vous sur ce bel exemple. Ne soyez pas, dit saint Augustin (2), de ces montagnes que le ciel foudroie, sur lesquelles les pluies ne s'arrêtent pas; mais de ces humbles vallées qui ramassent les eaux célestes; et en deviennent fécondes. Songez que créature que Dieu a jamais le plus regardée, c'est celle qui s'est mise au lieu le plus bas : « Dieu, dit» elle, a regardé la bassesse de sa servante (3) ». Parce qu'elle se fait servante, Dieu la fait mère et reine et maîtresse. Ses regards propices la vont découvrir dans la profondeur où elle s'abaisse, dans l'obscurité où elle se cache, dans le néant où elle s'abîme. Descendez donc avec elle au dernier degré : heureuse, si en vous cachant et au monde et à vousmême, vous vous faites regarder par celui qui aime (2) In Psal. cxɩɩ, n. 5; tom. iv, col. 1581.

(1) Ps. cxxxvu. 6.

(3) Luc. 1. 48.

à jeter les yeux sur les ames humbles, et profondément abaissées devant sa majesté sainte. Pour entrer dans cet esprit d'humiliation, prosternez-vous aux pieds de la plus humble des créatures, et honorant avec l'ange sa glorieuse bassesse, dites-lui de tout votre cœur, Ave.

:

Il a été assez ordinaire aux sages du monde de rechercher la retraite, et de se soustraire à la vue des hommes ils y ont été engagés par des motifs fort divers. Quelques-uns se sont retirés pour vaquer à la contemplation, et à l'étude de la sagesse : d'autres ont cherché dans la solitude la liberté et l'indépendance; d'autres, la tranquillité et le repos; d'autres, l'oisiveté ou le loisir plusieurs s'y sont jetés par orgueil. Ils n'ont pas tant voulu se séparer, que se distinguer des autres par une superbe singularité; et leur dessein n'a pas tant été d'être solitaires, que d'être extraordinaires et singuliers. Ils n'ont pu endurer ou le mépris découvert des grands, ou leurs froides et dédaigneuses civilités ou bien ils ont voulu montrer du dédain pour les conversations, pour les mœurs, pour les coutumes des autres hommes, et ont affecté de faire paroître, que, très-contens de leurs propres biens et de leur propre suffisance, ils savoient trouver en eux-mêmes non-seulement tout leur entretien, mais encore tout leur secours et tout leur plaisir. Il s'en est vu un assez grand nombre à qui le monde n'a pas plu, parce qu'ils n'ont pas assez plu au monde. Ils l'ont méprisé tout-à-fait, parce qu'il ne les a pas assez honorés au gré de leur ambition; et enfin ils ont mieux

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