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l'univers avec justice. Il prononce une sentence équitable sur les nations. Jéhovah a été un asile pour l'opprimé, un asile au temps de l'adversité. Chantez à Jéhovah qui demeure à Sion, publiez parmi les peuples ses œuvres; car le vengeur du sang se souvient d'eux; il n'oublie pas le cri des humbles. Tu as eu pitié de moi, Jéhovah, tu as vu ma misère qui me venait de mes ennemis; tu m'élèves des portes de la mort; afin que je raconte tes louanges aux portes de la fille de Sion, et que je me réjouisse en ton secours. Les peuples sont engloutis dans la fosse qu'ils ont préparée; dans ce filet qu'ils ont caché, leurs pieds se sont embarrassés. Jéhovah est reconnu pour avoir exécuté le jugement. L'impie s'enlace dans le propre ouvrage de ses mains. Pensée terrible! les impies, toutes les nations qui t'oublient, ô Élohim! retournent dans le scheol (dans la nuit éternelle de la tombe); mais il ne sera pas oublié celui qui aspire et prie ardemment 1; l'espoir des patients ne périra pas pour toujours. Lève-toi, Jéhovah! que l'homme mortel (w) ne soit pas arrogant. Que les nations soient jugées devant toi. Jehovah institue pour eux un avertissement; que les peuples sachent qu'ils ne sont que des hommes mortels (WIN). » (Ps. IX.)

1.

אביון

Ebione. On traduit souvent ce mot par « nécessiteux, pauvre; il a fourni son nom à la secte des Ébionites. Nous croyons que le sens qu'il a ici est bien celui que nous avons choisi, car ce mot vient de as vouloir, aspirer à...

Nous trouvons dans ces dernières lignes une confirmation indirecte de notre commentaire de la p. 114 au Le mot que

.la loi d'Adam » תורת האדם sujet du

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David emploie ici pour indiquer l'homme mortel, l'homme voué à la mort, c'est was (Énosch), et non □

(Adam);

et le dernier verset serait absolument dénué de sens, s'il ne contenait une distinction implicite entre les idées exprimées par ces deux mots. Le second paraît dès lors s'appliquer, dans la pensée de David, à l'homme affranchi de la mort, c'est-à-dire replacé sous la loi primitivement destinée à Adam. De plus, en appelant seulement sur les peuples étrangers ( Goïm, Gentils), l'avertissement qu'il réclame de Jéhovah, il montre assez clairement qu'il associe désormais à ses espérances d'immortalité ceux qui, parmi son peuple, lui resteront fidèles. Nous nous bornons à signaler au passage l'éclosion de cette idée, qui ne représente ici qu'une phase nouvelle dans la carrière parcourue par l'imagination de David, mais qui devait plus tard acquérir une si grande importance.

Quelque intérêt que David espère attirer sur lui par cette généreuse extension de la faveur qu'il réclame, il ne s'arrête jamais longtemps à cette nouvelle idée qui l'inspire peu. S'il s'agit, au contraire, des craintes personnelles que l'image importune de la mort est venue réveiller en lui, il retrouve ses plus vifs accents:

« Je t'exalterai, Jéhovah, car tu m'as relevé; tu n'as pas réjoui mes ennemis au sujet de moi. Jéhovah, mon Dieu, j'ai crié vers toi et tu m'as guéri. Jéhovah, tu as fait remonter du Schéol mon âme (y); tu m'as conservé la vie pour que je ne descendisse pas dans la fosse... J'avais pensé dans ma sécurité que je n'aurais plus de ces ébranlements... Quel profit te reviendrait de ma mort si je descendais dans la tombe? La poussière pourrait-elle chanter tes louanges? pourrait-elle raconter ta fidélité à ta parole?... » (Ps. xxx.)

Il met fréquemment en psaumes ces questions de santé ; et il se plaît à peindre les déconvenues que ses guérisons occasionnent à ses ennemis :

"Mes ennemis me souhaitent du mal. Quand mourrat-il (disent-ils) et quand périra son nom? Et si quelqu'un vient me voir, son cœur s'exprime avec fausseté; renfermant en lui sa malignité, il s'en va et parle au dehors. Tous mes ennemis chuchotent ensemble contre moi; ils méditent contre moi toute sorte de maux. Quelque chose de fatal est répandu sur lui (disent-ils); il est couché, il ne s'en relèvera plus. Même l'homme de ma paix, celui en qui je me confiais, celui qui mange mon pain lève le talon contre moi1. Mais toi, Jéhovah, viens à mon

1. Encore une allusion prophétique à Judas, d'après le quatrième Évangile (ch. xIII, v. 18.)

secours; rétablis-moi 1, et je leur rendrai ce qu'ils méritent. Par là je reconnaîtrai que tu te plais en moi, quand je ne verrai pas triompher mon ennemi. » (Ps. XLI.)

Sur quel ennemi le souci de sa conservation attirat-il ses regards dans le courant de cette période nouvelle? La suite du récit de son historien va nous l'apprendre. Mais nous ne reconnaîtrions pas l'homme que nous avons dépeint si nous ne le voyions ici recourir à l'un des moyens qui lui sont familiers.

De toutes les ruses sanguinaires de David, celle que nous allons laisser raconter à l'annaliste de son règne est peut-être la plus atroce et la plus savamment ourdie. Rien n'y manque Une calamité publique excitant le peuple; Jéhovah en indiquant la cause et désignant les coupables; l'apparente légitimité de la requête à laquelle le roi veut faire droit; puis, après l'événement, la réapparition de l'inévitable cul-de-jatte, témoignage adopté de clémence et de fidélité à la foi jurée; et, enfin, les honneurs rendus... aux ossements des victimes.

« Il y eut, du temps de David (Sam., II, ch. xx1), une famine de trois années, année sur année. David rechercha la face de Jéhovah; Jéhovah dit: C'est à cause de Saül et de sa maison sanguinaire, parce qu'il a fait mourir les Gabaonites. Le roi appela les Gabaonites et leur

1. Sacy traduit par « ressuscite-moi. » C'est forcer le sens. Ce que David demandait, c'était de ne pas mourir.

parla. Les Gabaonites n'étaient point des enfants d'Israël, mais bien un reste d'Amorrhéens, et les enfants d'Israël leur avaient prêté un serment1; mais Saül, dans son excès de zèle pour les enfants d'Israël et de Juda, avait cherché à les faire mourir 2. David dit aux Gabaonites : Que ferai-je pour vous, et par quoi expierai-je, afin que vous bénissiez l'héritage de Jéhovah ? Les Gabaonites lui dirent: Il ne s'agit pas pour nous d'argent ou d'or envers Saül ni envers sa maison? il ne s'agit pas pour nous de faire mourir quelqu'un en Israël. Le roi leur dit : Que voulez-vous donc que je fasse? Ils dirent au roi : (Ce que nous voulons) à l'égard de l'homme qui nous a consumés et qui a machiné contre nous de sorte que nous avons été détruits sans pouvoir subsister dans aucune des contrées d'Israël,

-ce que nous voulons, ô élu de Jéhovah! c'est qu'on nous donne sept hommes de ses fils, et nous les pendrons devant Jéhovah, au coteau de Saül. Le roi dit : Je les donnerai. »

«Le roi épargna Méphiboseth, fils de Jonathan, fils de Saül, à cause du. serment par Jéhovah qui existait entre eux, entre David et Jonathan, fils de Saül. Le roi prit les deux fils de Respha, fille d'Aïa, qu'elle avait

1. Il y avait de cela quelque cinq cents ans. On voit que David connaissait le livre de Josué. (Voir ce livre, ch. Ix.)

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2. Il n'est pas dit un mot de cela dans l'histoire de Saül. Pense-t-on d'ailleurs que, s'il y avait eu matière à reproche, Samuel en aurait laissé échapper l'occasion?

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