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veulent point d'autre juge; ils fe mocquent des jugemens des hommes fragiles qui peuvent AN. 1564. tromper & être trompez; comme s'ils n'étoient pas hommes eux-mêmes, comme s'ils avoient le privilege d'être infaillibles, comme s'il n'y avoit rien de faint & de véritable, que ce qu'ils ont bien voulu s'imaginer, ou comme s'il n'y avoit point de jufte interprétation des écritures, que celle qu'ils trouvent conforme à leur fens.

Le nonce, après s'être fort étendu fur le mépris que les heretiques faifoient de l'autorité de Péglife, à qui Dieu a promis qu'il feroit avec elle jufqu'à la confommation des liecles, & que les portes de l'enfer ne prévaudroient point contre elle, représenta le renversement de plufieurs états, & les defordres qu'il avoit vûs lui-même dans fes derniers voyages. Il fit une peinture vive & naturele des révoltes, des mouvemens, des meurtres, des pillages, des facrileges, des violences exercées contre les prêtres, des ruines des temples, & des autels, des guerres civiles. & des révolutions étranges, que ces nouvelles opinions avoient caufées. Il tomba, fur les defordres de la Pologne. Il fit une comparaifon de la tranquillité ancienne de ce royaume, de fa religion, de cette union de fentimens, qui fait la force & la fûreté des états, avec les troubles & les divifions préfentes. Il exhorta les Polonois à maintenir l'honneur de leur nation & la gloire que leurs ancêtres leur avoient laiffée, d'être vaillans & d'être pieux; à recevoir les faints decrets d'un concile univerfel, qui remedioit à toutes les maladies de l'état & des particuliers, & à renoncer à ces opinions fi incertaines, fi diverfes, fi contraires entre elles-mêmes, que la malice de quelques-uns avoit introduites, & que la legereté & le libertinage de plufieurs avoient entretenues. Il finit proteftant devant Dieu, qu'il les

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les avoit avertis plufieurs fois en public & en para AN. 1564. ticulier par l'ordre du pape; & qu'au jour que les hommes feront prefentez au redoutable tribunal de Jefus Chrift avec tous leurs vices & leurs fauffes vertus, il feroit des reproches aux obftinez, & rendroit témoignage contre

LXXXII.

dece dif

cours.

Commend.

1. 2. c. II. Raynald. in annal, hoc an. 11.44..

eux.

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A ces mots le nonce préfenta le livre au roi. Combien Il avoit parlé avec tant de gravité, de zele & le fenat pa- d'efficace, que non feulement il toucha le fenai, rut touché & particulierement les anciens fenateurs qui fe fouvenoient de l'état paifible du royaume & de la naiffance des troubles; mais encore il étonna Grat.vita les heretiques. Gratiani, qui nous a donné la vie de Commendon, dit qu'il affifta à cette action, tenant le livre qu'on devoit préfenter, & qu'il peut affurer qu'il vit plufieurs perfonnes de l'affemblée qui fondoient en larmes. Après que le nonce eut achevê fon difcours, & présenté le livre, il voulut fortir du fenat pour laiffer déliberer mais le roi l'arrêta, & lui dit en souriant. Vous fçavez fi peu notre langue, que nous opinerons devant vous auffi librement que fi vous étiez forti;” & auffi tôt on alla aux opinions. L'archevêque de Gnefne qui parla le premier, loua en termes magnifiques le zele du pape, & la fageffe des peres du concile, fuivant fon efprit ordinaire, & après tous ces éloges, il fut d'avis qu'on reçût le livre avec honneur, mais qu'on ne rendit aucune réponse politive, qu'après qu'on l'auroit lû & examiné à loisir dans fon confeil. Il s'éleva un grand murmure du côté des évêques & des catholiques contre cet avis, qui fembloit foumettre les decrets du con. cile au jugement du roi & du fenat. Alors le LXXXIII. roi, fans attendre les avis des autres, qu'il avoit Le roi & le affez compris par ce murmure, prit la parole & fenat de Po- dit: que le nonce avoit parlé avec tant d'ordre, logne reçoi- tant de jugement & tant de force, qu'il fe fen-.

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toit

toit perfuadé de fes raifons; d'autant plus qu'il

n'avoit pas prévu qu'on lui dût donner une AN. 1564. fi prompte audience, & qu'on pouvoit croire vent le conque ce difcours lui avoit été infpiré de Dieu. cile de Que pour lui il fe croyoit obligé de recevoir Trente. les decrets du concile, & d'obeïr, comme il Gratiani ut étoit jufte, à toutes fes ordonnances. Le fup. vice-chancelier, felon la coutume, rendit ré- Pallav, ut ponse à Commendon conformement à l'avis fuprà 1. 24. du roi, & ce prince écrivit au pape pour lui. 13. 3. marquer avec quelle foumiffion il recevoit le concile. Sa lettre eft datée du dix-huitiéme d'Août.

au

logne.

Raynald, in anal, hoc

an.n.45.

Le pape annonça cette heureuse nouvelle LXXXIV. college des cardinaux dans un confiftoire tenu le Le pape apfixiéme d'Octobre, où il dit que le roi de Po- prend aux logne dans l'affemblée de fes états, en préfence cardinaux même des fenateurs heretiques, avoit reçu le li- cette recepvre des décifions du concile de Trente préfentétion en Popar fon nonce, & qu'il lui promettoit d'employer fes foins pour en faire obferver les decrets dans fon royaume. Il ajouta que ce prince avoit publié plufieurs édits contre les heretiques, & fur-tout les étrangers, qui répandoient leurs nouvelles erreurs, & qu'il les avoit obligez de fortir de fes états. Les lettres de ce roi furent lûes par le çardinal de Gonzague, comme le der nier prêtre, parce qu'il n'y avoit aucun cardinal diacre: & fa fainteté loua fort ce prince, qui ayant un royaume rempli d'heretiques, avoit néanmoins préferé l'acceptation & la publication du concile à tous les menagemens que la politique pouvoit lui infpirer de garder avec eux; exemple, dit-il, que tous les autres princes devroient fuivre: & il ordonna aux cardinaux protecteurs de leur en écrire, & de leur propofer la conduite du roi de Pologne. L'édit de ce prince pour chaffer les heretiques étrangers eft du feptiéme du mois d'Août.

Pie IV. ne s'appliqua plus enfuite qu'à regler AN. 1564. la difcipline de l'églife, conformement aux deLXXXV. crets du concile. Par une premiere bulle, il Differentes obligea à la refidence les évêques, & les autres bulles du beneficiers ayant charge d'ames, ordonnant que pape pour la les biens de ceux qui ne réfideroient pas, fcdifcipline. roient confifquez au profit de la chambre apoCiacon.in ftolique. Il y en eut une feconde beaucoup plus vitis pont rigoureufe für la méme obligation de la réfiden6.3. p. 880. ce; & par une troifiéme il déclara , que les gra&881. ces qu'on accordoit à quelques beneficiers de reSpond, hec cevoir les fruits fans réfider, en faveur de leurs

An. n. 2.

LXXXVI.

de foi.

Labbe in

études, ne feroient d'aucune valeur fans le confentement des ordinaires. Par une autre, il condamnoit à des peines très - rigoureufes tous ceux qui poffedoient des benefices en confidence; & il publia la forme du ferment que tous les beneficiers feculiers & reguliers, tant les clercs que les laïcs qui étoient engagez dans quelque ordre militaire, devoient faire avant que d'entrer en poffeffion d'aucun benefice. Cette profeffion de foi fe trouve à la fin des actes du concile, & la bulle qui fut donnée à cette occasion eft datée des ides de Novembre, c'est-à-dire du treiziéme de ce mois 1564. Elle étoit conçûe en ces

termes.

Pie évêque, ferviteur des ferviteurs de Dieu Bulle du pa- pour memoire à la pofterité. Le devoir de la pe pour le fervitude apoftolique qui nous a été imposé, ferment de exige qu'à l'honneur & à la gloire du Dieu toutprofeffion puiffant, nous nous appliquoins inceffamment & avec foin à l'exécution des chofes, qu'il a daigné divinement infpirer aux faints peres affemblés en fon nom pour la bonne conduite de fon églife. Tous ceux donc qui feront à l'avenir 944. & Seg, élevez aux églifes cathedrales & fuperieures, ou qui feront promûs aux dignitez defdites églifes, canonicats ou quelques autres benefices ecclefiaftiques que ce foit, ayant charge d'ames, é

colle&t.conc. tom. 14. p.

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tant

tant obligez fuivant la difpofition du concile de Trente, de faire une profeffion publique de la AN. 1564. foi orthodoxe, & de jurer & promettre qu'ils demeureront dans l'obéïffance de l'églife Romai ne: Nous voulons auffi que la même chose foit obfervée par tous ceux qui, fous quelque nom ou titre que ce puiffe être, feront prépofez aux monafteres, couvens, maifons, & tous autres lieux de quelques ordres réguliers que ce foit, & même de chevaleries; & que rien ne puifle être defiré par perfonne, de ce qui peut dépen dre de notre foin, pour faire enforte qu'une même profeffion de foi foit faite par tout de la même maniere: & que la même formule unique & certaine vienne à la connoiffance d'un chacun. Ordonnons en vertu des préfentes, & enjoignons très-étroitement par autorité apoftolique, que la formule même ci-après inferée dans ces préfentes, foit publiée, & par toute la terre reçue, & obfervée par ceux qui y font obligez, felon les decrets du faint concile, & par les autres ci-deffus mentionnez; & que fous les peines portées par ledit concile contre les contrevenans, ladite profeffion de foi foit par eux faite folemnellement, conformement à ladite formule; felon la teneur suivante, & non autre

ment.

Je N. crois d'une ferme foi, & confeffe tous & chacuns les articles qui font contenus dans le fimbole de la foi, dont fe fert la fainte église Romaine; comme il s'enfuit.

Termes

Je crois en un feul Dieu le Pere tout-puiffant, LXXXVIL créateur du ciel & de la terre, de toutes les chofes vifibles & invifibles; & en un feul Seigneur dans lefJefus-Chrift, fils unique de Dieu, & né du pere quels doit avant tous les fiecles, Dieu de Dieu, lumiere être conçue de lumiere, vrai Dieu du vrai Dieu, engendré cette profef & non fait, confubftantiel au Pere, par lequel toutes chofes ont été faites, qui pour l'amour

fon de foi,

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