XIII.

LE PARTERRE.

SECONDE PARTIE.

Quand le jardinier se promène, si son œil rencontre de mauvaises herbes, ou des arbustes languissants, il s'attriste. Les mauvaises herbes, il les enlève; mais ce qui ne fait que languir, il le soigne et le cultive, dans l'espoir que cela se ranimera et fleurira; et si cela ne répond pas à son attente, ne faut-il pas qu'il le déracine?

Hélas! qu'il est à craindre qu'on ne voie dans le jardin du Seigneur, c'est-à-dire, dans l'Eglise, de bien mauvaises herbes, telles qu'on en voit croître tous les jours sur le terrain du monde! Elles conservent les dehors de la religion de Jésus-Christ, mais elles en négligent la pratique au fond de leurs coeurs. Elles ne portent point de fruits, il faut donc les déraciner.-Qu'il est fâcheux aussi d'y trouver des plantes qui languissent! Cellesci ont reçu le don de la grâce, mais elles ne portent que peu de fruits à la gloire de Dieu. Il faut que le jardinier les soigne, peut-être pousseront-elles? Si non, ne faudra-t-il pas

aussi les déraciner?

Versets.

Il y a parmi vous beaucoup de malades, et de languissants.-1 Cor. xi. 30.

Soyez vigilant, et confirmez le reste de votre peuple qui est près de mourir, car je ne trouve point vos œuvres pleines devant mon Dieu.-Apoc. iii. 2.

XIV.

LES MAUVAISES HERBES ET LES PLANTES EXOTIQUES.

Ou bien comparerons-nous le jardin au coeur de l'homme? les fleurs, aux grâces et aux vertus chrétiennes? les ronces et les herbes, aux vices et à la corruption naturelle? Les mauvaises herbes croissent d'elles-mêmes ; mais on plante les fleurs ; et la main soigneuse du jardinier les cultive. Il y en a quelquesunes qui exigent plus de soins que les autres: on les apporte des pays éloignés, où elles ont été élevées sous un ciel plus pur et dans un terrain plus fertile. Elles demandent toute la vigilance et les plus tendres soins du jardinier, pour être garanties des rigueurs du froid, et prospérer dans nos terres.

Le vice, c'est la ronce qui croît d'elle-même dans le coeur de l'homme: les douces vertus

n'y sont plantées que par le Saint-Esprit. Il y en a aussi qui sont plus difficiles à cultiver, qui sont plus célestes, et qui exigent des soins plus assidus que les autres. Telles, par exemple, que la piété sincère, uné patience à toute épreuve et qui se réjouit dans les maux; puis la plus belle, la plus rare, la plus tardive, et celle qui se passe la première, l'humilité!

Versets.

Le Seigneur Dieu prit donc l'homme, et le mit dans le paradis de délices, afin qu'il le cultivât et qu'il le gardât.-Genèse ii. 15.

Vous êtes le champ que Dieu cultive.-1 Cor. iii. 9.

Car c'est du cœur que partent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les larcins, les faux témoignages, les blasphêmes. Math. xv. 19.

Tâchez tous de vous inspirer l'humilité les uns aux autres; parce que Dieu résiste aux superbes, et donne sa grâce aux humbles.-1 Pierre, v. 5.

XV.

L'ONDÉE FÉCONDE.

As-tu vu le jardin et les prés en Eté? la terre est endurcie, l'herbe est sèche, et les

fleurs languissent. L'ondée tombe-t-elle ? Quelle fraîcheur, quelle douce odeur se lève de la terre! La campagne s'est revêtue d'une verdure nouvelle, tandis que les gouttes brillent encore au Soleil.

Le cœur de l'homme n'est aussi, par sa nature, que dur et sec; si Dieu, par sa miséricorde, y répand quelques gouttes d'une ondée salutaire, tout se change. L'âme est dans son printemps: la grâce vivifiante fertilise et amollit le terrain. Les aimables vertus de la piété germent et fleurissent. Tout croît et porte à la maturité.

Versets.

Car je répandrai les eaux sur les champs altérés, et les fleuves sur la terre sèche ; je répandrai mon esprit sur votre postérité, et ma bénédiction sur votre race; et ils germeront parmi les herbages comme les saules plantés sur les eaux coulantes. Isaïe xliv. 3, 4.

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Et comme la pluie et la neige descendent du ciel, et n'y retournent plus, mais qu'elles abreuvent la terre, la rendent féconde et la font germer, et qu'elle donne la semence pour semer, et le pain pour s'en nourrir: ainsi, ma parole qui sort de ma bouche ne retournera point à moi sans fruit, mais elle fera tout ce que je veux, et elle produira l'effet pour lequel je l'ai envoyée.-Isaïe lv. 10, 11.

Le Seigneur vous tiendra toujours dans le repos, il remplira votre âme de ses splendeurs, et il engraissera vos os; vous deviendrez comme un jardin toujours arrosé, et comme une fontaine dont les eaux ne sèchent jamais.—Isaïe lviii. 11.

XVI.

LA NUIT.

Les ombres de la nuit se sont répandues autour de nous. Les bois, les prairies, les coteaux, les rivières, tout a disparu. Parcours des yeux ce Ciel couvert d'astres brillants! Le jour nous dérobait l'éclat de ce spectacle magnifique, mais les ténèbres nous en révèlent la parfaite beauté. O mon enfant, quand tu rentres dans ta chambre, ferme sur toi la porte de tes sens; bannis de ton cœur tout ce qui est de ce monde, ses plaisirs, ses honneurs, ses projets. Tourne toutes tes pensées, tous tes voeux vers le Ciel, qui doit s'étendre dans tous les siècles, et Dieu révèlera sa gloire aux yeux de ton esprit.

Versets.

C'est lui qui a créé les étoiles de l'Ourse, de l'Orion des Hyades, et celles qui sont plus proches du Midi.-Job ix. 9.