que nous lirons et entendrons ailleurs. Toute parabole nous cache une vérité importante; il importe donc de la chercher et de la saisir. Les détails du récit ne sont souvent que des ornements; il faut savoir les sacrifier pour nous attacher à l'idée du divin Maître ; c'est là que nous trouverons l'enseignement qui nous attend.

1. Ce même jour, Jésus étant sorti de la maison, s'assit auprès de la mer, et il s'assembla autour de lui une grande foule de peuple. C'est pourquoi il monta dans une barque où il s'assit, tout le peuple se tenant sur le rivage. Et il leur disait beaucoup de choses en paraboles, leur parlant ainsi : Celui qui sème est sorti pour semer... Cette parabole de la semence reviendra sous la plume des deux autres synoptiques (S. Marc, v, et S. Luc, vIII, 5). Nous partagerons les notes que nous nous proposons de donner. Contentons-nous d'étudier dans S. Matthieu ces premières paroles: Celui qui sème sortit pour semer..... Celui qui sème... c'est N.-S. J.-C. qui sort du sein de son Père: il vient ensemencer le champ des âmes, l'Église. La semence dont il se sert est la prédication évangélique une semence est petite et chétive, on la prendrait pour un grain de poussière; mais à l'intérieur, elle renferme un germe de vie. Ainsi la parole de Jésus : elle est humble, simple, mais porte avec elle la grâce, la vie de l'àme. La semence

qui remplit la main du semeur est la même pour tout le champ: la parole de Jésus est la même pour toutes les âmes, le même Évangile est jeté sur toute la superficie de l'Église. La semence est recueillie par la terre, qui la recouvre; elle y germe, elle y devient de l'herbe, un épi, une moisson: la parole de Jésus est recueillie par l'âme chrétienne, elle y développe la vie divine, la foi, l'espérance, la charité, les bonnes œuvres, la vertu. La semence est efficace par elle-même; sile rendement qu'elle apporte n'est pas toujours égal, c'est la faute du terrain qui la reçoit la parole de Jésus, remplie d'une vertu divine, ne produit qu'en rapport des bonnes dispositions qu'elle rencontre.

10. Quand Jésus eut fini la parabole de la semence, ses disciples s'approchant lui dirent: Pourquoi leur parlez-vous en paraboles? et répondant, il dit : C'est parce que pour vous il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux, mais pour eux, il ne leur a pas été donné. Car quiconque a déjà, on lui donnera encore, et il sera dans l'abondance: mais pour celui qui n'a pas, on lui ôtera même ce qu'il a. C'est pourquoi je leur parle en paraboles; parce qu'en voyant ils ne voient pas, et qu'en écoutant ils n'entendent nine comprennent pas, et la prophétie d'Isaïe s'accomplit en eux lorsqu'il dit : Vous écou

terez de vos oreilles et vous n'entendrez pas, vous regarderez de vos yeux et vous ne verrez pas. Car le cœur de ce peuple s'est appesanti et leurs oreilles sont devenues sourdes, ils ont fermé les yeux de peur que peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n'entendent, que leur cœur ne comprenne, et que s'étant convertis je ne les guérisse. Ce passage est d'une importance majeure; le divin Maitre reviendra plusieurs fois sur ce qu'il dit ici. Pour vous, il vous a été donné de connaître les mystères du royaume de Dieu; mais pour eux il ne leur a pas été donné... Le royaume de Dieu est un mystère, c'est une faveur d'en avoir l'intelligence; car nul n'y peut entrer de plain-pied. Les apôtres, avec eux les hommes de bonne volonté, ont reçu cette grâce; elle a été refusée à ceux qui ont une volonté mauvaise. De sorte que celui qui a, c'est-à-dire qui a reçu les premières touches de la grâce, reçoit encore davantage; et celui qui n'a pas, l'incrédule, se voit encore retirer les restes de ce qu'il a, c'est-à-dire les débris de sa foi. Cela s'effectuait pendant que Jésus parlait. Les apôtres, et, parmi la foule, ceux qui avaient le cœur droit, en écoutant les paraboles de Jésus, recevaient la divine lumière. Les pharisiens et tous ceux qui n'avaient plus la foi, en l'écoutant, perdirent le peu qui leur en restait.

C'est pourquoi je leur parle en paraboles, parce

que voyant, ils ne voient pas, entendant, ils n'entendent pas. Remarquons que le Seigneur ne dit pas ici qu'il leur parle en paraboles pour qu'ils ne voient ni n'entendent: il dit parce qu'ils ne voient pas, parce qu'ils n'entendent pas. Il constate un fait, qui inspire sa conduite en d'autres termes, il leur parle comme on parle à des gens endurcis; ils pourraient entendre et voir, s'ils le voulaient. Mais pourquoi sont-ils aveugles et sourds? il en donne la raison : leur cœur s'est appesanti; ils ont fermé les yeux de peur de voir, leurs oreilles de peur d'entendre. Pourquoi encore? de peur que leur cœur ne soit touché, et qu'étant convertis, je ne les guérisse, c'est-à-dire je ne les sauve. Ils sont donc les seuls auteurs de leur malheur. Cette explication du Seigneur éclaircira pour nous plusieurs passages de l'Évangile, difficiles à comprendre.

† 24. Il leur proposa une autre parabole : Le royaume des cieur est semblable à un homme qui avait semé du bon grain dans son champ: mais pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint et sema de l'ivraie par-dessus le blé et s'en alla: l'herbe ayant donc poussé et étant montée en épis, l'ivraie commença aussi à paraître. Alors les serviteurs du père de famille vinrent et dirent: Seigneur, n'avez-vous pas semé du bon grain dans votre champ? D'où vient donc qu'il y a de l'ivraie?

Illeur répondit: C'est l'homme ennemi qui l'y a semée. Ses serviteurs lui dirent: Voulez-vous que nous allions l'arracher et la lier? Non, leur dit-il, de peur que cueillant l'ivraie, vous ne déraciniez aussi le bon grain. Laissez croître l'un et l'autre jusqu'à la moisson. Au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs: Ramassez premièrement l'ivraie et liez-la en bottes pour la brûler: mais amassez le blé dans mon grenier... La parabole précédente nous montrait le blé semé dans le champ du père de famille; celle-ci nous montre le blé arrivé à maturité; il se trouve mêlé avec de l'ivraie. Au verset 37, Jésus expliquera aux apôtres cette parabole qui les avait particulièrement frappés, il leur dira: Celui qui sème le bon grain, c'est le Fils de l'homme; le champ est le monde; le bon grain, ce sont les enfants du royaume; l'ivraie, les enfants d'iniquité; l'ennemi qui l'a semée, c'est le diable; le temps de la moisson est la fin du monde. Les moissonneurs sont les anges. A la fin du monde Dieu enverra ses anges, qui ramasseront et enlèveront hors de son royaume tous ceux qui sont des occasions de scandale et ceux qui commettent l'iniquité. Et ils les précipiteront dans la fournaise du feu. C'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents. Alors les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père.

Nous n'ajouterons rien aux paroles du Seigneur.