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divin. Il y a dans les Prophètes quelque chose d'ardent, de passionné, et comme un travail du désir pour atteindre un bien qu'ils ne possèdent pas, et auquel toute leur âme aspire: ils l'appellent avec l'accent de l'amour et de l'espérance; ils demandent à l'avenir celui qui doit sauver le monde; ils s'élancent dans les cieux pour l'y chercher; ils montent jusqu'au sanctuaire où réside le Très-Haut; et, lorsqu'on a cessé de les voir, on entend encore au milieu des tonnerres qui roulent au pied du trône de l'Eternel, leur voix qui invoque son Fils.

Dans l'Evangile, c'est le calme de la possession, la paix ravissante qui suit un immense désir satisfait, la tranquille sérénité du ciel même. Celui que la terre attendoit est venu : le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous; et nous avons vu sa gloire, la gloire du Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité (1). Tout prend une face nouvelle le temps des figures est passé; le salut est accompli; la nature humaine rassurée éprouve comme un grand repos qu'elle n'avoit point connu. Prenez un homme, qui vous voudrez; qu'il raconte cet événement si long-temps l'objet de tous les vœux, ce mystère impéné→ trable de miséricorde et de justice, son lan

(1) Et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis: et vidimus gloriam ejus, gloriam quasi unigeniti à Paire, plenum gratiæ et veritatis. Joann. I, 14.

gage pourra être pompeux, touchant, sublime. Voici l'Evangile :

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En ce temps-là on publia un édit de César Auguste, pour faire le dénombrement des »habitans de toute la terre; et tous alloient » pour se faire inscrire chacun dans sa ville. » Joseph partit aussi de la ville de Nazareth » en Galilée, et vint dans la Judée à la ville » de David, appelée Bethléem, parce qu'il » étoit de la maison et de la famille de David, » pour se faire inscrire avec Marie, son épouse, » qui étoit grosse. Pendant qu'ils étoient là » il arriva que les jours de son enfantement » s'accomplirent: et elle enfanta son fils pre» mier né, et elle l'enveloppa de langes, et elle »le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y » avoit point pour eux de place dans l'hôtel»lerie. Or, il y avoit dans le même pays des pasteurs qui veilloient, gardant tour à tour >> leur troupeau pendant la nuit; et voilà qu'un »ange du Seigneur s'arrêta près d'eux, et une » clarté divine les environna, et ils furent saisis d'une grande crainte; et l'ange leur dit : »Ne craignez point; je vous annonce ce qui » sera pour tout le peuple une grande joie il » vous est né aujourd'hui un Sauveur qui est »le Christ, le Seigneur, dans la ville de Ďavid; » et ceci sera le signe auquel vous le reconnoî>trez : Vous trouverez un enfant enveloppé de langes, et posé dans une crèche (1).

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(1) Luc., II, 1-12.

Pour nous élever jusqu'à lui, le Verbe divin descend jusqu'à nous. Ce qu'il y a de plus humble dans l'homme, c'est là ce qu'il choisit pour se l'approprier. Il ne disputera point, il ne criera point, sa voix ne retentira point dans les places publiques (1). Il vient à nous plein de douceur (2). Sa parole est simple, et cette parole est visiblement celle d'un Dieu. Voyez, dans saint Jean, l'entretien de Jésus avec la Samaritaine; voyez le sermon sur la Montagne, le discours après la Cène, dont chaque mot est une source de vérité et d'amour, inépuisable ici-bas à notre cœur et à notre intelligence; voyez le récit de la Passion; voyez tout; car tout est également divin. Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup aimé (3). Laissez les petits enfans venir à moi (4). Venez à moi, vous tous qui souffrez, et qui êtes oppressés, et je vous ranimerai. Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, parce que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes; car mon joug est aimable, et mon fardeau leger (5). Jamais rien de semblable ne sortit

(1) Non contendet, neque clamabit, neque audiet aliquís in plateis vocem ejus. Matth., XII, 19. (2) Ecce rex tuus venit tibi mansuetus. Ibid., XXI,5. (3) Remittuntur ei peccata multa, quoniam dilexit multùm. Luc., VII, 47.

(4) Sinite parvulos venire ad me, et ne prohibueritis eos talium enim est regnum Dei. Marc., X, 14. (5) Venite ad me omnes, qui laboratis, et onerati

d'une bouche humaine. Et cette prière qui contient tout ce qu'une créature peut demander, tout ce qu'elle doit désirer, cette prière merveilleuse qui est comme le lien du ciel et de la terre, est-elle d'un homme? Est-ce un homme qui a dit : Tout est consommé? Non, non, cette parole, qui annonce le salut du monde, n'appartient qu'à celui qui le créa.

L'authenticité, la vérité et l'inspiration de l'Ecriture étant établies, il est impossible de nier la sainteté ou la divinité du christianisme; car les livres qui contiennent sa doctrine ne peuvent avoir été inspirés de Dieu, le christianisme lui-même ne soit divin. Les prophéties vont encore nous en fournir une nouvelle preuve.

que

estis, et ego reficiam vos. Tollite jugum meum super vos, et discite à me, quia mitis sum et humilis corde: et invenietis requiem animabus vestris. Jugum enim meum suave est, et onus meum leve. Matth. XI, 28-30.

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PARLONS d'abord philosophiquement. L'homme, ainsi que tous les êtres doués d'intelligence, existe à la fois dans le passé, le présent, l'avenir. Il a le souvenir de ce qui fut, le sentiment de ce qui est, la prévoyance de ce qui sera. En cela consiste le grand don de la pensée, qui l'élève à une hauteur infinie au-dessus de la création matérielle, et le rapproche, par une merveilleuse ressemblance, du Créateur même (1)!

Cependant l'homme, dont l'esprit peut saisir la vérité ou ce qui est dans tous les points de la durée, l'homme qui déjà existe, ce qu'on devroit remarquer davantage, en des es paces illimités et même au delà du temps (2), par la plus noble partie de lui-même; l'homme,

(1) Il est remarquable que le mot ng Jehovah, offre ces trois modes d'existence unis dans le même nom, comme ils le sont dans le même être. C'est pourquoi saint Augustin appelle ce nom > nomen æternitatis.

(2) Cogitavi dies antiquos, et annos æternos in mente habui. Ps. LXXVI, 6.

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